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L'IDÉALISME, LE MATÉRIALISME, L'ATHÉISME ET LE DÉSORDRE MODERNE

Publié le 02/12/2012

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Résumé : Sources et manifestations de l’idéalisme – Qu’est-ce que l’idéalisme ? – Idéalisme et matérialisme – Idéalisme et athéisme – Origine psychologique de l’idéalisme – Développement de l’idéalisme dans la pensée moderne – Pensée et réalité – La morale idéaliste – Conséquences et méfaits de l’idéalisme – L’homme désaccordé du réel – La vérité remplacée par l’idéologie – Dégénérescence de l’homme – L’homme contre la nature – Le totalitarisme source : L’idéalisme et le désordre moderne par Jean Daujat, éditions Doctrine et vie I – Sources et manifestations de l’idéalisme Jamais l’homme n’a disposé de tant de puissance, de tant de moyens pour dominer la nature qu’aujourd’hui… et pourtant jamais siècle n’a vu couler tant de larmes et tant de sang ; l’humanité contemporaine est frappée par le malheur et par l’angoisse, et le grand cri de la souffrance humaine montant de toutes parts hurle le désordre dans lequel nous vivons en même temps qu’il appelle un monde nouveau. C’est pourquoi il n’y a que projets de réforme et mouvements révolutionnaires. Mais on perd son temps tant qu’on ne connaît pas la cause du désordre moderne : ce n’est qu’en supprimant la cause qu’on peut supprimer le mal. La condition préalable de tous nos efforts est donc de rechercher la cause du mal : un désordre qui s’étend à toute la condition humaine et vicie une civilisation tout entière ne peut venir que de la manière même dont l’homme conçoit et oriente sa vie, c’est-à-dire d’une attitude de l’esprit. Cette attitude de l’esprit qui a introduit l’humanité entière dans le désordre et sur le chemin de son malheur, qui même, comme nous le verrons, a déformé la structure de l’être humain, c’est l’idéalisme qui imprègne de plus en plus la mentalité et la psychologie tout entière de l’homme contemporain : attitude d’orgueil de l’homme qui veut tout tirer des constructions de son propre esprit, tout réduire à ses idées et tout régenter d’après ses idées, et qui refuse de se soumettre au réel et aux conditions que le réel impose à sa vie ; l’homme a fait lui-même son propre malheur en se heurtant à une réalité qu’il méconnaît, en refusant les conditions réelles de son bien, parce qu’il veut tout tirer de lui-même et ne suivre que les vues de son esprit. Tel est le fait fondamental qu’il nous faut analyser et expliquer et qu’il est indispensable de bien comprendre. Prévenons tout de suite une objection : certains seront étonnés de cette accusation contre l’idéalisme, alors que souvent c’est dans le matérialisme qu’on a vu la cause principale de nos malheurs et de notre désordre. Nous montrerons que le matérialisme moderne est, lui aussi, une conséquence de l’idéalisme. Qu’est-ce que l’idéalisme ? La plupart des mots se terminant par le suffixe isme désignent une conception qui n’admet rien d’autre que ce qui a été joint à isme pour former le mot : par exemple, le matérialisme est la conception qui n’admet rien d’autre que la matière. Etymologiquement, l’idéalisme est la philosophie qui n’admet rien d’autre que les idées ou la pensée. On ne peut bien comprendre cet idéalisme que dans son opposition aux convictions spontanées du sens commun. Le sens commun admet sans discussion que la réalité connue existe indépendamment de la pensée qui la connaît, et que la pensée doit se conformer à la réalité à connaître pour la connaître telle qu’elle est. La vérité est cette conformité de la pensée au réel, il y a erreur si la pensée ne correspond pas à la réalité. C’est justement cette dépendance de la pensée par rapport à la réalité connue que nie l’idéalisme pour affirmer une autonomie absolue de la pensée. Pour l’idéalisme, il n’y a pas de réalité connue par la pensée et existant indépendamment d’elle, il n’y a que la pensée, indépendante de toute réalité à connaître, la pensée entièrement autonome qui n’est que création ou développement de l’activité intellectuelle. Donc tout est construction de l’esprit. Idéalisme et matérialisme Au point de départ, l’idéalisme, n’admettant que ce qui est intérieur à la pensée, apparaît comme un pur spiritualisme. Mais on va comprendre aisément comment il conduit au matérialisme et détruit la notion même du spirituel. Si l’on admet avec le sens commun que la pensée est connaissance d’une réalité, elle est aussi présence en nous de la réalité connue, car la réalité connue est bien d’une certaine manière présente en nous dans la connaissance que nous en avons (par exemple, la personne à qui nous pensons est bien d’une certaine manière présente en nous dans notre pensée). Cette présence de la réalité connue dans la pensée qui la connaît n’est pas une présence matérielle, c’est une présence immatérielle, et ainsi nous découvrons le caractère immatériel ou spirituel de la pensée. Mais cette découverte du spirituel devient impossible si la pensée n’est pas la connaissance d’une réalité, mais un simple produit de l’activité intellectuelle. D’où viendra alors que nous ayons une telle pensée plutôt que telle autre si ce n’est pas la vérité connue qui s’impose à nous ? Ce ne pourront plus être que nos inclinations qui nous porteront à penser ceci plutôt que cela ; nous penserons, non plus d’après ce qui est vrai, mais au gré de nos intérêts, de nos cupidités, de nos sentiments, de nos instincts, de nos passions, c’est-à-dire en définitive en fonction du dernier état de nos nerfs et de nos glandes. La pensée devient un produit du cerveau comme la bile est un produit du foie. L’idéalisme ne conduit pas seulement au matérialisme, mais encore au pragmatisme, c’est-à-dire à la philosophie qui supprime toute connaissance pour ne plus reconnaître que l’action ; s’il n’y a plus de vérité à connaître, il n’y a plus à chercher que l’utilité, l’intérêt, la réussite, l’efficacité ; tous les problèmes ne sont plus que des problème d’action et de succès, l’homme n’est plus qu’une action produisant sa propre pensée. Idéalisme et athéisme L’idéalisme a des liens profonds encore avec l’athéisme (ou avec le panthéisme, lequel n’est qu’un autre visage de l’athéisme). Incapables que nous sommes en effet de concevoir et de connaître directement l’être parfait et infini qui est Dieu, nous ne pouvons découvrir Dieu que par les choses qu’il a faites, que comme cause d’existence de toutes les réalités de ce monde1 ; parce que tous les êtres de ce monde existent, mais n’ont pas par eux-mêmes l’existence, il faut une cause qui leur donne l’existence, qui fasse qu’ils existent. Cet Etre premier qui existe par lui-même (Il s’est défini : “Je suis Celui qui suis”) et fait tout exister, nous l’appelons Dieu. C’est pourquoi saint Paul nous dit que le Dieu invisible s’est fait connaître par les choses visibles qu’il a faites. Ainsi quiconque reconnaît la plus humble réalité commence déjà à reconnaître Dieu en reconnaissant et acceptant ce que Dieu a fait. La soumission au réel est une soumission à Dieu auteur de toute réalité. Pourquoi la vérité s’impose-t-elle à notre pensée qui doit la reconnaître, pourquoi ne dépend-il pas de nous de faire que ce qui est vrai soit faux et que ce qui est faux soit vrai ? Parce que notre pensée doit se conformer à la réalité pour la connaître telle qu’elle est et cela parce que ce n’est pas nous qui avons fait ou créé la réalité, mais Dieu. Voilà justement ce que l’idéalisme refuse : voulant tout tirer de l’esprit humain, il n’admet aucune réalité créée par Dieu. C’est l’orgueil qui refuse toute dépendance et se veut, comme Dieu, dans l’indépendance absolue qui tire tout de soi. L’idéalisme est une divinisation de l’intelligence humaine qui se prétend créatrice et capable de tout tirer d’elle-même comme l’intelligence divine. Cette prétention se heurte au réel que nous n’avons pas créé et qui est ce qu’il est, c’est-à-dire ce que Dieu l’a fait. Car précisément l’intelligence de l’homme est incapable de donner l’existence ou de faire exister. Ses inventions, ses conceptions ne peuvent que modifier ce qui existe. L’artiste, l’industriel, le technicien transforment des choses préexistantes, les arrangent différemment ; mais c’est le propre de Dieu, et de lui seul, de faire exister, d’être source de l’existence elle-même. On voit quelle erreur il y a à présenter Dieu comme un “idéal“, c’est-à-dire comme une vue ou une création de l’esprit humain (ce serait alors l’homme qui se créerait un Dieu), produite pour satisfaire nos sentiments ou nos besoins religieux, de sorte que Dieu serait admis ou rejeté selon que nous éprouverions ou non ces sentiments ou ces besoins. On ne reconnaît Dieu qu’en le reconnaissant comme la réalité première dont dépend toute existence. Toute religion authentique relie à la réalité de Dieu ; elle est essentiellement réaliste. L’idéalisme ne relie l’homme à rien puisqu’il l’enferme en lui-même avec l’idéal qu’il se fabrique au sein des créations de son esprit dans une indépendance absolue : idéalisme et religion sont incompatibles. Origine psychologique de l’idéalisme D’où peut provenir cette attitude orgueilleuse ? Il nous paraît incontestable qu’elle a sa source historique dans ce qui domine toute la marche en avant de la civilisation depuis la Renaissance : le naturalisme. Au sens étymologique du mot, le naturalisme n’admet rien d’autre que la nature. Dieu aurait pu créer les hommes sans rien d’autre en eux que leur nature humaine : dans ce cas, l’homme n’aurait à rechercher que sa perfection humaine, ou, comme on dirait aujourd’hui, son épanouissement d’homme. En réalité, par un acte entièrement libre de pur amour, ...

« son bien, parce qu'il veut tout tirer de lui-même et ne suivre que les vues de son esprit.

Tel est le fait fondamental qu'il nous faut analyser et expliquer et qu'il est indispensable de bien comprendre. Prévenons tout de suite une objection : certains seront étonnés de cette accusation contre l'idéalisme, alors que souvent c'est dans le matérialisme qu'on a vu la cause principale de nos malheurs et de notre désordre. Nous montrerons que le matérialisme moderne est, lui aussi, une conséquence de l'idéalisme. Qu'est-ce que l'idéalisme ? La plupart des mots se terminant par le suffixe isme désignent une conception qui n'admet rien d'autre que ce qui a été joint à isme pour former le mot : par exemple, le matérialisme est la conception qui n'admet rien d'autre que la matière.

Etymologiquement, l'idéalisme est la philosophie qui n'admet rien d'autre que les idées ou la pensée. On ne peut bien comprendre cet idéalisme que dans son opposition aux convictions spontanées du sens commun.

Le sens commun admet sans discussion que la réalité connue existe indépendamment de la pensée qui la connaît, et que la pensée doit se conformer à la réalité à connaître pour la connaître telle qu'elle est.

La vérité est cette conformité de la pensée au réel, il y a erreur si la pensée ne correspond pas à la réalité.

C'est justement cette dépendance de la pensée par rapport à la réalité connue que nie l'idéalisme pour affirmer une autonomie absolue de la pensée.

Pour l'idéalisme, il n'y a pas de réalité connue par la pensée et existant indépendamment d'elle, il n'y a que la pensée, indépendante de toute réalité à connaître, la pensée entièrement autonome qui n'est que création ou développement de l'activité intellectuelle.

Donc tout est construction de l'esprit. Idéalisme et matérialisme Au point de départ, l'idéalisme, n'admettant que ce qui est intérieur à la pensée, apparaît comme un pur spiritualisme.

Mais on va comprendre aisément comment il conduit au matérialisme et détruit la notion même du spirituel.

Si l'on admet avec le sens commun que la pensée est connaissance d'une réalité, elle est aussi présence en nous de la réalité connue, car la réalité connue est bien d'une certaine manière présente en nous dans la connaissance que nous en avons (par exemple, la personne à qui nous pensons est bien d'une certaine manière présente en nous dans notre pensée).

Cette présence de la réalité connue dans la pensée qui la. »

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