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Qu'est ce que le bonheur ?

Publié le 07/01/2005

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Plutôt qu'aux évènements extérieurs, le bonheur désigne ici la direction intérieure à prendre pour atteindre la félicité. Or ces deux approches sont-elles conciliables ? Y-t-il un accord possible entre l'évènement extérieur et la direction intérieure ?     Problématique : Le bonheur, en tant qu'état de satisfaction complet et durable, n'est-il pas ce qui donne tout son sens à la vie ? Mais ce monde terrestre ne contredit-il pas fondamentalement toute recherche du bonheur, faisant de lui, non l'objet d'une quête réaliste, mais d'une espérance ? Or, condamner ce monde, n'est-ce pas se couper de la vie et s'interdire de comprendre la souffrance sans laquelle il ne peut y avoir de joie proprement humaine ?   1-En tant qu'état de satisfaction complet et durable, le bonheur est à rechercher pour lui-même, car il donne sens à la vie. *Au début de l'Ethique à Nicomaque, Aristote distingue les fins que nous souhaitons pour autre chose qu'elles-mêmes et celles que nous souhaitons pour elles-mêmes. Ainsi n'apprenons-nous pas l'art médical pour lui-même, mais parce qu'il rétablit la santé. Il existe donc des fins que nous désirons parce qu'elles sont des moyens pour atteindre des fins jugées désirables en elles-mêmes.

« • En choisissant la modération des désirs, ces méthodes de sagesse antique visent un accord parfait entre lavolonté et le Cosmos.

Pour eux, un état de satisfaction complet et durable est atteint dès lors qu'il n'y a plus deconflit entre ce qui arrive et ce qu'on désire.• Cette analyse soulève deux interrogations.

Cet état recherché par les sagesses antiques semble décrire un étatdivin qui contredit les limites de la condition humaine.

Un tel bonheur existe-t-il ? Davantage, peut-on absolumentfaire du bonheur une fin en soi ? N'y a-t-il pas d'autres valeurs pouvant prédominer sur la quête du bonheur ? 2-Le bonheur semble être un idéal de l'imagination qui ne peut égaler la valeur universelle de la personnehumaine.

• Notre condition humaine semble contredire toute conception du bonheur qui exclut les faveurs des évènementextérieurs.

Aristote affirmait dans l' Ethique à Nicomaque que « Aussi l'homme heureux a-t-il besoin que les biens corporels, les biens extérieurs et ceux de la fortune, se trouve réaliser pour lui sans difficulté.

Prétendre quel'homme soumis au supplice de la roue, ou accabler de grandes infortunes, est heureux à condition d'être vertueux,c'est parler en l'air.

».(Livre VII).

Or si l'on maintien la définition du bonheur comme état de satisfaction complet etdurable et que l'on admet la nécessité des faveurs du monde extérieur, on aboutit à une contradiction.• C'est la raison pour laquelle Kant qualifie le bonheur de « concept indéterminé » et « d'idéal de l'imagination ».

Carle bonheur implique une exigence de totalité irréalisable dans notre monde.

« Or il est impossible qu'un être fini, siperspicace et en même temps si puissant qu'on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut icivéritablement.

Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il pas par là attirer sur satête ! Veut-il beaucoup de connaissance et de lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard pluspénétrant pour lui représenter d'une manière d'autant plus terrible les maux qui jusqu'à présent se dérobent encore àsa vue et qui sont pourtant inévitables, ou bien que charger de plus de besoins encore ses désirs qu'il a déjà bienassez de peine à satisfaire.

Veut-il une longue vie ? Qui lui répond que ce ne serait pas une longue souffrance ?Veut-il du moins la santé ? Que de fois l'indisposition du corps a détourné d'excès où aurait fait tomber une santéparfaite, etc.

! Bref, il est incapable de déterminer avec une entière certitude d'après quelque principe ce qui lerendrait véritablement heureux : pour cela il lui faudrait l'omniscience.

[...] » KANT, Fondements de la Métaphysique des Moeurs , II. Le philosophe allemand KANT a déjà rédigé son premier grand livre de métaphysique (ou plus exactement de critique de la métaphysique), « Critique de la raison pure » (1781), lorsqu'il entreprend une première approche de la morale avec les « Fondements de la métaphysique des mœurs » (1785) qui précéderont de trois ans son grand ouvrage sur la morale : « Critique de la raison pratique » (1788). On connaît le résultat de cette critique de la métaphysique : sur les questions de l'âme (le sujet profond de notre expérience interne), du monde (le tout complet de la réalité, objet de notreexpérience externe), et de Dieu (considéré comme fondement suprême de la totalité des êtres),nous ne pouvons que nous livrer à des spéculations métaphysiques qui dépassent les limites del'expérience effective possible.

Un savoir métaphysique transcendant, portant sur la réalité nonsensible (les noumènes), est impossible.

Voilà ce que révèle la démarche critique, qui s'interrogesur les conditions a priori de possibilité de la connaissance.

Une fois ce travail accompli, KANT cherche à appliquer cette même méthode critique à la morale, en s'interrogeant cette fois sur lesconditions de possibilité de l'action morale. C'est cette investigation qui fait le contenu des « Fondements de la métaphysique ».

Et passant en revue les thèmes traditionnels de la philosophie morale, KANT ne manque pas de rencontrer la question du bonheur et, dans la deuxième section de l'ouvrage (« Passage de la philosophie morale populaire à la métaphysique des mœurs »), de mettre fortement en question cette notion en la rattachant non à la raison , mais seulement à l'imagination : « Il n'y a pas à cet égard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parceque le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on attendrait vainementqu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série de conséquences en réalité infinie.

» « Un impératif qui puisse commander… » Ceci ne prend pleinement sens qu'à l'intérieur du système de KANT .

On sait que pour lui, dans la nature, toute chose agit d'après des lois.

Mais notre monde humain n'est pas seulement celui de la nature, il est bien plus spécifiquement celui dela culture.

Les hommes ne sont pas des choses, mais des êtres raisonnables, qui n'agissent pas tellement sous la pression des contraintes de lanature mais bien plutôt selon leur volonté.

Autrement dit, dans leurs actions, les hommes ont la capacité d'agir selon des principes, selon lareprésentation qu'ils se font de ce qui est raisonnable.

Eux aussi (comme les choses de la nature) obéissent à des lois, mais en tant qu'êtres deculture ils obéissent consciemment à des lois qu'ils se sont données eux-mêmes et qui sont conformes à la raison.

Le malheur de l'homme tient à cequ'il n'est pas entièrement un être raisonnable, qu'il n'est pas totalement déterminé dans ses actions par la représentation objective du bien.

Entrela loi et lui (cad son vouloir) doit s'interposer le devoir qui s'exprime par des impératifs.

Mais KANT opère la distinction entre des impératifs hypothétiques et des impératifs catégoriques.

A chaque fois, il s'agit de l'homme conçu comme un sujet capable d'être déterminé pratiquement par la raison, et se posant la question de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonneou non.

Ou bien cette action est bonne comme un moyen obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui est la formule par laquelleest déterminé l'action) est un impératif hypothétique.

Ou bien l'action qui doit être accomplie est bonne « en soi », elle est nécessaire par elle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la commande est catégorique.. »

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