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Le réel instruit-il notre raison ?

Publié le 22/02/2012

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D'emblée on pourrait se demander quel sens a le réel ici. Le réel n'est-il pas par définition l'ensemble des phénomènes du monde tels que nous les percevons , autrement dit l'expérience sensible que nous en faisons ? Mais dès lors , n'arrivons-nous pas directement à un paradoxe ? En effet , comment quelque chose de purement subjectif peut-il instruire notre faculté à raisonner. En effet , la raison ne doit-elle pas être strictement rigoureuse , et de ce fait écarter cette expérience subjective afin d'approcher au mieux la réalité ? Partant , les phénomènes sont-ils des critères suffisant pour instruire notre raison ? De plus , le réel tel que nous le percevons nous apparaît comme une évidence. Dès lors , à quoi bon utiliser notre raison pour quelque chose qui semble évident. Le réel n'incite pas donc à mettre de côté la raison et de se contenter uniquement de la première expérience , la plus facile à expliquer ? Mais malgré cette évidence quand bien même elle serait fausse , la raison existerait-elle sans l'appui de cette expérience sensible ? Raisonner aurait-il un sens si nous n'interprétions pas le réel selon l'expérience que nous en faisons ? Ainsi , le réel n'apparaît-il pas comme la base de la raison ?

« y'a certaines choses qui nous paraîtrons évidentes , prenons un exemple : La majorité des individus sur Terre nousdirons en effet que le ciel est "bleu" , car cela apparaît pour eux comme une évidence mais ne chercherons pas plusà aborder cette évidence.

Il n'y a donc aucun effort de la raison , mais seulement une expérience sensible perçue etcela parce que cette réponse est la plus simple à dire.

À quoi bon expliquer une chose qui nous semble évidente ?L'explication des choses , de l'état véritable du monde , autrement dit "la raison" se résume aux qualités sensibles del'individu.Comme l'a déjà dit "Hegel" dans la préface des Phénoménologies de l'esprit : "ce qui est bien connu en général ,justement parce qu'il est bien connu , est mal connu" .

En effet , le ciel est bleu c'est bien connu , mais c'estjustement parce qu'il est bleu et seulement bleu que la plupart des gens se contentent de cette évidence , et nevont pas chercher à creuser le problème.Par conséquent , les sensations que nous procurent le réel ne sont qu'obstacle à l'usage de notre raison.

Elles nousrenseignent sur l'aspect du monde mais aucunement sur sa cause.

Elle mettent à l'écart tout effort de pensée ,c'est bien ce que veut souligner Aristote lorsqu'il énonce dans le Livre A de la Métaphysique : "Nos sensation nenous disent le pourquoi de rien , par exemple elle ne nous disent pas pourquoi le feu est chaud , mais seulement qu'ilest chaud".Le réel marque donc une rupture puisqu'il met à l'écart tout usage de la raison et ne s'appuie que sur lesexpériences sensibles qui ne permettent pas d'expliquer l'état véritable du monde.Ainsi , l'explication de ce réel par l'expérience sensible que nous en faisons semble impossible.

Cette méthodeinductive nous permet seulement de dégager les évidences communes à tous les individus.

Dès lors , le réel ne seprésente-il pas comme obstacle à l'instruction de notre raison ?Ne paraît-il pas inconcevable de définir le réel en tant qu'expérience sensible du monde ?Et qu'en est-il de la raison , n'est-elle pas à elle seule suffisante ? Est-ce bien à partir du réel qu'on raisonne ? Oupeut-on expliquer le réel sans cette expérience sensible ? __________________________________________________________ Tout nous laisserait à penser alors que cette expérience sensible doit être rejetée et que nous devons raisonneralors par nous-mêmes , autrement dit en commençant par "fermer les yeux".Ainsi , la raison ne se présente pas t'elle comme indépendante du réel ? Nécessite-t-elle vraiment l'apport du réelpour s'instruire ? Ne peut-donc t'elle pas s'instruire elle-même ?En effet , tout effort de la raison est caractérisé par un long questionnement , mais lorsque nous percevons le réel ,ce questionnement est balayé par l'évidence.Afin d'arriver à exploiter pleinement l'effort de l'esprit , il faudrait à priori que la raison soit clairement indépendantede cette expérience , autrement dit qu'elle s'instruise elle-même.Mais n'arrivons-nous pas à un paradoxe ?Il semblerait que cette affirmation soit assez vague de prime abord , en effet comment la raison pourrait-elles'instruire elle-même ?Prenons un exemple : Thalès lors de sa démonstration du "triangle isocèle" s'est uniquement appuyé sur l'usage desa raison.

L'observation même infinie de l'objet ne lui aurait rien appris.Ainsi , en plus d'écarter l'effort de la raison et loin d'exploiter pleinement et entièrement notre raison , l'observationbrouille cet usage.

Tel est bien l'histoire de la théorie cellulaire lorsque le scientifique Hooke est incapable dereconnaître l'élément essentiel à tout corps vivant.Le problème est que Hooke , gêné par son observation n'a pas pu reconnaître l'élément essentiel à tout vivant , eneffet l'observation immédiate lui a permis de reconnaître une entité , mais a immédiatement compromise l'usage desa raison.

De ce fait , il fut incapable de reconnaître la cellule.C'est donc en ce sens que nous devons comprendre que la raison doit se détacher de l'expérience première etsensible que nous faisons du monde afin d'être au mieux utilisée et exploitée.Par conséquent , pour que le réel puisse pleinement instruire notre raison , il faudrait que l'expérience première quenous faisons du monde ne nous apparaisse pas comme une évidence.

Il faudrait donc ne pas tenir compte de cetteexpérience première , autrement dit que notre raison soit indépendante du réel.

Tel est bien ce que souligneBachelard lorsqu'il énonce "L'observation première est toujours un premier obstacle" Dans la formation de l'espritscientifique.En effet , c'est la rupture avec l'observation première qui engage l'usage de la raison.

Notre raison peut êtreinstruite certes , mais seulement si celle-ci met à l'écart l'approche première du réel , si celle-ci devientindépendante du réel , elle doit critiquer , surmonter cette observation et refuser l'évidence.Mais malgré que l'expérience familière marque un réel problème à l'instruction de notre raison , devons-nous pourautant dire que le réel est inutile au développement de celle-ci ?Les choses telles que nous les percevons ne sont-elles qu'un obstacle à l'instruction de notre raison ?Pouvons-nous réellement instruire notre raison sans prendre appui sur l'expérience du réel ?La raison , de par son sens , ne vise-t-elle pas à expliquer l'état véritable du monde ?Quel sens aurait alors la raison si elle ne prenait pas appui sur l'expérience sensible que nous en faisons ?Si la raison ne prenait pas appui sur nos expériences premières , sur les évidences que nous percevons , elle n'auraitplus de sens.

Pour expliquer l'état véritable du monde , le réel se pose comme base de notre raison et l'instruit en cesens , quand bien mêmes les évidences que nous interprétons sont fausses.C'est dans ce sens que Locke définit la science comme une "table rase" , un ensemble vide de connaissances.

Eneffet , si la raison cherchait à expliquer l'état véritable du monde sans prendre appui sur celui-ci , cela n'auraitaucun sens ; la raison n'aurait plus d'objet.Le réel tel que nous le percevons est donc la base , le point d'appui de la raison.

Comme l'a souligné Kant dans Lacritique de la raison pure : "Les intuitions sans les concepts sont aveugles", inversement "des pensées sans matière. »

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