Le bonheur peut il être amoral ?
Publié le 27/02/2008
                            
                        
Extrait du document
Analyse du sujet :
- Bonheur : Le bonheur est une notion difficile à définir parce que divers éléments peuvent entrer en contradiction et il peut être approché de plusieurs façons. C’est avant toute une aspiration commune à tous, (« Tous les hommes recherchent le bonheur même ceux qui vont se pendre «, Pascal) le but ultime de toute vie humaine, une fin en soi. Mais par ailleurs, le mot « bonheur « signifie « bon heur « dérivé du latin augurium qui signifie « augure «, « chance «. De par cet aspect sémantique, le bonheur est aussi quelque chose d’inattendu et de précaire, qui ne peut être maîtrisé parce qu’il dépend de conditions extérieures à notre volonté. Ainsi, le bonheur concentre deux aspects opposés, d’une part il est ce vers quoi l’on tend, d’autre part, il ne dépend pas de notre volonté et survient par hasard. Par opposition au plaisir et à la joie, le bonheur est défini comme durable. Enfin, le « contenu « du bonheur, ce qui le crée est aussi problématique. S’agit-il du bien moral ou de l’assouvissement des désirs ?
 
- Amoral : qui est indifférent aux règles de la morale ou qui les ignore. Qui agit volontairement contre la morale. Nie tout fondement objectif de la morale. Or, la morale, du latin mores, « mœurs « est l’ensemble des règles d’action et les valeurs au sein d’une société. La morale peut aussi désigner philosophiquement les fins que l’homme doit poursuivre et les moyens pour y arriver.
 
Problématique :
Ce sujet interroge les liens entre le bonheur et la morale. Dans un premier temps, l’association de ces deux termes est paradoxale car ils semblent s’opposer. En effet le bonheur, c’est la bonne fortune, la chance, ce qui ne dépend pas de notre volonté ou de notre vertu, ce qui est spontané. La morale, quant à elle, c’est la vertu, les efforts de la volonté active. Les devoirs moraux relèvent de conventions, de lois. Tandis que le bonheur semble concerner l’illimité, les désirs à assouvir perpétuellement, un état de satisfaction lié au plaisir, la morale désigne le contrôle, la réserve, la limite de ces pulsions au nom de la vertu et du bien.
De plus, ce sujet pose le problème du critère de jugement du bonheur. Faut-il l’aborder d’un point de vue subjectif et individuel ou d’un point de vue objectif et commun ? En effet d’un point de vue subjectif, il est difficile de déterminer les critères de jugement du bonheur qui seront relatifs à chacun. Le bonheur consiste t-il à assouvir indéfiniment des désirs particuliers et personnels –auquel cas il peut être amoral –ou se construit-il par rapport au bien commun et à un ensemble de critères tels que la dignité humaine ?
Ainsi, un bonheur moral, c’est un bonheur conforme aux devoirs et à la morale. Or, le bonheur peut-il être indifférent aux règles et aux devoirs moraux ? Peut-on être heureux sans se sentir concerné par les devoirs moraux ? Ou au contraire, faut-il être vertueux pour être heureux ? Le bonheur est-il conditionné par la vertu, est-il une valeur morale ? Peut-on distinguer devoir et bonheur ?
«
                                                                                                                            L'homme est un être sensible et chercher le bonheur l'incite autant à la vertu qu'au vice.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le bonheur est affairede sentiment et de calcul, non de raison et de rigueur morale.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il dépend de conditions qui échappent à notrevolonté.De ce fait, Kant dissocie morale et vertu car le devoir moral ne doit pas avoir d'autres fins que lui-même, ainsi,le bonheur ne peut pas être proposé comme la fin de l'action morale.Pour lui, l'idée  du bonheur  est « un  idéal,  non de la Raison,  mais de l'imagination  » (	Fondements  de la	métaphysique des mœurs	).	
« Pour  l'idée  du bonheur  un tout  absolu,  un maximum  de bien-être  dans mon état  présent  et dans  toute  macondition future, est nécessaire.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or il est impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissantqu'on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut ici véritablement.
                                                            
                                                                                
                                                                    Veut-il la richesse ? Que desoucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il pas par là attirer sur sa tête ! Veut-il beaucoup de connaissance et delumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour lui représenter d'une manièred'autant plus terrible les maux qui jusqu'à présent se dérobent encore à sa vue et qui sont pourtant inévitables, oubien que charger de plus de besoins encore ses désirs qu'il a déjà bien assez de peine à satisfaire.
                                                            
                                                                                
                                                                    Veut-il du moinsla santé ? Que de fois l'indisposition du corps a détourné d'excès où aurait fait tomber une santé parfaite, etc.
                                                            
                                                                                
                                                                    !Bref, il est  incapable  de déterminer  avec une entière  certitude  d'après quelque  principe ce qui  le rendraitvéritablement heureux : pour cela il lui faudrait l'omniscience.
                                                            
                                                                                
                                                                    […] Il suit de là que les impératifs de la prudence, àparler exactement,  ne peuvent commander en  rien, cad représenter des actions d'une manière objective  commepratiquement nécessaires, qu'il faut les tenir plutôt pour des conseils que pour des commandements de la raison ; leproblème qui consiste à déterminer d'une façon sûre et générale quelle action peut favoriser le bonheur d'un êtreraisonnable est un problème tout à fait insoluble ; il n'y a donc pas à cet égard d'impératif qui puisse commander, ausens strict du mot, de  faire ce qui  rend heureux, parce que  le bonheur est un idéal, non de la raison, mais del'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on attendrait vainement qu'ils puissent déterminerune action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série de conséquences en réalité infinie… »
Kant	, « 	Fondements de la métaphysique des mœurs	 ».	L'objet de la « 	Dialectique 	» de la raison pure pratique, c'est le souverain bien , défini comme l'accord de la vertu	et du bonheur, dont nous avons besoin en tant qu'êtres doués d'une sensibilité.
                                                            
                                                                                
                                                                    La vertu et le bonheur sont liésdans le concept du souverain bien.
                                                            
                                                                                
                                                                    Par suite, il faut déterminer la nature de cette liaison, de cette unité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ou bienelle est analytique et il faut affirmer l'identité de la vertu et du bonheur ; ou bien elle est synthétique et il faut direalors que la vertu engendre le bonheur.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les deux grandes écoles morales de l'antiquité, stoïcisme et épicurisme, ontadopté le principe commun de l'identité du bonheur et de la vertu, mais elles l'ont conçu de façons différentes.
                                                            
                                                                        
                                                                    Tousdeux se trompaient en ceci qu'ils considéraient l'unité du concept de souverain bien comme analytique, alors qu'elleest synthétique  ; en d'autres termes,  leur erreur commune était  de considérer comme identiques  deux élémentshétérogènes ou du moins de regarder l'un des deux comme faisant partie de l'autre : « 	Le stoïcien soutenait que la	vertu est tout le souverain bien et  que le bonheur n'est que la conscience de la possession de la vertu, en tantqu'appartenant à l'état du sujet.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'épicurien soutenait que le bonheur est tout le souverain bien –et que la vertun'est que la forme de  la maxime à  suivre pour l'acquérir, cad  qu'elle ne consiste que dans l'emploi rationnel desmoyens de l'obtenir.	 »	Or, les maximes de la vertu et les maximes du bonheur relèvent de principes totalement différents.
                                                            
                                                                                
                                                                    Si la vertu et lebonheur sont liés, cad si le souverain bien  est pratiquement possible,  ce ne peut être  qu'en vertu d'une  liaisonsynthétique.
                                                            
                                                                                
                                                                    On doit donc poser le problème ainsi:  « 	Il faut ou que le désir du bonheur soit le mobile des maximes	de la vertu, ou que la maxime de la vertu soit la cause efficiente du bonheur.
                                                            
                                                                                
                                                                    	»	Or ces deux  solutions apparaissent également  impossibles : la première  parce qu'aucun mobile  sensible ne peutdéterminer une volonté bonne ; la seconde parce que la vertu dépend de la loi morale, tandis que le bonheur dépendde lois naturelles, et qu'on ne voit pas, dans ces conditions, comme l'une peut produire l'autre.
                                                            
                                                                                
                                                                    Telle est l'antinomiede la raison pratique.
                                                            
                                                                                
                                                                    Cette antinomie se résout à peu près de la même façon que celle qui, dans la « 	CRP	 », mettait	aux prises  la nécessité  naturelle et la  liberté.
                                                            
                                                                                
                                                                    Là aussi,  en effet, nous devons distinguer  deux plans, le plan dusensible et le plan de l'intelligible.
                                                            
                                                                                
                                                                    la thèse selon laquelle le désir du bonheur serait le mobile des maximes de la vertuest absolument fausse.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais la thèse qui voit dans la maxime de la vertu la cause efficiente du bonheur n'est fausseque conditionnellement.
                                                            
                                                                                
                                                                    Dire que la vertu engendre le bonheur n'est faux que si nous considérons l'existence dans lemonde sensible comme la seule possible.
                                                            
                                                                                
                                                                    Si au contraire nous nous référons à l'existence nouménale : « 	il n'est pas	impossible que la moralité  de l'intention  ait une  connexion  nécessaire,  sinon immédiate,  du moins  médiate  (parl'intermédiaire  d'un auteur  intelligible  de la nature)  comme cause, avec  le bonheur  comme effet dans le mondesensible	.
                                                            
                                                                                
                                                                    »	Ce n'est pas la vertu en tant qu'elle est prise dans le monde des phénomènes qui engendre le bonheur, mais unecause nouménale en rapport avec la vertu.
                                                            
                                                                                
                                                                    En d'autres termes, c'est Dieu qui « proportionne le bonheur à la vertu.« La morale n'est donc pas à proprement parler la doctrine qui nous enseigne comment nous devons nous rendreheureux, mais comment nous devons nous rendre digne du bonheur.	 »	 	De ce fait, bonheur et vertu ne sont pas liés.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'action morale ne rend pas l'homme heureux mais seulementdigne de l'être.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi, le rôle de la morale n'est pas d'enseigner aux hommes comment atteindre le bonheur,mais de leurs enseigner à s'en rendre dignes, elle prépare en quelque sorte l'homme à être heureux.·         	De plus, dans la 	Critique de la raison pratique, 	I, V,	 Kant montre que la moralité ne se confond pas avec	la quête du bonheur :	 Dans la Critique de la raison pratique, Kant montre que le bonheur individuel, recherché par tout un chacun suivantses  propres  penchants,  ne peut  être une finalité  morale.
                                                            
                                                                                
                                                                     La recherche  du bonheur  peut fournir  des maximes.
                                                                                                                    »
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