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Philo/tronc commun - État & liberté J.

Publié le 07/01/2021

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Philo/tronc commun - État & liberté J. Schmitt - 12/2020 L'existence de l’État est-elle un obstacle à la liberté ? Analyse de la question - On remarque d'emblée un présupposé (qqc que la question implique comme allant de soi) : l’État serait une chose réelle, qqc qui existe. Or, cela ne va pas de soi si on y réfléchi bien, car l’État n'est pas vraiment une entité concrète, qqc qu'on pourrait par exemple voir, toucher ou photographier. L’État n'est jamais vraiment présent, mais il est plutôt représenté (par un fonctionnaire, par une institution, par un symbole comme le drapeau, par une personne incarnant l'autorité de l’État, etc.). - On constate que le mot État (qui prend toujours une majuscule quand on parle de l’État au sens politique, et non de l'état au sens physique comme dans la phrase « ce soir, je suis dans un sale état » ; étymologie stare = ce qui est stable) peut être défini de deux manières distinctes : 1) Un État est un ensemble d'individus qui vivent sur un territoire déterminé sous l'autorité d'un pouvoir politique, qui peut être tenu pour une personne morale quant à ses rapports avec les autres États. Cette définition de l’État en fait presque un synonyme de pays. 2) L’État, c'est l'autorité souveraine (= qui détient la souveraineté, autrement dit le pouvoir) qui s'exerce sur une population et un territoire déterminés. Cette définition plus restrictive désigne spécifiquement un des éléments de la définition précédente : à savoir l'autorité politique ou le pouvoir politique qui s'exerce sur une population et un territoire. L’État ainsi défini est extérieur à la vie sociale qu'il organise plus ou moins, à la population sur laquelle précisément il exerce son autorité. L’État par là se distingue donc de la société civile. Il se manifeste par un gouvernement et, plus largement, les institutions nécessaires à l'exercice de la souveraineté (justice, police, armée). Réduit à sa plus simple expression, l’État peut donc se définir par les pouvoirs régaliens (dont disposait le régent, le monarque sous l’Ancien Régime), à savoir : la police, qui assure la sécurité publique, la justice qui tranche les différends, la défense nationale qui assure l’intégrité du territoire, l’émission de monnaie, monopole de l’État, de la Banque centrale de l’État. Tous ces pouvoirs étant à la disposition de l’État comme des instruments, des moyens au service de fins politiques. Il faut aussi noter que l’État ne saurait exister sans impôt : pour fonctionner et agir, le gouvernement et les institutions sans lesquels l’État n'existe pas nécessitent de disposer d'une richesse matérielle (taxes). Que l’État réponde à deux définitions dont l'une isole un élément de l'autre doit nous laisser perplexe. Pourquoi une définition totalisante et une autre restrictive ? Pourquoi, du point de vue des individus, une définition qui exprime une relation d'appartenance, d'immersion, et une autre qui, au contraire, traduit une distance et fait de l’État quelque chose d'étranger, voire d'hostile ? Pourquoi une définition « chaude » de l’État et une autre « froide » ? La chaleur du pays, de la patrie, de la communauté, des réjouissances et célébrations collectives, et la froideur glaciale du monstre aveugle, du fusil et de la matraque, de la prison et des peines, de la surveillance et du renseignement, de l'administration et du fisc ? - Comment définir la liberté ? Partons de l'idée la plus simple, la plus commune de la liberté : c'est l'absence de contraintes, autrement dit le pouvoir de faire ce que l'on veut sans restriction et sans obstacle. Cette première définition peut facilement être mise en tension avec la notion d’État, dans la mesure où celui-ci paraît jouer un rôle de limitation de la liberté des individus, voire parfois semble aller jusqu'à oppresser l'individu (le priver arbitrairement et plus ou moins violemment de certaines Philo/tronc commun - État & liberté J. Schmitt - 12/2020 libertés). Problématisation de la question On a donc une première réponse qui se dessine, a priori la plus évidente (et qu'il va s'agir de critiquer par la suite) : l'existence de l’État semble bien constituer un obstacle majeur à la liberté des individus. La réflexion permet de formuler une deuxième réponse en tension avec la première : sans l’État, c'est-à-dire sans une autorité souveraine capable de limiter les libertés de chacun en vue d'assurer la sécurité des individus et la stabilité de la collectivité, la liberté apparaît comme étant impossible, ou au moins fragile voire illusoire. On peut alors formuler clairement le problème que nous allons tenter de résoudre dans notre dissertation : À première vue, l'existence de l’État semble bien constituer un obstacle majeur à la liberté des individus, définie comme absence de contraintes, puisque l’État c'est ce qui, par définition, limite la liberté, interdit, autorise et sanctionne nos actions. Néanmoins, sans l’État, c'est-à-dire sans une autorité souveraine capable de limiter les libertés de chacun en vue d'assurer la sécurité des individus et la stabilité de la collectivité, la liberté apparaît comme étant impossible, ou au moins fragile voire illusoire. I. L'existence de l’État semble bien constituer un obstacle majeur à la liberté des individus 1) Argument A : Il semble y avoir contradiction entre l'existence même de l’État et la liberté individuelle comprise comme absence de contraintes - Les impôts : tout individu vivant dans un État se voit taxé au nom de l'autorité souveraine (TVA, impôt sur le revenu, etc.) car aucun État ne peut exister sans détenir de la richesse matérielle (police, armée, justice et autres aménagements et infrastructures nécessitent de l'argent). Or, l'impôt est énoncé et appliqué par la loi, dont l’État est garant. D'où l'idée suivante : - Les lois en général : l’État, parce qu'il est par définition l'autorité souveraine, produit des lois et les fait appliquer. Or, toute loi est une règle collective qui apparaît inévitablement comme un obstacle à la liberté individuelle définie comme absence de contraintes. En effet, les lois et leur application nous empêchent de faire tout ce que nous voulons, même si cela peut parfois sembler légitime (ex. : ce n'est pas parce que ma femme est sur le point d'accoucher sur la banquette arrière de ma voiture, que je suis libre de brûler tous les feux rouges pour me rendre à l’hôpital). 2) Argument B : la nature de l'homme semble nécessiter d'emblée que l’État soit une force contraignante, dans la mesure où la finalité politique (stabilité) est toujours en tension avec la finalité individuelle (désirs, d'où conflits, instabilité). Ce point de vue correspond à celui défendu par...

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Schmitt - 12/2020 libertés).

Problématisation de la question On a donc une première réponse qui se dessine, a priori la plus évidente (et qu'i l va s'agir de critiquer par la suite) : l'existence de l’État semble bien constituer un obs tacle majeur à la liberté des individus . La réflexion permet de formuler une deuxième réponse en tension avec la première : sans l’État, c'est-à-dire sans une autorité souveraine capable d e limiter les libertés de chacun en vue d'assurer la sécurité des individus et la stabilité de la collec tivité, la liberté apparaît comme étant impossible , ou au moins fragile voire illusoire. On peut alors formuler clairement le problème que nous allons tenter de résoudre dans notre dissertation : À première vue, l'existence de l’État semble bien c onstituer un obstacle majeur à la liberté des individus, définie comme absence de contraintes, pu isque l’État c'est ce qui, par définition, limite la liberté, interdit, autorise et sanctionne nos actio ns.

Néanmoins, sans l’État, c'est-à-dire sans une autorité souveraine capable de limiter les libertés de chacun en vue d'assurer la sécurité des individus et la stabilité de la collectivité, la li berté apparaît comme étant impossible, ou au moins fragile voire illusoire.

I.

L'existence de l’État semble bien constituer un obstacle majeur à la liberté des individus 1) Argument A : Il semble y avoir contradiction entre l'existence même de l’État et la liberté individuelle comprise comme absence de contraintes - Les impôts : tout individu vivant dans un État se voit taxé au nom de l'autorité souveraine (TVA, impôt sur le revenu, etc.) car aucun État ne peut e xister sans détenir de la richesse matérielle (police, armée, justice et autres aménagements et i nfrastructures nécessitent de l'argent).

Or, l'impôt est énoncé et appliqué par la loi, dont l’État est garant.

D'où l'idée suivante : - Les lois en général : l’État, parce qu'il est par définition l'autorité souveraine, produit des lois et les fait appliquer.

Or, toute loi est une règle collective qui apparaît iné vitablement comme un obstacle à la liberté individuelle définie comme ab sence de contraintes.

En effet, les lois et leur application nous empêchent de faire tout ce que nou s voulons, même si cela peut parfois sembler légitime (ex.

: ce n'est pas parce que ma femme est sur le point d'accoucher sur la banquette arrière de ma voiture, que je suis libre de brûler tous les feux rouges pour me rendre à l’hôpital). 2) Argument B : la nature de l'homme semble nécessiter d'emblée que l’État soit une force contraignante, dans la mesure où la finalité politi que (stabilité) est toujours en tension avec la finalité individuelle (désirs, d'où conflits, instabilité).

Ce point de vue correspond à celui défendu par Machiavel (voir texte), rejoint l'anthropologie développée par Hobbes (voir II dans la suite du cours) dans son Léviathan (1651), et trouve un écho plus récent chez Freud, qui soutient dans Malaise dans la civilisation (1930) que la société est constamment menacée par les pulsions agressives et les désirs individuels.

3) Référence : texte Prince, chapitre VI sur la fondation d'un ordre nouveau e t l'usage de la force pour garantir la stabilité et la sécurité du nouvel État. La principale difficulté du prince nouveau ayant co nquis sa principauté par lui-même, c'est de. »

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