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PROBLÈME DE LA FONCTION DES PLAISIRS ET DES PEINES

Publié le 16/03/2011

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   Le plaisir et la peine expriment la valeur des situations aux yeux du sujet. Cette valeur est-elle réelle? Plaisir et peine ont-ils une fonction? La question est double :    1° Les causes du plaisir et de la peine sont-elles respectivement des faits utiles ou nuisibles? Le plaisir correspond-il au bien, la peine au mal de l'être sentant?    2° Plaisir et peine sont des stimulants. Mais les réactions qu'ils provoquent sont-elles réellement avantageuses? Mettent-elles l'individu en état de tirer parti de ce qui est utile et de se défendre contre ce qui est nuisible?

« créées artificiellement par nous.

Ils perdent alors leur finalité, mais ils en avaient une à l'origine.

Le seul fait qu'ilexiste une hygiène, une médecine, une morale montre que la loi du plaisir et de la peine (loi « algédonique ») nepeut suffire à régler la conduite humaine; puisqu'ils ne nous donnent que des renseignements locaux, le plaisir et ladouleur pourraient nous entraîner à sacrifier le tout à la partie.

Nous devons savoir si les intérêts du tout — de notrepersonnalité totale — ne demandent pas le sacrifice de certains plaisirs momentanés et l'acceptation de certainesdouleurs partielles, dans l'ordre moral comme dans l'ordre physique. B) Effets du plaisir et de la peine Il ne suffit pas que le plaisir et la peine signalent à l'être la valeur des situations.

Il faut qu'ils oriententconvenablement l'activité.

Avant même d'inspirer des connaissances pratiques, des jugements de valeur, ils doiventêtre des stimulants de réactions efficaces.

Ici encore, on peut dire a priori qu'un être organisé autrement nepourrait pas vivre; cependant l'adaptation à cet égard reste incomplète. 1° Souvent la sensation agréable ou désagréable est le stimulant d'une réaction efficace et préformée (une saveuragréable provoque succion, mastication, salivation, déglutition; une saveur désagréable provoque expulsionimmédiate et salive protectrice).

Le bien qui suit la satisfaction engendre une attitude passive : le plaisir quicorrespond à la présence d'un stimulant, une activité qui renforce celle du désir avec lequel le plaisir se confond.Inversement, la fatigue et la douleur agissent comme frein sur les formes d'activité automatique quand celles-cideviennent nuisibles. 2° Dans d'autres cas, les réactions ne sont pas immédiatement spécifiques et efficaces : les réponses sont plus oumoins appropriées à la situation ; leur échec ou leur succès modifie cette situation, tant interne qu'externe, d'où denouvelles sensations, de nouvelles réponses. La valeur des sensation affectives vient donc ici de leur rôle général de stimulant qui crée des chances favorablespour une adaptation plus fortuite.

Ces chances résultent surtout du fait qu'en général le plaisir stimule, maintient,prolonge les mouvements ou attitudes qui se révèlent agréables : c'est ce qu'on appelle réaction circulaire(Baldwin).

Au contraire, les impressions pénibles tendent à provoquer des réflexes d'arrêt ou de renversement dusens des réactions.

Il se peut que ma première réaction à la douleur ait accidentellement pour effet de la diminuerou de l'augmenter : mais, dans le premier cas, la nouvelle attitude tendra à se maintenir, dans le second uneintervention freinatrice surgira, suivie peut-être de réactions dans l'ensemble plus efficaces.

C'est le typed'adaptation par essais et erreurs.

Le plaisir et la peine ne sont plus ici les causes directes de l'adaptation, maiscelles de la recherche d'une adaptation.

Les plaisirs et les peines d'ordre moral exercent un effet analogue surl'intelligence : sous leur influence, l'homme multiplie les expériences mentales qui préparent l'adaptation auxsituations réelles. 3° Enfin, il y a des cas où le plaisir et la peine ne conduisent à aucune adaptation actuelle, médiate ou immédiate.Si la douleur de la brûlure provoque le retrait réflexe de la main qu'elle met à l'abri d'une lésion plus grave, la douleurprolongée qui suit cette brûlure apparaît comme impuissante.

L'activité se dépense en réactions inutiles, enagitation diffuse, cris, larmes; cependant, cette activité paraît affaiblir la perception même de la douleur : onsupporte un degré plus élevé de pression douloureuse, mesurable à l'algésimètre, quand ces réactions sedéveloppent librement (Dumas). Il en est de même pour la plupart des douleurs provenant d'états pathologiques des organes internes et pourbeaucoup de douleurs morales (par exemple le regret) impuissantes à créer la situation qui les apaiserait : ce sontdes efforts épuisants et vains pour réparer l'irréparable, empêcher l'inévitable.

Cependant, si la situation extérieurene peut être modifiée, l'être peut parfois s'y adapter en changeant lui-même plus ou moins profondément.

Le plaisiret la peine n'agissent ici que par leurs effets ultérieurs sur la mémoire et sur le caractère.

Le souvenir du plaisir etde la peine permettra éventuellement à l'individu, modifié par cette expérience, d'en faire son profit si elle sereproduit.

On peut être terrassé par de grandes épreuves morales, mais on en sort parfois assagi, fortifié.Impuissant sur la réalité extérieure, l'effort peut aboutir indirectement à une adaptation, dans la mesure où lapersonnalité demeure plastique.. »

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