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Pour être libre faut-il en finir avec le désir ?

Publié le 28/12/2005

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Analyse du sujet -      Le sujet met en relation deux notions (la liberté et le désir) et pose le problème de leur compatibilité. -      Le désir : tendance spontanée et consciente vers une fin imaginée ou réelle. C'est donc un principe d'action qui se trouve à l'intérieur de l'agent. On peut alors concevoir ce principe d'action soit comme un manque qui suscite un malaise que l'action vient combler, soit comme la force qui fait que chaque être persévère dans son être, soit comme une tendance insatiable de se développer. -      Liberté : ce qui n'est pas contraint par autre chose. On doit distinguer le libre vouloir et le libre pouvoir. Le libre vouloir correspond à la liberté de choisir ce que je veux. Le libre pouvoir est la liberté de faire ce que je veux. On peut penser une liberté sans penser l'autre. -      En finir avec : éradiquer, éliminer. Problématique             Etre libre, c'est se déterminer par soi à agir. Or, comme il ressort de cette définition sommaire, la liberté fait référence à une certaine détermination de l'action, qui suppose le désir. En effet, l'acte libre doit posséder une certaine force, ou une certaine puissance, qui provient de l'intérieur de l'agent, et renvoie donc à son désir. La liberté, de ce point de vue, ne consiste qu'à pouvoir accomplir son désir. D'un autre côté, le désir est une pulsion qui provient de ma nature, c'est-à-dire de quelque chose que je n'ai pas choisi. Dès lors, suis-je libre à l'égard de mes désir ? Si au moins je ne suis pas libre de faire ce que je veux, il semble que je sois libre de vouloir ce que je veux. Dès lors, il est possible de refuser ses premières impulsions, ou ses désirs. Mais l'incapacité que j'ai, en raison d'une force trop grande du désir, d'accomplir ce que je veux, ne suppose-t-il pas qu'une liberté pleine et entière s'oppose à la domination des désirs ? Le problème est donc le suivant : d'un côté pour que l'action ait lieu, il faut un désir, si non nous sommes dans un état d'indifférence et aucune action n'a lieu. Mais d'un autre côté, je ne choisis pas mes désirs, et partant, je ne suis pas absolument libre de vouloir ce que je veux. Un acte libre suppose-t-il alors un désir, ou bien est-il en contradiction avec lui ?

« comme le remarque Spinoza dans l' Ethique III, scolie de la proposition II, lorsqu'on dit que telle action du corps a son origine dans l'esprit, qui a du pouvoir sur le corps, on ne fait en réalitéqu'avouer qu'on ignore ce que peut le corps, ce lieu du désir.

Car en effet,le corps peut se mouvoir de lui-même (ex.

des somnambules).

En outre onne peut dire par quels moyens l'esprit meut le corps.

Ceci nous conduitalors à admettre que le corps a ses propres appétits ou impulsions, demême que l'esprit a ses décisions.

Mais entre les impulsions et désirs ducorps et les décisions de l'esprit, il n'y a pas une relation causale oul'esprit serait cause libre du mouvement du corps, mais simplement un seulévénement que nous regardons soit comme étant conscient (acte depensée) soit comme n'étant pas conscient (impulsion).

La liberté, tantpour le corps que pour l'esprit, ne consiste donc pas en une libre décisionmais bien en la réalisation d'un désir.

Ainsi Spinoza peut-il admettrequ'être libre, c'est agir selon la nécessité de sa nature.

Est libre l'acte quidécoule de ma nature, de ce que je suis, donc de mes désirs.

Avoirconscience de ce que je suis et ce que je fais me donne l'illusion que j'ailibrement décidé ce que je fais, parce que j'ignore ce qui me détermine etque je me voie agir. – Ainsi, comme le souligne Locke dans son Essai sur l'entendement humain , la liberté ne consiste pas en libre volitions, mais en libre action. Je ne suis pas libre, si je tombe d'un pont, de désirer ne point tomber.

Etje ne suis pas libre non plus de tomber.

Mais si j'avais eu une quelconque liberté, ça aurait été celle de ne pastomber.

Autrement dit, nos désirs ne sont pas en notre pouvoir.

Mais il n'y a pas de liberté d'action si il n'y a pasde désir.

Car la liberté n'est que le pouvoir d'agir selon nos désirs. – Ainsi, l'action volontaire, comme le remarque Aristote, sont ceux dont le principe se trouve dans l'agent(Ethique à Nicomaque ), pour autant que l'agent connaissance les circonstances de l'action.

Les actes impulsifs, qui relèvent du désir, sont donc volontaires : en effet, ils découlent bien de notre nature.

Car l'acte impulsifsuppose lui aussi la connaissance de ce qui est fait.

Nous sommes en effet responsables de notre nature carnous pouvons, par l'éducation et en imitant les actes vertueux, devenir nous-même vertueux. – La liberté, donc, ne suppose pas d'éradiquer le désir.

Au contraire, c'est le désir qui donne une fin à la liberté,cette dernière ne consistant qu'à pouvoir agir selon la fin que le désir propose.

Mais nous ne sommes pas libre dechoisir la fin, car « tous les hommes désirent naturellement le bonheur », comme le remarque Aristote.

Désirer lebonheur est la condition d'un acte libre, qui a son principe dans l'agent.

Autrement, ce serait tomber dansl'indifférence, c'est-à-dire l'indétermination de l'action. 2.

Néanmoins, la liberté suppose aussi, en un sens, l'indifférence, ce qui est contradictoire avec le désir. – Mais, comme le remarque Descartes (au Père Mesland, 9 février 1945), il faut distinguer soigneusement deux sens de la notion d'indifférence.

On peut tout d'abord définir l'étatd'indifférence au sens négatif : "état dans lequel se trouve la volontélorsqu'elle n'est pas poussée d'un côté plutôt que de l'autre par laperception du vrai ou du bien".

L'état d'indifférence est donc définitnégativement.

Cette état suppose l'absence d'une perception du bien oudu vrai.

L'indifférence repose donc en dernier ressort sur l'ignorance dubien et du vrai, car si je sais ce qui est bien et vrai, je ne peux pas resterindifférent.

Dans la situation d'indifférence, ma volonté, c'est-à-dire ce quime fait choisir, n'est pas orientée par mon entendement (uneconnaissance).

Autrement dit, si je choisis, ce ne peut être qu'au hasard.Je ne choisis donc pas non plus par désir.

C'est pourquoi il s'agit ici du"plus bas degré de la liberté", qui consiste à se déterminer (à choisir) pourdes choses qui nous indiffèrent.

Ex : se déterminer à prendre, entre deuxobjets identiques, l'un ou l'autre, n'est pas un acte de liberté pleine etentière car ma volonté procède au hasard.

On n'a donc pas un véritablechoix qui repose sur une connaissance de la situation.

Ici donc,effectivement, la liberté n'est pas déterminée.

Cependant, cela nesuppose pas d'inclure un désir. – En effet, il expose ensuite une autre conception de l'indifférence, positive : conception "positive" de "se déterminer pour l'un ou l'autre desdeux contraires".

Ici, l'acte de liberté ne porte pas sur des choses indifférentes car il s'agit de contraires.

Ici, Descartes admet que cette capacité positive à se déterminer n'estpas du même type que la première indifférence.

Cette faculté est en réalité le libre arbitre, et il se trouve dans lavolonté même quand nous avons la connaissance du bien et du vrai.

La détermination de l'action ne provient icidonc pas du désir, mais de la raison.

Car, en effet, nous pouvons toujours décider de résister à suivre le bien, sinous pensons par là que nous affirmerions notre libre arbitre.

Autrement dit, la liberté ne consiste pas à êtreindifférent, mais pas non plus à suivre notre désir, mais à choisir de suivre le bien dès que nous le connaissons. »

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