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Mieux connaître l'histoire permet-il a l'homme de mieux exercer sa liberté ?

Publié le 20/03/2005

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histoire

Nombreux sont les penseurs contemporains qui constatent, dans notre actualité, une certaine décadence. Celle-ci se déclinerait, selon eux, en deux symptômes. En premier lieu, un assujettissement toujours accru au consumérisme manifeste : le désir croissant d'avoir, de posséder, de s'approprier les objets sublimés par une publicité de plus en plus agressive et suggestive. En second lieu, la manifestation grandissante d'une certaine misère psychologique et culturelle, entretenue par nos nouvelles modalités de communication (par exemple les fameux « sms «, qui dévoient notre rapport à la grammaire et linguistique traditionnelles), ainsi que par l'aveu d'une certaine « grise mine « à l'égard des espoirs fondés sur l'idée d'une humanité progressant vers la sagesse (les guerres, les conflits ne cessent pas !).

Notre sujet possède, dans ce cadre, une véritable pertinence. En présentant deux grand traits caractéristiques de l'espèce humaine (l'histoire comme conscience du passé, la liberté comme pouvoir de libération progressive des contraintes naturelles, des servitudes de toutes sortes), il nous pousse à nous interroger sur la possibilité d'un rapport, d'une intéraction entre la connaissance de notre histoire et l'exercice de notre liberté. Ce rapport, plus que jamais, constitue le coeur de nombreuses pensées philosophiques dont l'enjeu est de repenser le rôle de l'homme et de son histoire passée dans la considération d'un présent et d'un avenir.

De fait, le passé de l'espèce humaine a-t-il un rôle à jouer dans l'exercice de sa liberté ?

  • L'histoire, comme compilation linéaire des faits passés, n'est-elle pas plutôt un frein, un poids dans l'art de vivre librement le temps présent et à venir ?
  • Mais le manque de connaissance historique n'est-il pas, contradictoirement, le symptôme d'une humanité aliénée, enchaînée dans un présent insensé et sans horizon ?

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« sa fin » Rousseau entrevoit ici un sens du devenir positif, notamment dans la libération progressive de l'homme, vis-à-vis descontraintes naturelles, par sa capacité à apprendre et progresser dans les connaissances.

Descartes fut égalementl'instigateur d'une pensée du devenir historique humain comme avènement d'une libération de l'homme.

Selon lui, lecours de l'histoire devait nous amener « à nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » (cf.

Discours de la méthode , 6ième partie).

L'étude de l'histoire de l'humanité doit donc permettre à l'homme de comprendre cette orientation positive vers une libération d'une état premier, naturel, d'aliénation.

Hegel fut l'un des tenants les plus illustres d'une pensée encyclopédique de l'histoire humaine.

Celui-ci voyait en elle,non pas la décadence de l'homme, mais au contraire l'avènement d'une liberté spirituelle absolue.

L'histoire del'humanité serait la manifestation même d'une telle progression vers un « Esprit » absolu, auto-affirmé, libéré del'ignorance de son existence concrète.

Mais l'apport majeur et étonnant de Hegel sur la question du rapport entrel'histoire de l'humanité et la liberté, c'est de nous montrer que l'insignifiance du vécu individuel participe néanmoinsde l'avènement de cette liberté plus haute, celle de l'Esprit.

Nous laissons à Hegel le soin de conclure cette partie : « Cette question des moyens par lesquels la liberté se crée un monde nous conduit au coeur même du phénomènede l'histoire.

Si la liberté comme telle est en premier lieu le concept intérieur, les moyens sont au contrairequelque chose d'extérieur, de phénoménal, qui se présente donc dans l'histoire telle qu'elle s'offre immédiatementaux yeux.

Or l'image première de l'histoire nous montre les actions des hommes qui émanent de leurs besoins, deleurs passions, de leurs intérêts comme des représentations et buts qu'ils se forment à partir d'elles, de leurscaractères et de leurs dons ; et cela de telle manière que dans ce spectacle de l'activité, ce sont ces besoins,passions et intérêts, etc., qui apparaissent comme les seuls mobiles.

Les individus se proposent bien, pour unepart, des buts généreux, ils veulent un certain bien, mais de telle manière que ce bien même est de nature limitée(par exemple le noble amour de la patrie, mais qui, éventuellement, est celui d'un pays dont l'importance auregard du monde et de la finalité générale du monde est insignifiante) [...].

Mais, pour une autre part, ce sont lespassions, les fins de l'intérêt particulier, la satisfaction de l'égoïsme qui ont le plus de puissance ; elles tiennent leurforce de ce qu'elles ne respectent aucune des bornes que le droit et la moralité veulent leur fixer et de ce que lapuissance naturelle de la passion a plus d'affinité immédiate avec l'homme qu'une éducation artificielle et longuevisant à l'ordre et à la modération, au droit et à la moralité.Lorsque nous considérons ce spectacle des passions et les conséquences de leur déchaînement, lorsque nousvoyons la déraison s'associer non seulement aux passions, mais aussi et surtout aux bonnes intentions et aux finslégitimes, lorsque l'histoire nous met devant les yeux le mal, l'iniquité, la ruine des empires les plus florissants qu'aitproduits le génie humain, lorsque nous entendons avec pitié les lamentations sans nom des individus, nous nepouvons qu'être remplis de tristesse à la pensée de la caducité en général.

Et étant donné que ces ruines ne sontpas seulement l'oeuvre de la nature mais encore de la volonté humaine, le spectacle de l'histoire risque à la fin deprovoquer une affliction morale et une révolte de l'esprit du bien, si tant est qu'un tel esprit existe en nous.

Onpeut transformer ce bilan en un tableau des plus terrifiants, sans aucune exagération oratoire, rien qu'en relatantavec exactitude les malheurs infligés à la vertu, l'innocence, aux peuples et aux États et à leurs plus beauxéchantillons.

On en arrive à une douleur profonde, inconsolable que rien ne saurait apaiser.

Pour la rendresupportable ou pour nous arracher à son emprise, nous nous disons : Il en a été ainsi ; c'est le destin ; on n'y peutrien changer ; et fuyant la tristesse de cette douloureuse réflexion, nous nous retirons dans nos affaires, nos butset nos intérêts présents, bref, dans l'égoïsme qui, sur la rive tranquille, jouit en sûreté du spectacle lointain de lamasse confuse des ruines.

Cependant, dans la mesure où l'histoire nous apparaît comme l'autel où ont étésacrifiés le bonheur des peuples, la sagesse des États et la vertu des individus, la question se pose nécessairementde savoir pour qui, à quelle fin ces immenses sacrifices ont été accomplis.

C'est par cette question que nouscommençâmes notre méditation.

Or dans tous les faits troublants qui peuplent ce tableau, nous ne voulons voirque des moyens au service de ce que nous affirmons être la destination substantielle, la fin ultime absolue ou, cequi revient au même, le véritable résultat de l'histoire universelle.

Nous avons généralement évité de nous engagerdès le commencement dans la voie des réflexions, de passer directement de l'image des faits particuliers à leursens général.

D'ailleurs ces réflexions sentimentales n'ont aucun intérêt à s'élever au-dessus de ces considérationset des sentiments qui en dérivent, et résoudre réellement les énigmes de la Providence dont nous avons fait état.Il leur convient plutôt de se complaire mélancoliquement dans les sublimités vides et stériles que leur inspire cepremier bilan né ». La Raison dans l'histoire , Chapitre II.

La réalisation de l'Esprit dans l'histoire , 2.

LES MOYENS DE LA RÉALISATION, Les mobiles historiques Conclusion Le poids de l'étude approximative d'une histoire de l'humanité, écrite en lettres de sang, semble amener sonlecteur dans un état de déprime et non vers l'amélioration de l'exercice de sa liberté.Cependant la philosophie nous permet d'étudier, plus en profondeur, le sens d'un devenir historique qui permetà l'homme d'avoir foi en son intelligence et en ses efforts continus vers la conquête d'une liberté toujours plusaffirmée concrêtement.. »

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