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Les apparences peuvent-elles être véridiques ?

Publié le 11/02/2011

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I. ANALYSE DU SUJET. CONSEILS REMARQUES DE MÉTHODE • Voilà une dissertation qui se construit entièrement à partir des différents sens d'un mot, en l'occurrence le terme apparence. Souvenez-vous des principales philosophies qui s'appuient sur ce concept : - l'apparence, ombre trompeuse de la réalité (Platon) ; - l'apparence, aspect phénoménal des noumènes inaccessibles (Kant); - l'apparence, aspect essentiel de la vérité des êtres (Sartre). • Si vous utilisez d'abord un des sens communs d'apparence, illusion trompeuse cachant la réalité, vous faites surgir le problème posé par le sujet : comment une illusion peut-elle être source de vérité? • Le plan de la discussion est bien évidemment un plan progressif construit sur les déterminations successives du terme apparences, qui vous amènera de l'apparence, absence de toute vérité, à l'apparence comme manifestation de l'être et du vrai.

« L'apparence, en un sens fondamental, ce peut être, tout d'abord, une ombre et un lointain reflet de l'Idée.L'apparence, disions-nous, en effet, dans l'introduction, se définit comme l'aspect extérieur des choses, leurmanifestation.

Or, cette manifestation peut être la représentation sensible reflétant de très loin la réalité idéale,l'Idée, plénitude d'existence, seul être vraiment réel et donc vérité absolue.

Souvenons-nous du schéma platoniciende la connaissance à la fin du livre VI de la République, ainsi que de la célèbre allégorie de la caverne au livre VII :nous parvenons progressivement des objets sensibles, ombres lointaines de l'Idée, jusqu'aux objets mathématiqueset jusqu'aux essences, seules réalités stables et vraies.

Le monde sensible n'est qu'apparence par rapport auxréalités idéales, terme de l'ascension dialectique et but du voyage du philosophe.

Ce monde-ci, celui du sensible,des apparences immédiates et concrètes, n'est qu'apparence, ombre illusoire, comme en témoigne le Mythe de laCaverne.

Les hommes sont semblables à des prisonniers, enfermés dans une caverne depuis leur enfance et qui,immobilisés, contemplent, sur une paroi de la grotte, les ombres d'hommes allant et venant, ombres correspondantaux réalités concrètes, aux apparences phénoménales.

Ainsi, bien au-delà des objets empiriques, illusoires, brillentles Essences, seul monde réellement réel, ainsi que le vrai Soleil, l'Idée du Bien. Dans ce schéma platonicien, l'apparence ne possède qu'une parcelle de vérité, fragment renvoyant aux puresEssences, à l'être véritablement réel.

Nous existons, en cet univers d'apparences, qui n'est que l'ombre de la réalité,que le reflet du « monde-vérité ».

Ici l'apparence est sinon erreur, tout au moins illusion et sa vérité n'est quepartielle.

Dans la mesure où nous distinguons (même si nous ne les séparons pas totalement) un monde desapparences (sensibles) et un monde des réalités idéales, on peut dire que la vérité de l'apparence est partielle ouinessentielle, puisque l'ordre, la lumière et le vrai appartiennent fondamentalement à l'Essence et au Bien idéal. La conception platonicienne - qui voit dans l'apparence une lueur et un signe de vérité, vérité reflétant l'éternellelumière des Idées - si admirable qu'elle soit, aboutit néanmoins à des difficultés fort bien mises en évidence parNietzsche.

Si l'apparence n'est qu'une ombre de l'Idée, le reflet lointain d'une vérité idéale, il est permis des'interroger sur les mécanismes psychologiques qui ont abouti à cette distinction entre l'apparence et l'Idée.

Cettenotion de la pure vérité idéale distincte de l'apparence phénoménale ne serait-elle pas née de la douleur et del'angoisse, comme nous le signale Nietzsche? Quand notre monde empirique et changeant nous inspire quelqueinquiétude, alors nous imaginons une vérité idéale destinée à nous rassurer et à nous armer contre l'angoisse.

Enbref, si l'apparence n'est qu'une ombre de l'Idée, une parcelle bien lointaine de la vérité idéale, ce sont peut-êtredes mécanismes psychologiques qui sont à la base d'une pareille vision et qui l'éclairent.

« Ce monde-ci n'estqu'apparence; donc il y a un monde vrai.

Ce monde-ci est relatif, donc il y a un monde absolu...

C'est la douleur quiimpose ce raisonnement; au fond, c'est le désir qu'il existe un pareil monde...

» (Nietzsche, La volonté de puissance,N.R.F.) Ainsi, lorsque l'apparence n'est conçue que comme une ombre, un lointain reflet, une illusion, lorsqu'elle ne contientqu'un fragment et une poussière de vérité dont elle est le signe, il est permis de s'interroger, avec Nietzsche, sur lesmécanismes psychologiques qui sont à la base de cette conception et la nourrissent.

Le dualisme de « l'apparence »et de la « réalité » n'est nullement évident. B) L'apparence et le noumène Mais il est une seconde façon de séparer le monde en un monde « réel » et un monde des « apparences », c'est dele faire à la manière de Kant.

Ici, le monde réel et vrai sera l'univers nouménal, univers des choses telles qu'ellessont en soi, indépendamment de la connaissance que nous en avons (les « noumènes »), objets que nous nepouvons connaître, par opposition aux phénomènes, qui ne sont pas des apparences au sens totalement négatif dece terme, de simples manières d'être subjectives ou illusoires, mais des constructions de l'esprit.

Ici l'apparencen'est plus l'ombre de l'Idée et du vrai, mais une mise en forme du monde par l'esprit, mise en forme supposantnéanmoins le noumène. Y a-t-il ici une vérité des apparences phénoménales? Certes oui.

Cette vérité des apparences phénoménaless'impose de manière beaucoup plus forte que précédemment.

Si le sensible n'était chez Platon qu'une ombrelointaine de l'Idée, ici il se donne à nous comme construction a priori de l'esprit.

Le monde phénoménal, nous dironsque c'est bien l'apparence, conçue non point comme non-être, mais comme vérité élaborée par l'esprit.

Dès lors, ilsemble que nous soyons ici en possession d'une vérité des apparences envisagées non plus comme lointains refletsmais comme phénomènes réels. Néanmoins, Kant conserve (comme Platon) la dualité du monde idéal (nouménal) et du monde apparent(phénoménal).

Dès lors, la vérité de l'apparence reste toujours subordonnée, relative.

C'est, au fond, YInconditionné qui demeure la raison suffisante du monde de l'apparence. Ainsi, dans cette perspective, l'apparence ne peut être pleine positivité ou pleine vérité : elle renvoie toujours à unréel caché, à un noumène, inconnaissable certes, mais détenteur, en dernière instance, du vrai.

Dès lors,l'apparence phénoménale n'est pas plus vraie ici qu'elle ne l'était comme ombre de l'Idée.

Ici encore, le vrai nouséchappe.

Lointain, inatteignable, il transcende la sphère de ce qui apparaît. C) L'apparence, manifestation du vrai. Que l'on conçoive l'Apparence comme une ombre de l'Idée ou comme une réalité voisine de l'apparaître phénoménal,. »

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