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L'odyssée de l'esprit

Publié le 10/11/2012

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BAE418C - MA1 : PHILOSOPHIE ET SCIENCES Introduction générale : l'odyssée de l'Esprit Un survol des grandes étapes de la science en Occident L'Antiquité Depuis la plus haute Antiquité, les hommes cherchent à rendre raison du monde. Durant des millénaires, les civilisations babyloniennes et égyptiennes, tout comme celles de l'Inde ou de la Chine, ont accumulé un riche savoir : en mathématiques, en astronomie, en botanique, en médecine... Avec les Grecs, la science proprement dite se constitue. En effet, penseurs et philosophes grecs vont développer un mode de connaissance nouveau, centré sur la recherche de la preuve et de la démonstration. De Thalès (624 - 546 av. J.-C.) à Archimède (287 - 212 av. J.-C.), d'Hippocrate (v. 460 - 370 av. J.-C.) à Euclide (v. 325 - 265 av. J.-C.), ils inventent une nouvelle façon de penser le monde où quelques principes fixent l'ensemble des processus. Archimède Ce qui marque l'originalité des Grecs réside dans la révolution intellectuelle qu'induit leur nouveau mode de pensée : on passe de la connaissance des faits à la recherche des causes, de la maîtrise de certains savoirs à la démonstration rigoureuse de leur validité. Ainsi, avec Hérodote (v. 484 - 425 av. J-C.) par exemple, voit-on la naissance de l'Enquête (historia) sur les causes de la guerre ; avec Hippocrate, s'intéresse-t-on à l'étiologie des maladies, c'est-à-dire à ce qui les cause ; de même en mathématiques, Euclide reprend-il toutes les données géométriques de l'époque afin de les fonder en démonstration dans ses Eléments. Cette révolution de la mentalité a pu être menée à bien dans la mesure où elle s'insère d'abord dans une civilisation centrée sur l'exploration commerciale et les voyages ainsi que sur le dynamisme de nombreux armateurs et entrepreneurs. Cette ouverture sur l'ensemble des cultures méditerranéennes a pu ainsi concourir à la curiosité intellectuelle nécessaire à ce genre de tournant intellectuel. Deuxièmement, le développement rapide des villes dans le bassin de la Méditerranée nécessitait des besoins spécifiques comme des travaux hydrauliques, la mise sur pied d'infrastructures en vue de l'approvisionnement et la circulation des ressources. Tout cela a pu encourager l'esprit géométrique ainsi que le développement de connaissances physiques élémentaires. Troisièmement, il ne faut pas oublier qu'un tel foyer culturel a toujours suscité les convoitises et s'est donc déployé en lien étroit avec certains enjeux stratégiques défendus par l'art de la guerre. L'essor de la machinerie militaire et de la flotte athénienne en est certainement l'exemple le plus manifeste. C'est ainsi la technologie qui trouve à s'employer, c'est-à-dire l'application de théories mathématiques et physiques à des problèmes de la vie en société. Quatrièmement, la structure du pouvoir politique a pu également façonner l'essor de l'esprit scientifique. Les décisions étaient prises au coeur de l'Assemblée dans laquelle le débat est toujours présent : l'exécution était précédée de la discussion et d'une délibération publique. L'historien britannique Geoffrey Lloyd a ainsi pu affirmer que la science est essentiellement « la fille de la démocratie « par le développement de techniques de parole (rhétorique, plaidoirie, dialectique, éristique) censées permettre à tout un chacun de rendre raison de ses idées. Enfin, il s'agit de citer le rôle massif de l'écriture. Les Grecs adoptent au 7° siècle av. J.-C. le système alphabétique inventé par les Phéniciens. A partir de cette date, c'est la littérature qui peut apparaître (philosophique, historique, poétique) et des grands traités qui constituent la mémoire des différentes disciplines. L'écriture permet ainsi une codification plus rigoureuse de la pensée, une mémorisation accrue et une circulation plus étendue des idées et cela, à une échelle beaucoup plus large qu'au moyen de l'oralité. L'ensemble de ces facteurs de progression ne sont pas en soi décisifs mais ensemble, forment les mobiles déterminants de ce « miracle grec « (selon la formule d'Ernest Renan) qu'il faut dorénavant lire en continuité et non pas en rupture avec les rationalités antérieures (babyloniennes ou égyptiennes) qui disposaient elles aussi d'un corpus de connaissances qui ne réduisaient nullement à des croyances mythiques. De même, il ne faudrait pas arrêter ce mouvement de fond à la seule Méditerranée grecque mais le conduire, dès le 8° siècle ap. J.-C., aux avancées scientifiques majeures en langue arabe. Celle-ci devient en effet jusqu'au 15° siècle, la langue de la science, depuis l'Espagne jusqu'aux limites de l'empire chinois. Afin d'illustrer l'importance de ce jalon dans l'histoire occidentale, il suffit pour conclure de mentionner le rayonnement de l'Ecole d'Alexandrie. A la mort d'Alexandre en 323, l'Égypte revient à l'un de ses généraux, Ptolémée, qui se fait couronner Pharaon en 305. Il installe sa capitale dans une ville, créée par Alexandre sur l'emplacement d'un petit port de pêche méditerranéen, qui s'appelle depuis Alexandrie. Ptolémée I Sôter fait construire un établissement (nous dirions aujourd'hui d'enseignement supérieur et de recherche) qui comprend le Musée, des salles de cours, des laboratoires et la Bibliothèque qui, à l'époque des deuxième et troisième souverains de la dynastie, sera devenue gigantesque : de 7 à 800 000 ouvrages selon certains historiens. Les souverains successifs essayeront aussi d'attirer à Alexandrie les savants les plus prestigieux du pourtour méditerranéen. La plus grande splendeur de l'École s'est maintenue, au-delà de Ptolémée 1er pendant les règnes de ses quatre descendants immédiats. Quelques-uns de ses bâtiments, et une partie de la Bibliothèque, sont brûlés en 47 av. J.-C. au cours de combats entre les troupes de César et celles de Ptolémée XIII, roi d'Égypte et époux de Cléopâtre, sa soeur. L'Égypte devient une province romaine en 30 av. J.-C., tandis que les derniers restes de la Bibliothèque se consumeront en 391 lors de combats opposant Xénobie (reine de Palmyre en Syrie) et l'empereur Aurélien. A la différence de celle de l'époque grecque "classique", la science d'Alexandrie était proche de la technique. Certains de ses savants étaient du reste des ingénieurs. C'est notamment le cas de ceux qu'on appelle les ingénieurs d'Alexandrie : Ctésibius, Héron et Philon. C'est aussi celui d'Archimède. Le bilan scientifique d'Alexandrie se reflète assez exactement dans la liste des savants qui y ont travaillé. En mathématiques : Euclide, Posidonius, Géminus, Théon, Diophante, Pappus... En astronomie, géographie : Aristarque de Samos, Eratosthène, Hipparque, Posidonius, Strabon, Claude Ptolémée... En physique mécanique, hydrostatique, hydrodynamique, optique : Archimède, Ctésibius, Héron, Philon, Claude Ptolémée... En histoire naturelle et médecine : Erasistrate, Hérophile, Dioscoride... En minéralogie : Théophraste. Source : http://wwwcrdp.ac-rennes.fr/crdp_dossiers/dossiers/archimede/histoire/EcoleAlex.htm, consulté en septembre 2009. Pour aller plus loin... : Achille Weinberg, « L'apport du monde arabe «, in : Sciences Humaines, hors-série n° 31, déc.- janv. 2000-2001, pp. 10-11. Repère : Le savoir Grec (Sciences Humaines, op. cit. p. 12-13). Bibliographie : Jean-Pierre Vernant, Mythes et pensée chez les Grecs, Paris, Maspero, 1974. Bertrand Gille, Les Mécaniciens grecs. La naissance de la technologie, Paris, Seuil, 1980. L'époque moderne Ce que l'on nomme couramment la science classique couvre une période qui va du milieu du 16° siècle à la fin du 18° siècle. Copernic (1473 - 1543), Galilée (1564 - 1642), Newton (1642 - 1727), Pascal (1623 - 1662), Huygens (1629 - 1695) en sont les figures marquantes. Cette époque est celle des grandes découvertes comme les lois de Kepler (1571 - 1630), celles de la chute des corps pesants (ou graves) de Galilée, la découverte de la circulation du sang par Harvey (1578 - 1657), l'algébrisation de la géométrie chez Descartes, la loi de la gravitation universelle de Newton (la force s'exerçant entre les planètes est proportionnelle au produit de leur masse et inversement proportionnelle au carré de leur distance). Mais elle constitue surtout une nouvelle représentation cohérente de l'univers (la Terre n'est plus au centre de l'univers et tourne autour du Soleil comme les autres planètes) mêlant l'expérimentation et la mathématisation de telle sorte que les phénomènes de la nature puissent être reconstruits à l'intérieur du domaine de la compréhension finie de l'être humain. 2. 1. La construction de l'Europe savante L'étude de la science classique impose de décrire les milieux, les réseaux, les institutions et les lieux d'enseignements. C'est par exemple la naissance au début du 17° siècle des premières académies (Royal Society à Londres, l'Académie Royale des Sciences à Paris), des cercles savants, de nouvelles relations façonnées par les usages commerciaux et d'importants échanges épistolaires. La science classique ne peut être pensée en dehors de ces multiples échanges internationaux que soulignent les expressions de « République des Lettres « ou d'« Europe savante «. Royal Society à Londres Ceux-ci sont l'enjeu de débats qui dépassent largement nos divisions disciplinaires. Les questions scientifiques ne sont pas indépendants d'implications sociologiques, philosophiques ou théologiques. Aussi, pour rendre compte de la réalité des connaissances de l'époque classique, il importe avant tout de décloisonner les problèmes traditionnels de l'histoire des sciences. Un exemple illustrera notre propos : la réflexion sur l'infini telle qu'elle s'exprime au 17° siècle qui constitue une étape décisive de la science classique puisqu'elle mène à l'algorithmisation de la cinématique par Varignon et Leibniz au début du siècle suivant. 2. 2. Penser l'infini : de la métaphysique à la science C'est Galilée qui pose en quelque sorte le problème en notant que la raison humaine ne peut s'empêcher sans cesse de revenir sur des notions telles que l'infini ou les indivisibles qui demeurent pourtant inaccessibles à notre entendement fini. Comme le montre le paradoxe des deux parallèles ci-dessous, l'infini est aussi bien ce qui reste toujours à l'horizon des questionnements que cet objet que l...
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« Cette   révolution   de   la   mentalit é  a   pu   être   men ée  à  bien   dans   la   mesure   o ù  elle   s’ins ère   d’abord   dans   une   civilisation   centr ée   sur   l’exploration   commerciale   et   les  voyages   ainsi   que   sur   le   dynamisme   de   nombreux   armateurs   et   entrepreneurs.

  Cette   ouverture   sur   l’ensemble   des   cultures   m éditerran éennes a pu ainsi concourir  à la curiosit é intellectuelle n écessaire  à ce genre de tournant intellectuel. Deuxi èmement,   le   d éveloppement   rapide   des   villes   dans   le   bassin   de   la   M éditerran ée   n écessitait   des   besoins   sp écifiques   comme   des   travaux   hydrauliques, la mise sur pied d’infrastructures en vue de l’approvisionnement et la circulation des ressources. Tout cela a pu encourager l’esprit   g éométrique ainsi que le d éveloppement de connaissances physiques  élémentaires. Troisi èmement,   il   ne   faut   pas   oublier   qu’un   tel   foyer   culturel   a  toujours   suscit é  les   convoitises   et   s’est   donc   d éploy é  en  lien  étroit   avec  certains   enjeux strat égiques d éfendus par l’art de la guerre. L’essor de la machinerie militaire et de la flotte ath énienne en est certainement l’exemple le plus   manifeste. C’est ainsi la technologie qui trouve  à s’employer, c’est­ à­dire l’application de th éories math ématiques et physiques  à des probl èmes de   la vie en soci été. Quatri èmement, la structure du pouvoir politique a pu  également fa çonner l’essor de l’esprit scientifique. Les d écisions  étaient prises au cœur de   l’Assembl ée   dans   laquelle   le   d ébat   est   toujours   pr ésent   :   l’ex écution   était   pr écédée   de   la   discussion   et   d’une   d élibération   publique.

  L’historien   britannique Geoffrey Lloyd a ainsi pu affirmer que la  science est essentiellement «   la fille de la d émocratie   » 1  par le d éveloppement de techniques   de parole (rh étorique, plaidoirie, dialectique,  éristique) cens ées permettre  à tout un chacun de rendre raison de ses id ées. Enfin, il s’agit de citer le r ôle massif de l’ écriture. Les Grecs adoptent au 7 ° siècle av. J.­C. le syst ème alphab étique invent é par les Ph éniciens. A   partir de cette date, c’est la litt érature qui peut appara ître (philosophique, historique, po étique) et des grands trait és qui constituent la m émoire des   diff érentes   disciplines.

  L’ écriture   permet   ainsi   une   codification   plus   rigoureuse   de   la   pens ée,   une   m émorisation   accrue   et   une   circulation   plus   é tendue des id ées et cela,  à une  échelle beaucoup plus large qu’au moyen de l’oralit é. L’ensemble  de  ces  facteurs  de  progression  ne  sont   pas en  soi  d écisifs  mais ensemble,  forment  les  mobiles  d éterminants  de  ce  «   miracle grec   »   (selon la formule d’Ernest Renan) qu’il faut dor énavant lire en continuit é et non pas en rupture avec les rationalit és ant érieures (babyloniennes ou   é gyptiennes) qui disposaient elles aussi d’un corpus de connaissances qui ne r éduisaient nullement  à des croyances mythiques. De m ême, il ne   faudrait pas arr êter ce mouvement de fond  à la seule M éditerran ée grecque mais le conduire, d ès le 8 ° siècle ap. J.­C., aux avanc ées scientifiques   majeures  en  langue  arabe.  Celle­ci  devient   en  effet  jusqu’au  15 °  siècle,  la  langue  de   la  science,  depuis  l’Espagne  jusqu’aux   limites  de   l’empire   chinois. 11  Geoffrey Lloyd,  Origines et d éveloppement de la science grecque. Magie, raison et exp érience , Paris, Flammarion, 1990. 2. »

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