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Peut-on concevoir une société sans mal ?

Publié le 10/12/2005

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La société et sa visée morale 1. le mal et les méchants Texte Rousseau Les coupables qui se disent forcés au crime sont aussi menteurs que méchants : comment ne voient-ils point que la faiblesse dont ils se plaignent est leur propre ouvrage ; que leur première dépravation vient de leur volonté ; qu'à force de vouloir céder à leurs tentations, ils leur cèdent enfin malgré eux et les rendent irrésistibles ? Sans doute il ne dépend plus d'eux de n'être pas méchants et faibles, mais il dépendit d'eux de ne pas le devenir. O que nous resterions aisément maîtres de nous et de nos passions, même durant cette vie, si, lorsque nos habitudes ne sont point encore acquises, lorsque notre esprit commence à s'ouvrir, nous savions l'occuper des objets qu'il doit connaître pour apprécier ceux qu'il ne connaît pas ; si nous voulions sincèrement nous éclairer, non pour briller aux yeux des autres, mais pour être bons et sages selon notre nature, pour nous rendre heureux en pratiquant nos devoirs ! Cette étude nous paraît ennuyeuse et pénible, parce que nous n'y songeons que déjà corrompus par le vice, déjà livrés à nos passions. Nous fixons nos jugements et notre estime avant de connaître le bien et le mal ; et puis, rapportant tout à cette fausse mesure, nous ne donnons à rien sa juste valeur.  2.  Le retour du mal chez les hommes  Texte A.Schopenhauer Parerga et Paralipomena «  Par une froide journée d'hiver, un troupeau de porcs épics s'était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par  leur propre chaleur .Mais tout aussitôt, ils ressentirent de leurs piquants, ce qui les fit s'éloigner les uns des autres. Quand le besoin de se réchauffer les eu rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de façon qu'ils étaient ballottés de ci delà entre les deux souffrances, jusqu'à ce qu'ils eussent fini trouver la distance moyenne qui leur rendit la situation supportable.

Le terme de société s’oppose à l’état naturel des rapports humains : elle correspond à l’organisation juridique de la société dans laquelle tous les rapports entre les individus sont définis et régis par la loi. Dans la société civile, l’individu est défini comme un citoyen possédant des droits et des devoirs personnels prescrits par l’état. En parlant du « mal «, nous parlons en vérité de deux réalités, de deux entités radicalement hétérogènes du point de vue de l’expérience qui en est faite. En effet, dans ce terme, nous englobons deux types de maux : des maux subis et des maux commis à la fois. Par maux soumis, nous désignons les maux dont nous faisons l’expérience, qui viennent nous heurter, nous affecter. Mais par « mal «, nous entendons également la souffrance tant morale que physique que nous commettons, et qui du point de vue d’autrui est un mal « subi «. En dépit de cette dualité, il existe néanmoins une caractéristique commune de ces deux types de maux qui est la souffrance, puisque dans ces deux situations quelqu’un est affecté par cette dernière. Concevoir signifie d’abord former un concept, à savoir une représentation abstraite de quelque chose qui se traduit dans le langage. Mais par delà ce sens restreint du terme, nous pouvons dire que concevoir, c’est aussi réaliser, faire aboutir une idée, réaliser quelque chose. Ce sens est dérivé du terme vers lequel tend la conception intellectuelle, à savoir l’entrée dans le domaine du concret. Il devient donc synonyme de « réaliser «. Nous distinguerons donc au cours de ce travail entre une conception « intellectuelle « et une conception « réelle «.

« comme si, même dans les libres productions de l'esprit humain, le mal ne pouvait que poursuivre à s'imposer. II.

Peut-on concevoir réellement une société sans mal ? a.

Des tentatives concrètes pour concevoir des sociétés sans mal Cependant, comment répondrons-nous à la question posée si nous prenons le terme « concevoir », non dans sonpremier sens intellectuel, mais dans son second sens, celui de la réalisation d'une chose dans les faits ? Il sembleque certaines tentatives ont déjà été menées dans le passé pour faire émerger des sociétés sans mal, telles que lePhalanstère de Fourrier au XIXe siècle.

Allant plus loin, nous pouvons même dire que l'objectif de toute société estde faire émerger des rapports sociaux le plus possible dépourvus de maux, subis aussi bien que commis.

En ce sens,on peut comprendre le communisme, qui devait sortir de l'instauration d'une société socialiste, comme un terme idéaloù le mal aurait disparu, à commencer par l'un des maux les plus répandus qui est l'injustice. b.

La société sans mal est en définitive impossible à concevoir Cependant, ce que nous venons de dire ne montre que l'existence d'une tentative pour concevoir une société sansmal, non sa réalisation effective.

Nous dirons qu'il s'agit toujours d'échecs, pour deux raisons principales.

D'une part,nous ne pouvons dire qu'une société sans mal est possible à concevoir, dans la mesure où dans toute société, lesmaux subis (la maladie, la mort) resteront le lot commun de l'humanité.

Mais en un autre sens, plus pessimisteencore, nous pouvons affirmer que concevoir réellement une société sans mal est impossible, puisqu'il semble que leshommes sont naturellement portés à la méchanceté.

Hobbes dans le Léviathan défend cette thèse en montrant que « l'homme est un loup pour l'homme ».

Dans l'état de nature, c'est le règne de la méchanceté qui s'exprime, commejouissance absolue de la souffrance d'autrui au titre du plaisir que cette souffrance peut procurer, ou commeexpression d'une volonté non normée dans la recherche de son intérêt privé.

Comme le dit Hobbes dans leLéviathan (XIII): « Nous pouvons trouver dans la nature humaine trois causes principales de querelles : premièrement la rivalité ; deuxièmement, la méfiance ; troisièmement, la fierté ». Et dans la société, ce n'est que la menace de l'état qui permet de maintenir la méchanceté humaine, de l'empêcherde se donner libre cours.

Nous dirons donc qu'il est impossible de concevoir une société sans mal, de la rendreréelle, car il est impossible d'éliminer cette part de méchanceté, de cruauté, inhérente à la nature humaine, et quela société ne peut que contenir, jamais éliminer. III. Les conceptions intellectuelles d'une société sans mal permettent la conception de sociétés réelles a.

L'utopie, ou la recherche de possibles améliorations de la société Cependant, si la conception mentale d'une société sans mal aussi bien que la conception bien réelle d'une tellesociété sont impossibles, nous dirons néanmoins que les recherches utopiques permettent des améliorationsconcrètes des sociétés réelles.

En effet, l'Utopie est une démarche exploratoire pour identifier de nouvelles manièresd'améliorer la société, ou tout du moins, identifier quels maux rongent cette dernière.

Par exemple, Thomas More estle premier à identifier le rôle de la propriété privée dans les maux de la société de son temps, ce dont Marx sesouviendra bien après lui : « Les Utopiens appliquent en ceci le principe de la possession commune.

Pour anéantir jusqu'à l'idée de la propriétéindividuelle et absolue, ils changent de maison tous les dix ans, et tirent au sort celle qui doit leur tomber enpartage ».

L'Utopie, Thomas More. b.

Que gagnent les sociétés réelles à la conception intellectuelles de sociétés sans mal ? Nous dirons donc que concevoir une société sans mal est impossible dans les deux sens du verbe concevoir, maisqu'il est néanmoins possible que les tentatives pour concevoir une telle société dans l'esprit débouchent sur desaméliorations concrètes.

En effet, la réflexion utopique est toujours ouverte sur une réalisation dans les faits de sespropres prescriptions.

Par exemple, Raphaël Hythloday, le personnage de l'Utopie de Thomas More, espère susciterun changement concret dans le royaume d'Angleterre, au moyen d'une action politique qui s'inspirerait des leçonsdonnées par son expérience.

L'utopie a donc pour fonction d'inspirer l'action concrète de ceux qui ont en main lepouvoir politique.

Les utopies politiques inventent des améliorations auxquelles les contemporains n'avaient jamais. »

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