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Obéir, est-ce n'être plus libre ?

Publié le 09/01/2004

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La notion de loi peut renvoyer à des sens qu’il convient de distinguer. Dans le domaine des sciences de la nature elle désigne un rapport universel et invariable entre des phénomènes. En ce sens la loi ne peut subir aucune exception (un homme qui saute en l’air retombera en vertu de l’attraction terrestre qu’il le veuille ou non). Dans le sens juridique, ou moral, la loi désigne une obligation à laquelle l’homme a le pouvoir de se soustraire (je peux choisir de voler alors que la loi morale ou celle d’un pays donné l’interdisent). C’est donc dans ce deuxième sens de la loi que se pose la question du rapport de la loi et de la liberté. Dans cette perspective, la liberté s’entend d’abord négativement comme pouvoir de ne pas obéir à la loi (je suis libre de ne pas respecter la loi). Mais la liberté peut aussi s’entendre en un sens positif comme décision de respecter la loi. Dans ce deuxième sens l’obéissance à la loi ne brime pas ma liberté, parce que j’ai décidé positivement de respecter la loi. La question est alors de savoir si le rapport de l’autorité souveraine (qui fait les lois) et du citoyen (qui y obéit ou les transgresse) est tel que le citoyen subit passivement la contrainte de la loi, ou décide de lui obéir.

« le choix incompréhensible de lui sacrifier leur liberté, aliénant par là leur être même. Cette « volonté de servir » peut s'expliquer par le fait que « la nature a en nous moins de pouvoir que la coutume »: les hommes élevés sous la tyrannie prennent le pli de la servitude.

Le tyran abrutit et corrompt ses sujets par leprincipe du pain et des jeux, consistant à« sucrer la servitude d'une venimeuse douceur ».

Il utilise la religion pourleur inculquer la dévotion, à travers des fables.

La Boétie évoque ici la croyance aux rois thaumaturges, c'est-à-dire faiseurs de miracles (on leur prête la faculté de guérir les maladies), mais esquisse aussi une critique de lathéorie du droit divin, ramenée à une histoire qu'on raconte.

Quant aux rares individus éclairés ayant gardé le désirde la liberté, le tyran les élimine ou les isole par la censure. Un seul homme ne pourrait jamais asservir tout un peuple sans une chaîne d'intermédiaires grâce à laquelle « letyran asservit les sujets les uns par le moyen des autres ».

Le secret de la domination réside en effet dans lacomplicité des « tyranneaux », ces « mange-peuples » qui soutiennent le tyran pour satisfaire leur ambition et leurcupidité.

Chaque maillon de la chaîne accepte d'être tyrannisé pour pouvoir tyranniser à son tour, démultipliant ainsila relation de domination jusqu'à enserrer toute la population dans le filet du tyran. B) N'est-ce pas plus profondément que les hommes sont angoissés par leur liberté, qu'elle leur pèse, quoiqu'ils en disent ? 1° Obéir aveuglément (à une loi, à un parti, aux préceptes d'une religion), n'est-ce pas au fond rassurant ? L'hommey trouve la certitude (illusoire) d'être dans le bon camp, d'agir comme il faut.

Sartre stigmatisera cette attitude enparlant de "mauvaise foi". Dans l'exemple célèbre du garçon de café, Sartre analyse le faux-semblant durôle social que nous jouons afin d'être "personne", dans toute l'ambiguïté duterme.

La conduite d'un garçon de café est un jeu, une comédie.

Il répètedes gestes automatiques et standards, dans son pas trop vif, sonempressement trop affecté, sa sollicitude trop appuyée.

Sa politesse et sadiligence ressemblent à une politesse et à une diligence de garçon de café.

Iljoue à être garçon de café.

Comme l'enfant joue avec son corps pour ledécouvrir et l'explorer, le garçon de café joue son propre rôle pour le réaliser.Chaque profession, chaque statut social délimite précisément le rôle et lafonction à laquelle nous sommes tenus, et que nous ne pouvons outrepasserou délaisser sous peine de perdre la face.

"Un épicier qui rêve est offensantpour l'acheteur, parce qu'il n'est plus tout à fait un épicier." Personne n'estimmédiatement ce que la société nous commande d'être, et elle nouscommande d'avoir à être ce que nous ne sommes point.

Le garçon de cafén'est pas garçon de café de la même manière qu'un encrier est un encrier.

Ildoit être garçon de café, et c'est la raison pour laquelle il s'efforce de jouerpour le mieux ce rôle.

Les rôles sociaux ne sont que des représentations, pournous et pour les autres, et nous ne pouvons les tenir qu'en représentation.Les rapports sociaux ne peuvent donc être autre chose que des jeux.Pourtant, nul ne nous oblige, sinon notre propre liberté, à alimenter cethéâtre social où chacun joue la personne imaginaire qu'il a à être et qu'iln'est pourtant pas. • Ex.: le fanatisme religieux ou politique. 2° Mais il renonce, ce faisant, à sa qualité d'homme et à l'usage de sa liberté.

D'une servitude volontaire à l'utopie. Un opuscule — qui ne cesse depuis de hanter la philosophie politique à chaque période critique de l'histoire — sedéploie alors dans la provocation et le refus.

En saisissant son lecteur au plus vif de ses croyances politiques avecun ouvrage qui n'est pourtant pas simplement un pamphlet antimonarchique local, Étienne de La Boétie (1530-1563). »

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