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Le désir est-il la marque de la misère de l'homme ?

Publié le 25/02/2004

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Désirer, aimer désirer, est la marque d'un esprit qui aime la vie, la respecte et la promeut.]  La quête du plaisir est déjà une fin en soi   Une des constances de la philosophie d'Epicure est de vanter le plaisir. On retrouve la formule « Le plaisir est notre bien principal et inné » dans la « Lettre à  Ménécée ». Mais l'épicurisme ne correspond guère à l'image populaire que l'on en garde : celle du « bon vivant ». Dans cette lettre, on lit : « Tout plaisir est de par sa nature propre un bien, mais tout plaisir ne doit pas être recherché ». C'est à une compréhension véritable du plaisir, et à une gestion rationnelle des désirs que la philosophie d'Epicure nous invite, philosophie des « sombres temps », de l'époque troublée, violente, des successeurs d'Alexandre le Grand. La « Lettre à Ménécée » est une description de la méthode apte à nous procurer le bonheur. Car si tous les hommes cherchent le bonheur, ils sont, selon le mot d'Aristote, comme des archers qui ne savent pas où est la cible, incapables de la définir et de l'atteindre. Epicure commence par expliquer que nous n'avons rien à redouter des dieux, vivants bienheureux qui ne se soucient pas des hommes, et que la mort n'est rien pour nous. Débarrassés du souci du jugement divin et de la survie de l'âme, nous sommes alors aptes à bien vivre notre vie présente.

« encore les douleurs physiques de la maladie et de la vieillesse, qui sont le lot des vivants.

Bref, à regarder leschoses lucidement, la vie est essentiellement faite de souffrance.

Bien rares sont les moments de vraie joie.Certes, nous avons l'espoir d'arriver un jour au bonheur par la satisfaction de tous nos désirs : c'est d'ailleursce qui nous fait vivre, mais ce n'est qu'illusion vaine.

Ce qu'il faut donc, c'est arriver à échapper à lasouffrance. Le désir se nourrit du manqueDans le Banquet Platon souligne de manière très marquée cetteambivalence du désir en le décrivant tout d'abord comme manque, ledésir est la manifestation en nous de l'aspiration vers quelque chosedont nous avons l'intuition plus ou moins vague, mais que nous nepossédons pas, que nous ne parvenons pas à atteindre. Assimilant le désir à l'amour il en fait le fils d'une mendiante (Pénia, lapauvreté) et de la richesse (Poros, la ressource), cette double originequi fait du désir un mixte symbolise à la fois le vide en quoi consiste lemanque qui le fait naître et la plénitude vers laquelle il tend mais qu'iln'atteint que très difficilement. Voici l'histoire de sa naissance : « Quand Aphrodite naquit, les dieux célébrèrent un festin, tous lesdieux, y compris Poros, fils de Mètis.

Le dîner fini, Pénia voulant profiterde la bonne chère, se présenta pour mendier et se tint près de la porte.Or Poros, enivré de nectar, car il n'y avait pas encore de vin, sortitdans le jardin de Zeus, et, alourdi par l'ivresse, il s'endormit.

AlorsPénia, poussée par l'indigence, eut l'idée de mettre à profit l'occasion,pour avoir un enfant de Poros : elle se coucha près de lui, et conçutl'Amour.

Aussi l'Amour devint-il le compagnon et le serviteur d'Aphrodite, parce qu'il fut engendré au jour denaissance de la déesse, et parce qu'il est naturellement amoureux du beau, et qu'Aphrodite est belle.

Étantfils de Poros et de Pénia, l'Amour en a reçu certains caractères en partage.

D'abord il est toujours pauvre ; etloin d'être délicat et beau comme on se l'imagine généralement, il est dur, sec, sans souliers, sans domicile ;sans avoir jamais d'autre lit que la terre, sans couverture, il dort en plein air, près des portes et dans les rues; il tient de sa mère, et l'indigence est son éternelle compagne.

D'un autre côté, suivant le naturel de sonpère, il est toujours à la piste de ce qui est beau et bon ; il est brave, résolu, ardent, excellent chasseur,artisan de ruses toujours nouvelles, amateur de science, plein de ressources, passant sa vie à philosopher,habile sorcier, magicien et sophiste.

Il n'est par nature ni immortel ni mortel ; mais dans la même journée,tantôt il est florissant et plein de vie, tant qu'il est dans l'abondance, tantôt il meurt, puis renaît, grâce aunaturel qu'il tient de son père.

Ce qu'il acquiert lui échappe sans cesse, de sorte qu'il n'est jamais ni dansl'indigence, ni dans l'opulence et qu'il tient de même le milieu entre la science et l'ignorance, et voici pourquoi.Aucun des dieux ne philosophe et ne désire devenir savant, car il l'est ; et, en général, si l'on est savant, onne philosophe pas ; les ignorants non plus ne philosophent pas et ne désirent pas devenir savants ; carl'ignorance a précisément ceci de fâcheux que, n'ayant ni beauté, ni bonté, ni science, on s'en croitsuffisamment pourvu.

Or, quand on ne croit pas manquer d'une chose, on ne la désire pas.

» Platon, LeBanquet, Discours de Diotime. De la plénitude perdue Dans Le Banquet, Platon présente le récit fabuleux suivant : à l'origine, l'humanité comprenait un seulgenre de créature, ce que nous pourrions appeler l'androgyne, mixte de mâle et de femelle.

Ces êtresétaient ronds de forme, disposaient de quatre jambes, quatre bras, de flancs circulaires, de deux visagesopposés l'un à l'autre sur une même tête ronde, et jouissaient dune force extraordinaire ; leur orgueilimmense les poussaient à provoquer les dieux auxquels ils en étaient venus à se comparer.

Zeus décidade mettre un terme à leur indiscipline en les affaiblissant.

Pour ce faire, il les coupa en deux dans le sensde la longueur et chargea Apollon de ramener leur peau sur le ventre (le point de suture qui subsiste estle nombril), ainsi que de tourner leurs visages.

Il s'ensuivit que ces êtres séparés mouraient de chagrin etde malheur, se laissant dépérir auprès de leur moitié distincte.

Pour remédier à ce désastre, Zeus ramenaleurs parties génitales qu'ils avaient derrière sur le devant, et ceux-ci purent s'accoupler, soit pour créerun nouvel être unique, soit pour s'accorder un plaisir qui leur offrait pour un moment le bonheur de leurunion passée, et l'esprit libre, leur permettait ensuite de vaquer à leurs affaires.Le fond de la nature humaine porterait désormais la trace de cette union ou plénitude originaire, dont ledésir d'amour serait la nostalgie.

Désirant l'autre, nous visons ce paradis mythique de la fusion, lorsqu'iln'existait ni séparation ni différence, mais seule une toute-puissance qui nous plaçait à l'égal des dieux.Suivant ce mythe platonicien, l'essence du désir serait un manque d'être, la recherche d'une totalité, àlaquelle il nous est impossible d'accéder, suite à une opération des dieux, sinon par l'expérience fugitived'une union sexuelle. Le mythe des Androgynes. »

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