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L'association des idées. Quelle est, dans cette fonction, la part de l'automatisme, et quelle est la part de l'activité de sélection ?

Publié le 22/06/2009

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Introduction. — Pour se faire une idée juste de cette fonction très générale qu'on appelle d'une façon uniforme « association des idées «, le procédé le plus simple et le plus objectif paraît être d'envisager d'abord un certain nombre de ces cas d'associations mentales, et d'examiner ensuite, par une analyse détaillée de ces faits, comment ils sont expliqués, soit par une sorte d'automatisme qui laisse le sujet lui-même plus ou moins passif, soit, au contraire, par une activité mentale personnelle du sujet. I. — Quelques faits. On en trouve de genres très divers. A. Chacun de nous possède certainement de nombreux exemples personnels. Tel site, par exemple, nous rappellera un événement de notre vie passée qui eut une relation avec lui : le souvenir d'un événement social qui se passa alors, le visage de tel camarade que j'y rencontrai; ou bien : la pensée de Lourdes éveillera en moi celle de Lisieux; la montagne évoquera la mer...

« 3° Tout d'abord, une remarque s'impose, que met en lumière l'expérience quotidienne : un état de conscience donnén'évoque pas toujours chez deux sujets différents, ni même chez un sujet identique, le même autre état : d'où desséries indéfinies d'associations possibles, ce qui ne se concilie guère avec l'automatisme; et il faut, dès lors,distinguer deux points de vue :— association possible, ou liaison associative;- association de fait, ou évocation réelle en tel cas donné, Comment expliquer ces deux aspects ? A.

La possibilité d'association, d'abord : a) Elle a son secret, nous affirment certains modernes, dans les affinités affectives.

Tout état de conscience d'unetonalité effective donnée présente l'aptitude à suggérer des états de conscience de même tonalité ou présentantavec le premier une parenté émotionnelle.

Et ils citent en faveur de leur thèse l'image de Verlaine et les locutionsrapportées ci-dessus : douleur cuisante, noir chagrin, etc., ainsi que les autres phénomènes de synesthésie, et, enparticulier la synopsie ou audition colorée, dont le sonnet de Rimbaud sur les voyelles est un curieux exemple.Et, selon Freud, les associations de rêves auraient aussi un point de départ affectif.Sans doute, nous voyons ici apparaître nettement une activité personnelle de sélection qui, par ressemblanceaffective, rend possible l'union de certains états à certains autres.Mais toutes les liaisons associatives sont-elles vraiment susceptibles de trouver là leur explication ? b) L'associabilité de deux états, répond l'école écossaise, avec Dugald Stewart, est en fonction des rapports quiexistent entre eux.

Si ces rapports sont essentiels, on aboutit à une liaison logique ou jugement; s'ils sontseulement accidentels, la liaison ne sera qu'empirique et associative.Cette explication, comme la précédente, a sur la thèse anglaise l'avantage de montrer dans l'association uneopération mentale réglée, non par un pur mécanisme, mais par une activité psychique sélective, et elle ajoute avecraison que cette sélection est dirigée par des affinités de genre intellectuel.Cependant, elle demanderait bien des précisions pour distinguer liaison judicielle et liaison associative, les rapports*essentiels (cause, effet, moyen, fin, etc.) étant susceptibles de donner lieu à des associations : laine appellemouton, et vice versa. Il faut donc affirmer ceci : 1° Si le rapport entre les éléments n'est nullement perçu, il ne peut expliquer l'association qui doit avoir sa causedans le sujet;2° S'il est perçu consciemment, il mène à la liaison logique, tandis que dans l'association la liaison existe avant laperception consciente du rapport (exemple de Hobbes, les rêves);3° Reste que l'activité sélective perçoive ici ces rapports de façon inaperçue par la conscience. c) C'est là, en effet, semble-t-il, le chemin qui nous mène à la nature essentielle du lien associatif.Ce que l'homme perçoit, ce qu'il conserve en lui, ce n'est pas, comme le croyaient les atomistes associationnistes,des éléments simples, mais des complexes.

Poussé par son besoin de comprendre, l'esprit humain, par abstraction,dissèque ces « touts » pour établir ensuite, entre les éléments, les rapports qui expliquent l'ensemble et tendent àle reconstituer.

Si ces opérations se font de façon consciente et réfléchie, on a la pensée logique; si elles sepassent en grande partie dans le domaine subliminal, on a l'association. Activité compréhensive et loi de rédintégration ainsi comprise, voici ce que semble nous révéler une analyseattentive du lien associatif.

Cette activité sélective, qui, chez les animaux, se borne aux images et qualitésconcrètes et pratiques des objets, peut aller chez l'homme jusqu'à utiliser inconsciemment la perception plus oumoins confuse de certains rapports. B.

S'il s'agit d'expliquer l'association qui jouera de fait à tel moment plutôt que telle autre : a) Il est évident que, dans certains cas, le jeu de l'habitude ou la vivacité d'une contiguïté ancienne pourrontdéterminer un certain automatisme dans révocation.b) Mais le facteur le plus important reste l'intérêt, la conformité à nos préoccupations ordinaires ou actuelles et ànos goûts.

Et ce facteur nous montre là encore l'intervention d'une activité sélective intellectuelle ou affective.

Ilva sans dire que le rôle de cette activité va grandissant si l'on passe à l'évocation plus réfléchie où l'esprit intervientconsciemment pour diriger le déroulement des idées. Conclusion. — Il semble donc, en définitive, que l'association n'est point, comme le crurent les atomistes et, après eux, certains psychologues, une fonction spéciale nettement déterminée.

Au lieu d'être à la base des autresopérations, elle paraît la résultante de plusieurs autres.

« Loin d'être une fonction autonome, écrit H.

Delacroix,l'association se ramène, au fond, à l'habitude et à l'intelligence.

» Sans doute, on trouve en elle une partd'automatisme, en raison du premier, élément; mais elle manifeste aussi de façon très, nette une activité sélectivequi, chez l'homme, n'est autre que l'exercice plus ou moins confus et inconscient d'une pensée rationnelle.

Ainsis'explique que l'association, en bien des cas, ressemble ou même supplée au jugement, et que toujours elle peut lepréparer.On a dit en ce sens que les associations étaient les « brouillons du jugement ».. »

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