N'y a-t-il de vérité que dans la Science ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
L'expérience vient souvent contredire des théories en vigueur.
Ainsi, par exemple, depuis Aristote, onprétendait que la nature avait horreur du vide.
Or, en 1643, des fontainiers de Florence rapportent à Torricellil'observation étrange qu'ils avaient faite : l'eau ne monte plus dans une pompe aspirante vide au-delà de10,33 mètres.
Toricelli refit cette expérience en imaginant des dispositifs expérimentaux différents.
Pourdissiper toutes les objections contre l'existence du vide, Pascal demandera à son beau-frère Florin Périerd'organiser l'expérience du Puy-de-Dôme.
Celle-ci montrera que la hauteur du vif-argent dans un tuyau estmoindre en haut qu'en bas de la montagne.
Il s'ensuit nécessairement que la pesanteur ou pression de l'air estla seule cause de cette suspension du vif-argent, et non pas l'horreur du vide.
Pascal en conclura que dans lejugement qu'ils ont fait que la nature ne souffrait point du vide, les anciens « n'ont entendu parler de lanature qu'en l'état où ils la connaissaient [...] ils ont entendu qu'elle n'en souffrait point dans toutes lesexpériences qu'ils avaient vues, et ils n'auraient pu sans témérité y comprendre celles qui n'étaient pas en leurconnaissance.
» (« Préface pour le traité du vide »).L'expérience est souvent à l'origine de nouvelles lois et théories.
Il appartient au savant de mettre en placeles conditions garantissant l'objectivité et la rigueur des observations et des expérimentations.En physique, une théorie, logiquement valide, sera tenue pour vraie si l'expérience, dont on contrôle tous lesparamètres, vient la confirmer.
Il est impossible, dans les autres domaines de la connaissance, de parvenir àune telle objectivité.
Le sociologue ou l'historien, par exemple, ne parviendra jamais à isoler les paramètresexpérimentaux lui permettant de vérifier sa théorie.
[La science ne peut pas prétendre avoir le monopole de la vérité.
La raison n'est pas seulement scientifique.
La notion de vérité a un champ d'application quidépasse le cadre de l'activité scientifique.
La science ne connaît qu'une part infime du réel.
La vérité concerne également la morale et les sentiments.]
La science est-elle bien la seule voie d'accès à la vérité? Ce qui est scientifiquement établi peut-il suffire ànourrir la soif humaine du vrai ? Rien de plus contestable que ce type de démarche.Il faut donc poser la question : quand la science revendique le monopole de la vérité et soutient qu'au-delà duchamp qu'elle explore et de la preuve mathématico-physique la vérité fait place aux rêves et aux chimères, lechamp de la métaphysique conçue comme vraie doit-il être répudié ? Un premier ordre d'interrogation s'offre ànous.
La métaphysique ne prouve pas objectivement ce qu'elle affirme.
Doit-elle être rejetée?Or, puis-je et dois-je douter que je suis? Si je ne puis le prouver scientifiquement, toutefois je saisis mon êtreet je sais que j'existe comme moi et même comme cogito.
Je dois donc ici, dans le domaine métaphysique,tenir pour vrai ce qui n'est pas scientifiquement prouvé.La métaphysique retrouve d'ailleurs une forme de vérité dans la me-sure où les sciences faisant profession detirer toute vérité de l'objet, du contrôle scientifique, de la preuve mathématique et physique, etc.
retrouventnéanmoins dans cet objet quelque chose du sujet lui-même.
Donc, bien au-delà de la vérité scientifique, etinformant cette dernière, se manifeste l'esprit humain fondateur.
Comme l'écrivait Husserl : « L'esprit, et mêmeseul l'esprit, existe en soi et pour soi ; seul, il repose sur soi et peut, dans le cadre de cette autonomie etseulement dans ce cadre, être traité d'une manière véritablement rationnelle.
[...] Quant à la nature,considérée dans la vérité que lui confèrent les sciences de la nature, elle n'a qu'une autonomie apparente.[...] Car la nature vraie, au sens des sciences de la nature, est l'oeuvre de l'esprit qui l'explore.
» (La crise del'humanité européenne et la philosophie).
La science elle-même présuppose donc une vérité métaphysique,comme première assise de tout le reste.Envisageons maintenant la poésie:
« La Nature est un temple où de vivants piliersLaissent parfois sortir de confuses parolesL'homme y passe à travers des forêts de symbolesQui l'observent avec des regards familiers »BAUDELAIRE, Les fleurs du mal.
Correspondances.
Nous savons, nous, qu'il ne faut pas tenir pour vrai seulement ce qui s'appuie et se fonde sur la preuvescientifique.
La poésie n'est-elle pas capable de dire ce qui est vrai ? Nous pouvons tenir pour vrai ce quin'est pas scientifiquement prouvé : un vers admirable énonce ce qui est vrai et affirme un réel et une véritéirréductibles à la science: « Là tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté », dit le poète.
Ici surgitune vérité, sous-traite aux preuves logiques ou physiques.
C'est la vraie vie que nous communique larévélation poétique.Enfin, l'amour et la foi aussi peuvent énoncer des jugements adéquats et non scientifiquement prouvés.
Lepremier ne va-t-il pas, parfois, à l'essence vraie de l'être humain ? Loin d'être seulement
cristallisation illusoire, ne dévoile-t-il pas fréquemment ce qui est ? Quant à lafoi, ne peut-elle aussi déboucher sur le tout autre ordre? Peut-être fait-elleaccéder à une vérité inhérente à notre être marqué par le désir d'infini.Donc tout signale que la science n'est pas, avec sa preuvelogicomathématico-physique, la seule voie d'accès à la vérité.
Lamétaphysique, la poésie, la foi sont aussi des formes du savoir vrai.
Enparticulier, tout indique qu'il est un savoir affectif, lié à la poésie, à l'art, à la.
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