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L'espace et le temps sont-ils des cadres de la réalité, ou des réalités ?

Publié le 15/03/2011

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   A) L'idéalisme et le réalisme de l'espace et du temps    Dans l'Antiquité, en général, règne un discrédit sur l'idée de devenir comme sur celle de multiplicité spatiale : le devenir est ce qui change, demi-être, non-être même; le multiple est ce qui n'a pas un être : tous deux sont en quelque sorte des apparences.    A ces doctrines s'oppose le réalisme des Descartes : l'étendue est une substance, la seule chose réelle dans l'univers matériel, c'est elle.    Or Leibniz devait faire une critique très poussée de cette notion de substance étendue : l'étendue, faite d'une juxtaposition de parties, ne peut contenir aucun principe d'unité. Elle est indéfiniment divisible, elle se dissout dans la pluralité, elle est impensable à la rigueur. L'unité de l'espace ne peut venir que de l'acte par lequel l'esprit le perçoit, la perception étant précisément l'état qui enveloppe une multiplicité dans l'unité. Le principe de l'unité ne peut être trouvé que dans la substance spirituelle ou monade. L'espace se réduit donc à de pures relations de coexistence, le temps à des relations de succession. Espace et temps n'ont pas de réalité absolue.

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« 3° Il en résulte que l'espace et le temps ne sont ni empiriques ni rationnels, mais connus par une intuition a priori.Intuition fait toujours penser à la saisie d'un objet de l'expérience, et cependant il ne s'agit pas ici d'un objetd'expérience : espace et temps sont des formes a priori, c'est-à-dire condition et non objets d'expérience.

Mais cesont des intuitions, puisque ce ne sont pas des concepts.

Kant forge l'expression : formes a priori de la sensibilité.

Iln'y a pas que pour la raison que se pose l'existence d'un a priori, il y a un a priori même pour la connaissancesensible : c'est le double a priori de l'espace et du temps. Espace et temps sont donc relatifs à l'homme : mais aussi, toute expérience y sera-t-elle conforme.

On en est sûrd'avance, car les choses ne peuvent être objets d'expérience qu'en passant par ce double cadre où elles doivent seclasser.

Ils ont beau être relatifs à l'homme, ils ont une réalité objective : ils sont ce par quoi nous soumettonsl'objet, et il n'y a pas d'objet en dehors d'eux...

Ils ont une réalité empirique, et cependant n'existent pas en eux-mêmes ce sont des parties de nous-mêmes, la forme double que nous portons en nous pour classer et percevoir leschoses.

Les choses en soi n'y sont pas soumises.

Ils ont une idéalité transcendantale. C) Théories modernes 1° Critiques de Kant. Depuis Kant, les nouvelles conceptions de l'espace et du temps sont des critiques, ou des sources de critique, à sadoctrine : on lui reproche d'avoir confondu l'espace géométrique et l'espace sensible, le temps sensible et le tempsabstrait : ce qu'il dit ne serait vrai que de l'espace et du temps abstraits.

On lui reproche d'avoir pris pour desacquisitions définitives de la science le temps et l'espace absolus de Newton, et de les avoir transposés en nous.

Orces notions n'ont rien de définitif et on ne les prend plus pour le dernier mot de la science.

On lui reproche d'avoirpris espace et temps abstraits pour des objets d'intuition et on lui dit : ce n'en sont pas; l'espace de la géométrie,le temps de la mécanique n'ont rien d'immédiats : ils sont le fruit d'une construction de l'esprit. a - Selon les idéalistes, comme Hamelin, espace et temps peuvent être construits par concepts; il n'y a pas besoind'intuition, preuve en soit la géométrie analytique. b - Naturellement les sociologues disent qu'espace et temps sont une construction faite selon la conscience sociale,et due à la Société (cf.

chapitre sur Le point de vue sociologique en psychologie). c - Pour William James, il s'agit encore d'une construction artificielle, mais qui s'explique pragmatiquement.

L'hommea dû faire ces constructions pour réussir à organiser sa vie. Dans un esprit voisin, du moins sur quelques points, Bergson dira que notre manière de voir l'espace géométriquerésulte de notre action sur la matière, nécessitant un découpage selon un milieu homogène, alors que l'espace réeln'est que qualitatif, donné par des sensations et impressions qui en font un milieu chargé de significations pournous.

Mais Bergson critiquera surtout la notion de temps : le temps abstrait est une invention scientifique, pénétréed'espace : on ne le mesure qu'avec de l'espace : volume du sablier, cadran, etc.

Le vrai temps est la duréeconcrète, vécue, qualitative, hétérogène... C'est bien cette critique qui est essentielle chez lui, car quant à l'espace il n'en reste pas là, et reconnaît même aucontraire qu'à certains égards il est de la nature des réalités matérielles de se situer dans un espace géométriques,les réalités positives se prêtant naturellement à cet étalement dans l'espace homogène, etc.,.

Mais même si l'on faitabstraction des interprétations différentes possibles quant à l'espace, il rejoint tous les autres critiques : le tempsdu savant, le temps abstrait, n'est pas une intuition, la durée seule en est une. d - D'autres, comme Henri Poincaré, abandonnent eux aussi la notion d'intuition, non pas pour y substituer celle deconstruction, mais plutôt celle de convention, en s'appuyant sur les géométries non-euclidiennes1.

Ce sont lesconventionnalistes. e - Enfin, avec Einstein, le temps est posé comme relatif au lieu et au mouvement.

Espace et temps ne peuvent sedéfinir indépendamment l'un de l'autre.

Or l'espace et le temps, c'est l'univers lui-même : l'espace est une réalitéphysique, il ne fait qu'un avec la matière; il n'est donc pas ce cadre de notre sensibilité défini par Kant. 2° Examen de ces critiques. a - Contre les idéalistes, qui comme Hamelin disent que l'espace n'est pas une intuition, la géométrie analytiquepermettant de le penser par le nombre, il faut poser la question : peut-on déduire les relations spatio-temporelles?La connaissance de l'espace suppose une intuition de fait, une constatation, tandis que si espace et temps étaientdes concepts, ils se laisseraient déduire; or il n'en est rien.

C'est une constatation que le temps est irréversible,alors que les propositions logiques sont réversibles.

Dans l'espace, il y a aussi des faits qu'il faut constater : parexemple, les figures symétriques ne sont pas directement superpo-sables; c'est là un fait qui n'est pas une exigencede la raison : l'espace n'est pas rationnel, il y a en lui quelque chose qu'on ne peut pas déduire de sa notion.

Il estdonc bien vrai qu'espace et temps ne sont pas des notions rationnelles. b - On peut répondre aux sociologues, aux pragmatistes, et à Bergson : les caractères constitutifs de l'espace et dutemps : la continuité, le sens qu'il y a dans l'espace, le fait que les choses sont étalées, qu'il y a une orientation,. »

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