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L'homme peut il se considérer comme maître de la nature ?

Publié le 04/04/2005

Extrait du document

 

  • Bien définir les termes du sujet :

 

 

- « L’homme « : le terme est très vague et n'invite pas à considérer l'être humain dans un domaine particulier, mais plutôt de la manière la plus générale possible. Il s’agit de le voir comme un vivant particulier - car doué de conscience. Le terme « homme « est donc ici un terme générique, il s'agit de regrouper tous les individus conscients.

- « Maître « : c’est celui qui exerce une domination, celui qui a un pouvoir, une autorité sur quelqu’un ou quelque chose qui lui permet de se faire obéir. C’est la capacité d’imposer sa volonté.

- « Nature « : Entendue ici dans son sens général, opposée à la technique, elle renvoie à l’ensemble du règne minéral, végétal et animal, considéré comme un tout soumis à des lois.

- « Maître de la nature « : Si les mots séparément signifient quelque chose, leur regroupement fait référence à un domaine particulier. En effet, l’expression renvoie à une autre : « comme maître et possesseur de la Nature « ; c’est une phrase de Descartes, issue de la partie VI du Discours de la méthode.

- « Se considérer « : c’est penser, poser une idée en étant le seul juge de la validité de cette idée.

 

 

  • Construction de la problématique :

 

 

            Le sujet tente de savoir quels liens entretiennent l’homme et la nature ; le but ici est d’examiner un certain type de rapport, celui de la domination de la nature par l’homme. L’expression « comme maître de la nature « fait indéniablement référence à Descartes et à la question de savoir pourquoi les hommes s’efforcent de connaître. La science n’aurait donc pas uniquement un intérêt spéculatif, mais aussi un intérêt pratique, celui de se rendre comme maître de la Nature.

            Le terme « comme « a toute son importance, car il permet de se demander si la domination dont il est question, à savoir celle de la Nature par l’homme, est fantasmée ou réelle. Autrement dit, à quelle condition l’homme peut-il être comme maître de la Nature, quels sont les critères qui permettent de le savoir, et quelles sont les conséquences de cette domination – plus ou moins fantasmée ?

 

I/ L’intérêt pratique de la science :   

 

II/ La Nature n’est pas une machine :   

 

III/ L’homme n’accepte pas sa dimension naturelle :

« Il est vrai que connaître les lois de la nature, c'est-à-dire élaborer une science d'après l'expérience, permetde maîtriser, d'orienter et de prévoir les phénomènes naturels.

Mais ce n'est pas parce que la puissance de nostechniques a augmenté que cela nous rend réellement maître et possesseur de la Nature.

En effet, partir du principeque la Nature obéit à des lois et qu'il suffit de connaître ces lois pour la diriger revient à penser que la nature estune machine, ce qui n'est pas nécessairement le cas.

● C'est ce que pense Bergson dans l'Evolution Créatrice ; selon lui, nous croyons la Nature parl'assemblage, alors qu'elle se caractérise par l'organisation.

Autrement dit, lorsque la science étudie la Nature, elleponctionne dans celle-ci ce qui l'intéresse pour l'étudier, et la considère comme un tout clos sur lui-même, alors quece n'est pas du tout le cas.

En effet, la science isole et clos les systèmes de manière artificielle, ce qui signifie quelorsque la physique cherche à dégager les lois naturelles, elle ne le fait qu'en se référant à une petite partie du réel,isolée du tout, et qui n'est de ce fait pas influencée par ce tout.

Or, dans le monde réel, dans la Nature, les chosessont sans cesse en interaction, et le système isolé par la science est artificiel.

Les lois qui sont dégagée ne sontréellement correctes que dans un certain contexte.

Bergson reproche à la science d'étudier la Nature selon lemodèle mécanique – comme le fait Descartes.

Mais c'est pourtant le seul moyen d'avoir prise sur elle.

L'objet de lascience en effet n'est pas de nous révéler le fond des choses, mais de nous fournir le meilleur moyen d'agir sur elles.Cela est cependant insuffisant pour rendre compte de l'intégralité du vivant.

« Trop souvent on raisonne sur leschoses de la vie comme sur les modalités de la matière brute.

» L'évolution créatrice, I.

Etant donné la constitutionde notre esprit, c'est le seul moyen par lequel nous sommes capable d'aborder l'organe ou l'organisme.

En effet,notre intelligence n'est pas capable de se représenter le mouvement évolutif de la vie, elle ne peut se représenterque du fixe.

La science clôt et isole des systèmes du monde, et néglige de ce fait les influences extérieures quipourraient agir sur ces systèmes.

● Lorsque le scientifique étudie la Nature et qu'il la considère comme quelque chose de fixe, il loupe unedimension essentielle : contrairement aux objets, un changement ne correspond pas à un simple déplacement departies qui ne changent pas et qui pourront par la suite retrouver leur ordre initial.

Il n'est pas possible dans laNature de revenir à l'état précédent, il n'y a pas de répétition.

Lorsque la Nature change, il n'est pas possiblecomme on le fait pour la machine, de revenir à l'état précédent, de le répéter.

Le temps est irréversible, il n'est pasune succession de moments qui se remplacent les uns les autres, et qui forment un continuel présent.

Au contraire,il y a une sorte de prolongement du passé dans l'actuel, une évolution, une histoire.

« Notre durée n'est pas uninstant qui remplace un instant : il n'y aurait alors jamais que du présent, pas de prolongement du passé dansl'actuel, pas d'évolution, pas de durée concrète.

» L'évolution créatrice, I.

Chaque instant porte donc en lui leprécédent, et contrairement à la machine, il y a pour le vivant de la durée.

Bergson note que la faille de cettetentation d'étudier la Nature comme un mécanisme est la suivante : l'interdépendance des phénomènes interdit deles isoler expérimentalement, et ne permet pas de prédire avec certitude leur comportement.

Toute expérimentationqui isole un objet de la Nature, et de laquelle on déduit des lois ne produira pas une maîtrise de la Nature puisque laNature a été exclue du laboratoire.

La maîtrise dont l'homme dispose semble être illusoire et fantasmée car fondée sur de mauvais principes.

III/ L'homme n'accepte pas sa dimension naturelle : Chercher à se considérer comme maître et possesseur de la Nature, revient en quelque sorte à dire quenous ne sommes pas des êtres naturels.

En effet, comment serait-il possible à la fois d'appartenir à la Nature, etd'en être le maître ? Vouloir posséder la Nature implique nécessairement pour l'homme une supériorité par rapport àcelle-ci.

Or, cette manière de vouloir se rapporter au monde est bien ce qui caractérise l'homme.

● C'est ce que montre Bataille dans L'érotisme, lorsqu'il explique que l'homme est avant tout un êtrenaturel, mais qu'il refuse cette naturalité.

Bataille pose dans son texte un principe, « que l'homme est un animal quin'accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie ».

Cela a pour conséquence qu'il change le monde extérieur,qu'il en tire des outils et des objets fabriqués qui composent un monde nouveau, le monde humain.

Parallèlement àce travail, l'homme s'éduque, c'est-à-dire qu'il se discipline de façon à ne plus faire apparaître les aspects naturelsqu'il porte en lui.

« Il refuse par exemple de donner à la satisfaction de ses besoins animaux ce cours libre auquell'animal n'apporte pas de réserve.

» Ainsi, non seulement l'homme tente de se rendre maître de la nature en apprenant ses lois, mais une foiscelles-ci connues, il les utilise pour transformer le monde, le rendre humain.

La maîtrise de la Nature s'accompagnedonc nécessairement d'une transformation de cette dernière.

En transformant le donné naturel extérieur, l'homme senie lui-même en refusant de se laisser aller : il tente de s'élever au dessus de l'animalité en refusant des'abandonner aux appétits.

L'homme s'impose donc un rythme de vie qui le fait travailler à certains moments et enréserve d'autres pour ses besoins animaux.

● Ce qu'il est possible de penser, à partir de la réflexion de Bataille, c'est que l'homme ne peut pas êtrecomme maître et possesseur de la Nature tant qu'il fait intégralement partie de la Nature.

Il doit s'en distancer, ildoit se poser comme différent d'elle pour pouvoir lui imposer sa volonté.

Or, cela n'est possible que par un travail sursoi et sur la Nature : ces deux voies sont parallèles.

Si il n'est as possible de déterminer laquelle a sur l'autre lapriorité, il n'en reste pas moins que « tant qu'il y a homme, il y a d'une part travail et de l'autre négation parinterdits de l'animalité d l'homme.

» Pour se penser comme maître et possesseur de la Nature, l'homme doit donc se distinguer d'elle ; ce qu'il fait en la transformant.

Ces deux mouvements de distanciation et de transformation se font l'un par l'autre.

Conclusion :. »

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