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Peut-on penser la mort ?

Publié le 17/01/2022

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HTML clipboardTrois aspects fondamentaux de la question doivent être pris en considération pour organiser la réflexion :  • « la mort « : le substantif utilisé ici semble renvoyer à une réalité précise, qu'il serait d'emblée possible de distinguer de ce qui n'est pas elle. Mais est-ce bien légitime ? Peut-on parler de la mort comme d'une réalité distincte, nettement identifiable et séparable ? Si oui, de quelle mort s'agit-il ? Les situations d'emploi du terme lui confèrent des significations très variées : si, en biologie et en médecine, on parle de « mort clinique «, on parle aussi, en physique, de « mort thermique de l'univers «. Dans de nombreuses mythologies, la Mort apparaît comme une véritable entité (abstraction personnifiée). Ainsi, la diversité des significations et des contextes d'utilisation de la notion devra être prise en considération comme une des contraintes assignée à la réflexion (puisque, de façon générale, la caractérisation ou la définition d'une réalité désignée sous la forme d'un groupe sujet dont on envisage les attributs possibles se doit d'envisager les différentes acceptations qui sont les siennes).  • « pensable « : c'est la possibilité de penser la mort qui fait problème, et qui doit constituer l'objectif principal de la réflexion. L'existence de différentes représentations de la mort — outre qu'elle ne peut être assimilée d'emblée à une preuve rigoureuse de cette possibilité — ne peut, à elle seule, « remplir « la réflexion : un point de vue normatif, concernant la validité de représentations qui prétendent « penser la mort « devra donc être mis en œuvre.  • « penser la mort « : qu'est-ce qu'une réalité pensable ? Quelles conditions doit remplir un objet pour être pensé, ou un être humain pour pouvoir penser telle ou telle réalité ? Qu'est-ce qui problématise la possibilité de penser la mort ? La réflexion devra s'efforcer de maintenir constamment la différence entre penser et imaginer, concevoir, envisager etc. c'est-à-dire toutes les modalités de l'activité mentale qui peut se développer à propos d'un thème déterminé. De même, on évitera d'assimiler spontanément penser et connaître, ou, si on le fait, on le justifiera en précisant par exemple que l'on retient une acception très stricte du mot « penser « (saisir un objet dans la multiplicité et la cohérence de ses déterminations, et non pas seulement l'appréhender mentalement).

« Heidegger: De l'insouciance du mortel face à la mort On ne connaît que la mort, attendue ou accidentelle, des autres.

La mort estcelle des proches ou des inconnus.

Elle est un événement naturel, banal, prisdans l'ordinaire des faits divers quotidiens : "La mort se présente comme unévénement bien connu qui se passe à l'intérieur du monde." Cette banalitéquotidienne des événements se caractérise par l'absence d'imprévu, et lamort comme événement ne déroge pas à la règle.

En revanche, ma propremort est un événement prévu, qui fait l'objet d'une absolue certitude, maiscomme réalité absente, non encore donnée, elle estindéterminée et pour cette raison n'est pas à craindre.

L'expérience memontre qu"'on meurt", c'est-à-dire que la mort concerne avant tout le "on" :tout le monde, et personne en particulier.

Et tant que l"'on meurt", ce n'estprécisément jamais moi qui meurs.

"On", c'est tous, donc pas moi enparticulier.

Dans l'expérience quotidienne de la vie, le "fait de mourir" estramené au niveau d'un événement qui concerne bien la réalité humaine, maiselle advient toujours pour moi par procuration.

Dans la réalité humaine etsociale, la mort est un événement qui relève du domaine public.

A ce titre depseudo-réalité, nous en oublions ses éléments constitutifs : en soi, la mortest un inconditionnel et un indépassable qui fonde la possibilité de ma propreexistence et sa prise de conscience.

Elle est un impensable qui fait le fond dela possibilité de penser mon existence propre : "Le "on" justifie et aggrave latentation de se dissimuler à soi-même l'être pour la mort, cet être possédé absolument en propre." Quand on dit quela mort n'est "pas encore, pour le moment", on s'accroche à la réalité humaine pour se voiler la certitude que l'onmourra un jour.

On fuit la mort, parce que c'est une pensée fatigante et inaccessible, et que nos soucis quotidiensnous paraissent plus importants que la réflexion sur le fondement de tout être humain d'être un être pour la fin.

Lamort est sans cesse différée, et sa préoccupation laissée à l'opinion générale. L'expérience du temps qui passe. On peut toutefois se demander si la mort n'est qu'un événement qui nous est extérieur.

Ne fait-elle pas, d'unecertaine manière, partie de nous? Notre être-pour-la-mort ne se révèle-t-il pas dans l'expérience du temps quipasse? Ce présent qui se passéifie sans cesse, ne signifie-t-il pas qu'à un moment X je disparaîtrai aussi ? Notreconscience n'est-elle pas ce pouvoir de néantiser ce qui est? Avoir conscience, n'est-ce pas, en effet, sedédoubler, se séparer de soi, mourir un peu ? La mort n'est-elle pas inscrite au plus profond de nous, comme unecertitude inséparable de notre destin ? N'est-ce pas, dès lors, elle qui donne un sens et une valeur à notre vie ? Nécessité de se référer à la mort pour penser LA VIE. S'il n'y a pas d'expérimentation authentique possible de la mort, il n'y a non plus de concept permettant d'en rendrecompte.

L'entendement ne peut la connaître.

Reste qu'il peut y avoir un concept de la Raison, c'est-à-dire une Idéepermettant non certes d'entendre (comprendre) mais de concevoir.A la rigueur, on ne pourrait pas comprendre ou expérimenter la mort qu'en se situant dans le domaine transcendantet non pas transcendantal, et dépassant par nature les conditions de l 'expérience, de son conditionné versl'inconditionné.

Ce qui permettrait d'expliquer le phénomène de la mort et de dépasser la sphère du sensible pours'élever vers le suprasensible.Mais, que serait l'idée de Néant? Serait-ce un néant d'idées? "La mort, nul ne peut en faire l'expérience en elle-même (car faire une expérience relève de la vie) mais on ne peutque la percevoir chez les autres" (kant).

Il peut y avoir un concept de la mort biologique de l'altérité: les autresmeurent sous mes yeux.

Encore est-ce un concept négatif de l'arrêt de la vie.

Mais, qu'est-ce que sa mortvéritablement (l'essentiel nous a fui...)? Par où a-t-il passé? Va-t-il au Rien ou quelque part? Sur lui, comme surmoi-même, je ne peux que questionner.

Métaphysiquement, je ne peux qu'interroger et supputer.Je puis dire que toute mort est une naissance négative.

Il y en aurait finalement un concept; comme du dé-plaisir,du dés-amour.

Non le nihil negativum logique, non le nihil par défaut ou absence mais le nihil par privation: le rienréel et positif, le négatif positif.

Comme Idée de la Raison, la mort a une conceptualisation, et, celle-ci fonderéférence à la vie.

Quel sens aurait en effet une existence sans la conscience inexpérimentée et inexpérimentablede la mort?Dans la sphère de l'animalité, la vie est tout entière subordonnée à l'instinct et aux influences du milieu.

Aussi, d'ellene peut émaner aucune signification, aucun savoir-faire.

Déductivement, une existence humaine privée de fin seraitatélique, sans pro-jet ni finalité.

Sans la scansion du temps, l'homme se perdrait dans une diversité rapsodique, dansune pluralité absurde, il n'entreprendrait plus rien: Pourquoi se plaindre de posséder dans le temps une limite? Sanslimites, il n'y a pas de forme.

Sans forme, il n'y a pas de perfection possible.Paradoxalement, c'est la conscience individuelle de la mort qui fournit à l'individu des raisons d'espérer (croyancesreligieuses) et d'entreprendre, d'aimer, de travailler.

Et, c'est par ces concrétions que l'homme se départi et sesingularise de l'ordre des vivants.

La conscience du devoir mourir nous fournit le cadre duquel il nous faudra déployerl'acte d'exister, c'est-à-dire de produire du sens (pour nous).

La conscience d'être mortel est une invitation àélaborer pour autrui et pour moi-même une authenticité d'être.Je me sais être un condamné à mort sursitaire, et redoutant la mise à exécution de la sentence inique d'un jury non. »

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