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Quel est le critère de la vérité ?

Publié le 08/01/2020

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L'évidence

À quoi reconnaît-on la vérité ? À cette question, la plupart des philosophes classiques ont suivi Descartes pour répondre : à l'évidence* des idées vraies (cf. textes 9 et 10).

Cela signifie, comme l'affirmait Spinoza, que la vérité est index sui, qu'elle se montre d'elle-même, par sa seule clarté : « Qui a une idée vraie sait en même temps qu'elle est vraie et ne peut douter de la vérité de sa connaissance » (Éthique, II, 43).

Mais peut-on tout connaître par évidence ? C'est sans doute impossible (l'entendement humain n'est pas infini), mais ce n'est pas non plus nécessaire. Il suffit de connaître par évidence les premiers principes de la connaissance, les vérités premières, et d'établir toutes les autres par démonstration, c'est-à-dire en les déduisant de proche en proche à partir des premières. Ainsi, pour Descartes, l'intuition — c'est-à-dire l'évidence— et la déduction sont les deux seules voies qui conduisent à la vérité (cf. texte 10).

L'ordre du vrai aurait donc un modèle : l'ordre géométrique, tel qu'Euclide, dès l'Antiquité, l'avait formalisé dans ses Eléments de géométrie. C'est à lui que pense Descartes lorsqu'il écrit : « Ces longues chaînes de raison toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations, m'avaient donné occasion de m'imaginer que toutes les choses qui peuvent tomber sous la connaissance des hommes s'entresuivent de la même façon, et que, pourvu seulement qu'on s'abstienne d'en recevoir aucune pour vraie qui ne le soit, et qu'on garde toujours l'ordre qu'il faut pour les déduire les unes des autres, il n'y en peut avoir de si éloignées auxquelles enfin on ne parvienne, ni de si cachées qu'on ne découvre » (Discours de la méthode, IIe partie).

« Évidence intellectuelle ou évidence sensible ? L'évidence dont parle Descartes est purement intellec­ tuelle.

C'est un acte pur de l'esprit qui conçoit une idée avec suffisamment de clarté et de distinction pour que sa vérité s'impose immédiatement.

Les sens, quant à eux, sont récu­ sés, car trompeurs.

Peu fiables, ils ne peuvent être la base de nos certitudes.

Cette approche « intellectualiste » de la connaissance fut vigoureusement combattue, à partir du xv111e siècle, au fur et à mesure du développement des sciences expérimentales : on ne peut traiter le monde physique comme un système mathématique et se contenter de déduire ses lciis à partir d'axiomes «évidents».

Dans le domaine des sciences de la nature, le critère de la vérité doit être l'observation des faits.

C'est ce qu'affirme l'empirisme du xv111e siècle contre le ratio­ nalisme cartésien du XVII".

Il suffit, disait Diderot, que New­ ton montre le prisme pour que toutes les « démonstrations » concluant que la lumière ne se décompose pas soient ins­ tantanément ruinées.

La vérité se voit bien d'elle-même, mais par l'observation des faits, non par une inspection de l'esprit.

Dans cette perspective empiriste, c'est l'évidence sensible, non l'évidence intellectuelle, qui devient le critère de la vérité.

Le calcul contre l'évidence Le critère cartésien de l'évidence s'est heurté, dès la fin du xv11° siècle, à une autre objection, formulée par Leibniz : l'évidence est un critère peu fiable, car trop subjectif.

Elle se définit par le fait que la représentation d'une idée s'accom­ pagne d'un sentiment de certitude, mais quel crédit accor­ der à ce sentiment? Chacun de nous a fait l'expérience d'évi­ dences trompeuses, tant sensibles qu'intellectuelles.

Com­ ment alors peut-on distinguer l'évidence de ses faux­ semblants? Descartes nous donne bien, pour ce faire, une méthode: l'attention de l'esprit et la méfiance à l'égard de la « précipi­ tation» et de la «prévention», c'est-à-dire des jugements prématurés.

Mais qu'est-ce qui nous garantit d'avoir été suf­ fisamment attentifs, d'avoir suffisamment évité de nous. »

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