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L'idée d'inconscient exclut-elle l'idée de liberté ?

Publié le 20/07/2004

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En effet, comment soutenir que seul le corps puisse déterminer les manifestations inconscientes. On peut certes convenir, par exemple, que des hormones sont génératrices de pulsions érotiques. Mais, ce fait en aucun cas ne saurait expliquer l'infinie richesse des affections humaines, l'incroyable plasticité de l'âme en proie au trouble du désir. Aussi, préférerons-nous la thèse freudienne qui interprète la pulsion comme transition entre somatique et psychique, et ce, contre la distinction cartésienne de la chose pensante et de la chose étendue. En outre, Alain prétend vouloir donner primauté et prérogative à la liberté de l'individu face au déterminisme sclérosant de l'inconscient. Mais la psychanalyse dans sa visée thérapeutique a pour dessein de renforcer le moi aux dépens du ça; en d'autres termes, de raffermir la conscience à l'encontre de l'inconscient. De la sorte, on ne saurait souscrire à la thèse d'Alain, tant il est vrai que la psychanalyse concourt à rendre l'homme plus averti de ses troubles psychiques, et ce, afin que ses choix, ses exclusives puissent émaner librement et consciemment de son être le plus profond, le plus authentique... Quoiqu'elle attire notre attention sur l'impérieuse nécessité de la responsabilité morale, la thèse d'Alain semble devoir s'éclipser face aux théories inconscientes et psychanalytiques du freudisme. Toutefois, nous retiendrons l'avertissement de ce dernier, celui de ne jamais se laisser submerger par la marée montante des déterminismes. «L'inconscient est une méprise sur le moi, c'est une idolâtrie du corps.

 

La théorie de l'inconscient implique-t-elle  nécessairement la perte de la souveraineté du sujet, ou bien, l'idée de liberté est conciliable avec la psychanalyse freudienne ? Certes, l'homme est obscur à lui-même, mais cette obscurité affirmée est-elle ce qui rend l'homme aveugle à lui-même et comme pris au piège de déterminismes sur lesquels il n'a aucune emprise ? 

 

« pas.

Leibniz dit que celui qui se croit libre est comme l'aiguille d'une boussole qui croirait qu'elle se meutlibrement alors qu'elle ignorerait les rapports de force qui déterminent son mouvement. III : L'idée d'inconscient n'exclut pas l'idée de liberté, il demande de la penser autrement. 1) Peut être ne faut il pas penser la liberté comme la capacité à prendre des décisions à l'écart du monde, dans la retraite spirituelle de sa conscience, mais plutôt de la liberté comme d'un accord du moi (conscientet inconscient) et du monde.

Bergson dit : « Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité toute entière, quand ils l'expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblanceque l'on trouve parfois entre l'oeuvre et l'artiste.

» 2) La conscience est selon Spinoza une illusion née de l'ignorance des causes qui nous déterminent.

Celui qui se venge croit qu'il décide de se venger alors qu'il agit sous la seule impulsion de la colère.

La liberté nerepose pas selon Spinoza sur le libre arbitre, mais sur la connaissance des causes qui nous déterminent etnous permettent d'augmenter notre puissance d'agir sur nous mêmes et sur le monde.

Autrement ditconnaître notre inconscient augmente notre liberté. 3) Le stoïcien Chrysippe distingue les causes « synectiques » et les causes « procatarctiques ».

Les causes « procatarctiques » sont les causes antécédentes, extérieures à l'objet et agissant sur lui.

Les causes« synectiques » sont celles déterminées par la nature même de l'objet.

La liberté consiste à agire sur sespropres causes synectiques .

Chrysippe donne un exemple : on donne une même impulsion à un cylindre et àun cône, l'un va rouler tout droit, l'autre tourner sur lui même.

L'impulsion est la cause procatarctique et laforme du cylindre et du cône la cause « synectique ».

On peut considérer l'inconscient comme une causesynectique. Conclusion : L'idée d'inconscient ruine l'idée de liberté comme libre arbitre, cependant, la liberté peut être conçue autrement, parexemple comme une maîtrise de soi et une compréhension de soi même et des autres. Quelques arguments: Si l'inconscient existe, il est par conséquent actif, agent, et, par conséquent, il existe un déterminisme inconscient.Dans cette hypothèse, il ne faut plus dire "j'agis inconsciemment" encore moins "j'agis consciemment" mais"l'inconscient agit en moi".

Ceci contredit l'idée même de liberté, puisque je suis déterminé à agir comme je le fais(lapsus, rêves, actes manqués).

L'inconscient me déterminerait donc à mon insu.Lorsque Descartes énonce : "Je pense, donc je suis”, il suppose implicitement, à travers le redoublement du pronom" je ”, l'identité du sujet conscient de la pensée et du sujet existant.

Or, la psychanalyse met en évidencel'existence d'un psychisme inconscient : certains blocages pathologiques sont nécessairement l'effet de désirsinconscients ; sinon, on ne pourrait absolument pas comprendre que ces blocages disparaissent lorsque ces désirsfinissent par trouver une expression consciente.

S'ils n'étaient que des affections inscrites dans la matérialité ducorps, des " impulsions naturelles ” selon la terminologie cartésienne, comment un simple changement du contenuabstrait de ma conscience, toutes choses physiques égales par ailleurs, pourrait-il avoir le moindre effet sur cessymptômes concrets ? La seule activité que Descartes reconnaisse à ce qui est hors de la conscience est purementmécanique, déterminée : sa source ne devrait pas pouvoir " comprendre ” qu'elle est devenue consciente.

Il existedonc en moi quelque chose d'actif qui agit à mon insu, qui me trompe sur moi-même, comme si j'avais un malin géniepour alter ego. En distinguant dans le sujet le Ça et le Moi comme deux aspects d'un même psychisme simplement séparés par labarrière de la conscience, Freud propose une explication qui est plus économique que l'opposition cartésienne entrel'âme (substance pensante) et le corps (substance étendue).

L'application du même "rasoir d'Ockham” (lessubstances ne doivent pas être multipliées sans nécessité) que Descartes maniait contre les scolastiques ne peutconduire qu'à préférer l'explication freudienne, qui n'oppose que deux fonctions d'une même substance.

Disparaissentdu même coup, comme le souligne Freud dans Métapsychologie, "les difficultés insolubles du parallélisme psycho-physique” : on se souvient que Descartes devait invoquer le comportement étrange de la fameuse " glande pinéale ”pour rendre compte de l'interaction de deux substances fondamentalement étrangères l'une à l'autre.

Si l'homme estun sujet doué d'une conscience, cette conscience n'est pas entièrement réflexive et l'homme ne peut donc êtreentièrement transparent à lui-même, contrairement au modèle cartésien.

Les sciences de l'esprit, de droit,réintègrent ainsi avec Freud les sciences de la nature cad le déterminisme et non la liberté. Mais il y a une ambiguïté sur le concept même d'inconscient...

Il peut se référer à un sens freudien (cf.

la deuxièmetopique ci-dessus), alors il est un lieu psychique.

Mais toute une tradition philosophique de Leibniz à Alain enpassant par Spinoza a articulé la liberté humaine à une idée sur l'inconscient sans pour autant en faire un "lieu", une"structure" psychique comme Freud mais un négatif, une ombre de la raison. Quelques textes: "J'appelle libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature; contrainte, cellequi est déterminée par une autre à exister et à agir d'une certaine façon déterminée.

Dieu, par exemple,. »

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