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L’IDÉE. COURS DE PHILO.

Publié le 06/04/2014

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celle de Descartes : il n'y a pas pour Spinoza deux facultés distinctes

(entendement et volonté) ; et la force que Descartes attribue au jugement

(qui est un acte de la volonté), Spinoza la confère à l'idée, qui

s'impose plus ou moins selon sa clarté intrinsèque, et cumule en elle

les attributs de la représentation mentale et du jugement proprement

dit (Spinoza écrit : « entendement et volonté « sont une seule et même

chose). L'erreur ne tient pas, comme chez Descartes, à un mauvais

usage de la volonté, mais à une faiblesse intrinsèque de l'idée. que

Spinoza appelle inadéquation. Enfin, le doute ne témoigne pas pour la

liberté de la volonté, mais pour l'insuffisance de représentations contradictoires.

En fait, l'hésitation, qui renforce l'illusion du « choix «, ne

révèle qu'une certaine part d'ignorance.

• Approche génétique des idées conçues comme représentations.

Qu'une même idée puisse tour à tour être sacralisée comme dogme

indiscutable et abandonnée comme conception périmée doit nous inciter

à envisager de façon génétique ce qui peut fonder sa force et sa

faiblesse. Notre interrogation rejoint le grand débat qui anime, comme

le notait Engels (Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande),

toute l'histoire de la philosophie : les idées sont-elles des

principes premiers par rapport à la réalité qu'elles engendrent ou organisent

(thèse idéaliste) ou ne sont-elles, au contraire, que des données

secondes, produites par la réalité elle-même, et correspondant, au moment

de leur production, à une phase déterminée de développement de

celle-ci ? (thèse matérialiste). Dans le premier cas, comme nous r avons

vu en rappelant la problématique platonicienne, il semble légitime de

parler d'une force intrinsèque de l'idée comme principe ontologique

constitutif. Dans le second cas, il faut envisager la « force des idées «

comme seconde, dérivée, et penser cette force à partir des racines

concrètes qui la déterminent.

« ,, _____________________________ _ Remarquons que la philosophie platonicienne.

faisant de l'idée la réalité transcendante et essentielle d'où dérive toute existence particu­ lière, lui reconnaît ipso facto une force intrinsèque, qui n'a pas besoin d'une source ou d'une garantie extérieures.

Encore faut-il préciser que cette force absolument intrinsèque ne se trouve pleinement qu'au ni­ veau de l'idée de Bien en soi, vers laquelle convergent toutes les Idées.

Platon fait de cette idée suprême un principe « an-hypothétique ».

c'est-à-dire non soumis à des conditions qui pourraient relativiser son indépendance ou sa force.

Ce principe an-hypothétique, référence ul­ time, fonctionne à la fois comme fondement ontologique, principe d'in­ telligibilité, et norme absolue de toute existence.

Sa force est triple, et se déploie dans les domaines de l'être réel, de la connaissance, et de r éthique, comme référence indiscutable (cf.

Phédon, 1 OO b c.

et Répu­ blique VI 509 a).

Tout autre est le statut de l'idée comme réalité psychologique dans les philosophies classiques.

La question de l'adéquation de l'idée au réel, de sa valeur propre, se développe en une théorie des critères de l'idée vraie, voire des garanties extérieures de la valeur d'une idée.

La force des idées n'est plus l'expression d'une réalité transcendante indiscutée ; elle devient problématique.

On comprend que la définition de la réalité même de l'idée soit solidaire d'une appro­ che du problème de l'erreur, comme chez Descartes et Spinoza.

Rap­ pelons quelques éléments de cette approche.

Pour Descartes, l'idée ne se différencie pas de la sensation, de la perception, ou même de l'ima­ gination, puisqu'elle recouvre toute représentation mentale intérieure.

Ce qui est constitutif de l'idée, ce n'est pas la valeur objective du contenu représentatif qui est en elle, mais simplement le caractère d'un «tableau d'une chose extérieure».

L'idée est passive; elle relève d'une pure et simple faculté de concevoir.

De ce point de vue, il n'y a pas pour Descartes de « degré de vivacité » qui différencierait, comme chez Hume (début du Traité de la nature humaine), l'idée de l'impres­ sion.

L'idée, pour l'auteur des Méditations métaphysiques, se différen­ cie d'autres types de pensée qui n'en sont que des complexifications (jugements ou volontés).

C'est ainsi que Descartes écrit : «Entre mes pensées, quelques-unes sont comme les images des choses, et c'est à celles-là seules que convient proprement le nom d'idée...

d'autres, outre cela, ont quelques autres formes : comme lorsque je veux, que je crains, que j'affirme ou que je nie, je conçois bien alors quelque chose comme le sujet de l'action de mon esprit, mais j'ajoute aussi quelque autre chose par cette action à l'idée que j'ai de cette chose-là; et de ce genre de pensées, les unes sont appelées volontés ou affections, et les autres jugements (Méditations métaphysiques, Ill).

On comprend, de ce point de vue, qu'une idée ne saurait être ni vraie ni fausse, puis­ qu'elle n'est qu'une simple «présentation», tableau ou «peinture muette» qui n'implique aucune affirmation ou négation, et n'exerce aucune force par rapport à la volonté.

C'est sur ce point précis que Spinoza fait porter sa critique : « Une idée, en tant qu· elle est une idée, enveloppe une affirmation ou une négation » (Éthique, Il, proposi­ tion 49-scolie).

La conception spinoziste est diamétralement opposée à 101. »

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