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Le réel, est-ce ce qui se plie à la raison ou est-ce ce qui y résiste ?

Publié le 11/04/2009

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Problématique : Le réel est d’abord ce qui nous est donné immédiatement par le biais des sens : est réel ce que nous pouvons voir, toucher, entendre, goûter, sentir ; à l’inverse, est douteux, « irréel « ce qui n’est pas directement perceptible. De ce point de vue, la raison n’intervient pas : vouloir définir ce qui est réel au moyen de la raison, c’est manquer la nature du réel de sorte que le réel ne se plie pas à la raison — cette dernière est partielle et bien trop abstraite. Cependant, le réel est aussi tenu pour ce qui est vrai ; or la vérité n’est-elle pas déterminé par un acte de connaissance qui est le fait de la raison ? Comment rendre compte de cette ambiguïté ? Le réel est-il ce qui se plie à la raison (comme s’il existait entre l’être et la pensée une correspondance ou homogénéité) ou est-ce ce qui y résiste de sorte que l’art serait plus à même de rendre compte de ce qui est réel ?

« Kant donne raison à ceux qui affirment que le réel est d'abord objetd'expérience sensible et que la raison pure (s'activant indépendamment del'expérience) est illusion métaphysique, construction d'un réel autre sevoulant pourtant plus réel que la réalité (l'être en soi des choses)Cependant, quand elle ne s'étend pas au-delà des bornes de l'expérience, laraison est bien constitutive de la réalité.

b) le phénomène est organisé a prioriLe réel ou l'ensemble des phénomènes est organisé a priori par l'espace et letemps (conditions de possibilité de l'intuition sensible) et par les catégories(concepts purs de l'entendement s'appliquant aux intuitions sensibles via leschématisme). «Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes.» Kant, Critique de la raison pure (1789).

Pour comprendre notre pouvoir de connaître, il convient de savoir d'oùviennent nos connaissances.La réponse la plus immédiate à cette question consiste à affirmer qu'ellesviennent de l'expérience.

En effet, ce sont les exemples qui permettentd'accéder à l'idée (voir texte 1).

L'esprit ne peut inventer ses objets ou, s'il le fait, c'est en imaginant, sans le secours des données sensibles : il ne s'agit alors pas d'une connaissance mais d'uneproduction fictive, qui intéresse l'artiste et non le scientifique ou le philosophe.De ce fait, il ne faut toutefois pas tirer des conséquences hâtives : « Si toute connaissance débute avecl'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute de l'expérience.

» En effet, les impressions sensibles sontdonnées sans liaison, sans ordre : or connaître n'est pas simplement constater mais relier un phénomène à unprincipe explicatif; cela suppose un dépassement de l'expérience immédiate ; mais est-ce possible? Le philosopheécossais Hume (1711-1776) a montré dans Enquête sur l'entendement humain les difficultés auxquelles on se heurtesi l'on veut répondre oui.

L'idée de causalité, par exemple, n'a aucune légitimité : chaque phénomène est situé dansun temps et un espace particuliers ; ainsi, rien ne peut nous autoriser à tirer des règles universelles.

Il y a un fosséque l'on ne pourra jamais combler entre ce que l'expérience offre, des faits singuliers, et ce que la connaissanceexige, des règles universelles et nécessaires.L'idée de causalité serait donc une illusion produite par l'habitude que nous avons de voir les phénomènes semblabless'enchaîner.

La seule solution pour dépasser le scepticisme de Hume et rendre compte des lois physiques et deconsidérer que la connaissance est produite par l'association des impressions sensibles et des règles venant del'esprit lui-même.Cela suppose l'existence de connaissances a priori, c'est-à-dire qui n'empruntent rien à l'expérience.

L'exemple desmathématiques permet de confirmer cette hypothèse ; en effet, les objets mathématiques ne sont pas dérivés del'expérience.

Même la géométrie euclidienne, qui semble correspondre à notre expérience immédiate, est uneconnaissance de l'esprit seul : la droite est infinie, sans partie, sans épaisseur ; comme telle, elle est un pur objetde l'esprit.

Les mathématiciens ont bien compris cela, qui refusent de donner à un dessin la valeur d'unedémonstration.II est possible d'avoir des connaissances qui, par leur nature abstraite, nécessaire et universelle, dépassentl'expérience, concrète, contingente et singulière, parce que l'esprit peut accéder à des connaissances a priori.L'expérience elle-même peut confirmer l'existence de principes a priori : la notion d'expérience est ambiguë, elledésigne à la fois le donné sensible et une connaissance de l'objet.

Ces deux dimensions ne sont pas conciliables : sil'expérience était le donné sensible, elle ne serait qu'un ensemble de sensations ; or il ne peut y avoir connaissancesans relation ordonnée ; l'expérience elle-même est donc subordonnée à un principe qui dépasse les phénomènes etles rend connaissables.

Si les phénomènes n'étaient pas liés entre eux a priori, nous ne pourrions rien percevoir. • La «révolution copernicienne» opérée par Kant est la suivante: le réel connaissable n'est pas indépendant del'esprit, c'est l'esprit qui lui donne sa forme.

Nous ne sommes pas passifs face au monde: c'est nous qui lui donnonsles formes sous lesquelles nous le connaissons. Dans la Critique de la Raison Pure, Kant compare sa méthode à celle de Copernic.

Le savant polonais mit enfinl'astronomie sur la voie de la science moderne lorsqu'il plaça le soleil au centre de son astronomie et en délogea laTerre (héliocentrisme).

Kant compare le décentrement opéré par Copernic au sien propre: jusqu'alors, on a cherchéà résoudre le problème de la connaissance en faisant tourner le sujet autour de l'objet.

Décentrons l'objet, replaçonsau centre le sujet qui connaît et mettons l'objet connu à la périphérie.

Ainsi, affirme Kant, nous pourrons savoir enquoi la connaissance consiste au juste et quelles en sont les limites. • Dans cette perspective, Kant distingue la raison de l'entendement: l'entendement est l'ensemble des catégoriesqui façonnent le réel.

Tant que la raison se borne à connaître le réel selon les catégories de l'entendement, ellereste dans les limites dans lesquelles la connaissance est possible.

Mais la raison peut aussi s'aventurer à spéculeren-dehors de ces catégories.

Elle sort alors des limites de la connaissance et construit des raisonnements qui nepeuvent pas être vérifiés (par exemple sur l'existence de Dieu...).

D'où le désordre et les débats sans fin entre lesphilosophes.

Le but de Kant dans la Critique de la raison pure est d'examiner les limites de la raison et de mettre fin. »

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