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L'exercice du pouvoir est-il compatible avec le respect de la justice ?

Publié le 01/08/2009

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L'exercice du pouvoir est-il compatible avec le respect de la justice ?

 Le pouvoir implique la domination que son possesseur. Il le classe au-dessus de lui dans la mesure où il peut le commander. Il peut agir selon son bon vouloir. Or du point de l’Etat ou de la politique, chaque citoyen est équivalent. Il s’agit de l’égalité. Cependant, le pouvoir implique la possibilité d’user et d’abuser de ce pouvoir. Le pouvoir semble être sans limite ou pour le moyen corrupteur. Plus exactement, l’homme n’étant pas saint à tendance à dénaturer ce pouvoir qui lui est conféré en vue de ses propres fins au lieu du bien public. Dans ce cas, quoi qu’il arrive, tout pouvoir semble contrevenir au respect de la justice en tant que la justice peut se comprendre comme cet idéal d’égalité entre les individus, c’est-à-dire une certaine moralité.

            Si le pouvoir doit être juste (1ère partie), il n’en reste pas moins que cela constitue un idéal (2nd partie) qui doit pourtant être atteint notamment en limitant le pouvoir par le pouvoir (3ème partie).

I – Le juste pouvoir

II – La finitude humaine

III – Le pouvoir doit arrêter le pouvoir

justice

« d'établir un philosophe en tant que législateur ? Alors l'on tendrait immanquablement vers la cité parfaite de Platondans la République avec comme législateur un roi-philosophe c'est-à-dire vers cet idéal de la raison tel que le proposait Kant dans le Conflit des facultés .

La réponse kantienne est on ne peut plus claire : « Il ne faut pas s'attendre à ce que des rois philosophent ou à ce que des philosophes deviennent rois, mais il ne faut pas lesouhaiter non plus ».

Ainsi, contrairement à Platon qui dans la République ne voyait que dans la seule figure du philosophe-roi ou du roi-philosophe la solution à l'édification d'une société juste, Kant juge-t-il cette possibilité plusnuisible que bénéfique.

Il l'explique par l'effet corrupteur ( Projet de paix perpétuelle ) que peut avoir sur le philosophe ou sur le roi l'exercice du pouvoir ce qui ne manque pas de renvoyer au problème de l'abus de pouvoir du maîtrecomme c'est le dans L'idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique .

Cela signifie que la recherche de la bonne conduite dans l'exercice du pouvoir ne peut pas se faire par le biais de la philosophie quelque soitl'ascèse considérée.c) La philosophie peut certes avoir des effets curatifs mais elle n'a pas la capacité de transformer elle-même enprofondeur et de manière radicale la nature humaine.

Et c'est pour cela qu'il faut que le philosophe soit au coté dulégislateur, pour le remettre dans le droit chemin ou, au demeurant, de lui en remémorer la voie.

Face au vertige dupouvoir, la philosophie n'est certes pas sans défense mais elle n'est une garantie suffisante.

Si Kant ne souhaite paspar ailleurs que la philosophie soit au cœur même du pouvoir c'est sans doute pour ne pas détourner la philosophiede sa vocation ou de ses principes ce qui pourrait alors apparaître comme la plus grande corruption : celle de la misede la philosophie sous tutelle ou au service de l'Etat.

Ainsi, comme le note Anne-Marie Roviello , dans L'institution kantienne de la liberté , il y a donc « impossibilité de principe d'une coïncidence entre le roi et le philosophe » car il y a exclusion de principe entre le désir de pouvoir et le désir de sagesse.

A supposer même qu'un philosophe devienneroi, par la force des choses et la conduite des affaires, il deviendra non-philosophe « parce que la possession dupouvoir corrompt inévitablement le libre jugement de la raison ».

Transition : Ainsi on ne peut pas s'attendre à ce que l'homme soit cet être saint ou parfaitement sage qui n'abuserait pas dupouvoir.

La nature humaine contient en elle un mal radical.

Dès lors, c'est plutôt le pouvoir qui doit arrêter le pouvoirque l'homme lui-même.

III – Le pouvoir doit arrêter le pouvoir a) Face à cette problématique d'un pouvoir toujours corrupteur ou se corrompant, il est nécessaire alors de faire en sorte que le pouvoir arrête dele pouvoir c'est pourquoi Montesquieu voyait déjà dans la théorie de la séparation des pouvoirs la possibilité de limiter le pouvoir et sa concentration afin qu'il respecte la justice.

Ainsi dans l' Esprit des lois , au livre XI chapitre 6, il nous dit : « Il y a dans chaque État trois sortes de pouvoirs: la puissance législative, la puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit des gens, etla puissance exécutrice de celles qui dépendent du droit civil.

Par la première, le prince ou le magistrat fait des loispour un temps ou pour toujours, et corrige ou abroge celles qui sont faites.

Par la seconde, il fait la paix ou laguerre, envoie ou reçoit des ambassades, établit la sûreté, prévient les invasions.

Par la troisième, il punit lescrimes, ou juge les différends des particuliers.

On appellera cette dernière la puissance de juger, et l'autresimplement la puissance exécutrice de l'État.

La liberté politique dans un citoyen est cette tranquillité d'esprit quiprovient de l'opinion que chacun a de sa sûreté; et pour qu'on ait cette liberté, il faut que le gouvernement soit telqu'un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen ».b) En effet, Montesquieu poursuit dans l' Esprit des lois en montrant que : « Lorsque, dans la même personne ou dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n'y a point deliberté; parce qu'on peut craindre que le même monarque ou le même sénat ne fasse des lois tyranniques pour lesexécuter tyranniquement.

Il n'y a point encore de liberté si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissancelégislative et de 'exécutrice.

Si elle était jointe à la puissance législative, le pouvoir sur la vie et la liberté descitoyens serait arbitraire: car le juge serait législateur.

Si elle était jointe à la puissance exécutrice, le juge pourraitavoir la force d'un oppresseur.

Tout serait perdu, si le même homme, ou le même corps des principaux, ou desnobles, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs: celui de faire des lois, celui d'exécuter les résolutions publiques,et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers ».c) En dernier recours il ne reste alors que l'usage de la violence légitime ou de la révolte.

Et c'est bien tout le problème d'un droit de révolte comme on peut le voir dans la notion de prérogative chez Locke dans le Second traité du gouvernement civil .

Ce droit de résistance ou de révolte est considéré comme juste dans la mesure où le législateur violerait ce que l'on pourrait appeler un pacte social.

C'est-à-dire lorsque ce dernier viole les droits et fait donc violence auxprincipes même qui font qu'on lui attribue un pouvoir et une représentativité : celle du peuple.

Quelles que soient leslimites, une partie de ce pouvoir échappe tout de même au regard de la loi ce qui pose le problème de savoir quisera juge en cas d'abus, c'est-à-dire du : « Quis judica bit ? ».

En effet, on se retrouverait quasiment dans l'état de nature où l'individu était à la fois juge et partie.

Le tiers, là aussi manque : « Entre un pouvoir exécutif en exerciceet un législatif, il ne peut y avoir aucun juge sur terre, il ne peut y avoir non plus entre le législatif et le peuple ».

Iln'y a donc pas de tierce instance.

« Dans ce cas, le peuple n'a pas d'autre ressource que d'en appeler au ciel ».Que signifie cet appel ? Cela ne signifie pas qu'il faut s'en remettre au jugement divin en attentant le jugementdernier, en acceptant toutes les injustices.

En appeler au ciel, cela signifie faire usage de son droit naturel de sedéfendre, c'est-à-dire d'agir selon son propre jugement et il revient à Dieu, chez Locke, alors de juger si cettedémarche est juste : en appeler au ciel sera donc agir selon sa conscience.

Et c'est en ce sens qu'il pourra y avoirun droit de résistance chez Locke.

Et cette résistance pourra prendre alors la forme de la violence en dernierrecours.. »

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