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Qu'est-ce qu'une science ?

Publié le 27/02/2008

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Qu'est-ce qu'une science ?

« un problème puisqu'il paraît contradictoire avec la théorie dominante.

Le fait brut n'intéresse donc pas le scientifique.

Par contre, lorsque celui-ci pose une question à la théorie, il acquiert un autre statut.

Autrement dit, c'est la relation entre une attente de l'esprit et le fait qui peut avoir unintérêt scientifique.

Dans l'exemple précédent, on peut parler de fait polémique , pour reprendre une expression de Bachelard, c'est-à-dire d'un fait qui contredit la théorie et qui oblige donc à faire d'autres hypothèses.

On peut doncen conclure que dans la méthode expérimentale, l'observation n'est pas première, mais dépend déjà d'une théoriepréexistante.

Ainsi, la première phase du travail scientifique consiste en la construction d'un problème.

A partir delà, le scientifique peut formuler une hypothèse, ce qu'a fait Torricelli en se demandant s'il pouvait y avoir du videdans la nature et en produisant l'expérience permettant de tester l'hypothèse.

Ainsi, Torricelli renverse un tube demercure dans une cuve remplie également de mercure et constate qu'effectivement il reste un espace vide en hautdu tube.

D'autre part, cette expérience lui permet de faire une autre hypothèse, d'ailleurs liée, celle de la pressionatmosphérique (le poids de l'air).

Car si le mercure ne descend pas au niveau de la cuve, cela signifie que la force dupoids de l'air l'en empêche.

Et Pascal confirmera cette hypothèse en réalisant la même expérience en altitude (surle Puy-de-Dôme) et en montrant par là que la pression atmosphérique est plus faible quand l'altitude est plusimportante.

On voit donc que les observations que le scientifique effectue ne peuvent pas être isolées du contextedans lequel elles prennent leur sens et que les expériences destinées à vérifier une hypothèse ne parlent qu'enfonction des questions qui leur sont posées.

D'ailleurs, cette construction théorique de l'expérience scientifique se matérialise à travers un certainnombre d'instruments de mesure ou d'observation (le microscope par exemple), utilisés en laboratoire et ayant pourfonction de rendre possible la réponse à une question que le scientifique se pose.

En effet, souvent, ce que l'oncherche à mettre en évidence échappe à la perception des sens (des écarts minimes de température par exemple,ou encore des corpuscules trop petits pour être visibles à l'œil nu).

D'autre part, contrairement à ce que l'on croit souvent, la connaissance scientifique ne procède pas pargénéralisation.

Il faut en effet distinguer nettement une généralité et une loi scientifique .

Par exemple, je peux constater que tous les matins le jour succède à la nuit et du coup prévoir qu'il en sera de même demain.

A partird'une constante répétition dans ce cas, je généralise et je prévois puisque j'attends que la même chose sereproduise dans le futur.

Ce type de raisonnement est appelé une induction , que l'on peut définir comme la généralisation à partir d'observations répétées.

L'induction est donc dans son principe empirique, puisqu'elle part del'expérience pour aboutir à des idées générales.

Toutefois, en un sens, elle finit par dépasser l'expérience puisqu'ellepermet d'avoir des attentes pour le futur, dont on n'a évidemment pas encore fait l'expérience.

Cela est d'ailleurstrès utile puisque nous avons absolument besoin de croire, dans la vie courante, que les mêmes causes vontproduire les mêmes effets, ou que les mêmes phénomènes vont se succéder.

Imaginons par exemple dans quellesituation nous nous trouverions si nous ne pensions pas que le jour se lèvera demain, que le printemps succède àl'hiver, que le feu brûle, ou encore que le fait de sauter en l'air ne fera pas que je m'envolerai ! Comme l'a bien vuHume (18 e siècle), nous présupposons l'uniformité des lois de la nature, qui n'est pas une affirmation empirique, puisque elle va au-delà de ce que nous avons constaté jusque-là.

Comme le dit Russell (20 e siècle), nous sommes un peu dans la même situation qu'une poule à qui on a toujours donné dès l'aube des graines et qui se trouve priseau dépourvu le jour où on décide de lui couper la tête ! Mais si cette description vaut pour la connaissance commune, elle ne rend pas compte de la connaissancescientifique.

Tout d'abord, parce que les généralités sont parfois trompeuses ; il peut par exemple y avoir uneéclipse un matin ou je peux me retrouver au pôle nord en hiver et du coup ne pas voir le jour se lever.

Lesgénéralisations ordinaires ne sont donc pas synonymes d'une véritable universalité. Ce qui manque à la généralité inductive, c'est le caractère de nécessité présent dans la connaissance scientifique, et qui seule peut fonder l'universalité des lois que la science découvre.

Comme le montre Hume, l'induction repose davantage sur desmotifs psychologiques que rationnels.

C'est par habitude que nous généralisons et que nous sommes poussés àconclure que les mêmes successions répétées se reproduiront à l'avenir.

On peut alors affirmer que ce qui manqueau raisonnement inductif, c'est la découverte de connexions nécessaires entre les phénomènes.

Or ces liens ne sont pas observables.

Car si je m'en tiens à la pure et simple constatation de fait, je ne peux parler que desuccession.

C'est ce que Hume met en lumière à propos de la notion de causalité. Quand je dis par exemple que le feu est cause de la chaleur, cela signifie que le second phénomène découle du premier et que je n'ai pas besoind'attendre l'effet pour être certain qu'il se produira.

Dans toute relation causale, il y a l'idée d'un lien indissoluble (etdonc nécessaire et prévisible) entre la cause et l'effet qu'aucune succession simple ne peut par elle-même indiquer.Ce lien nécessaire, s'il ne vient pas de l'observation directe (nous ne pouvons en effet observer que dessuccessions), est posé par l'esprit, autrement dit, il est a priori (Kant), ce qui signifie tout simplement qu'il ne découle pas de l'expérience, puisque nous n'avons aucune impression sensible qui corresponde à la relation decausalité.

La nécessité de la loi scientifique ne vient donc pas de l'expérience, la science ne peut être fondéeempiriquement.

Cela ne veut pas pour autant dire que nous pouvons nous passer de l'expérience, pour constater parexemple que le feu brûle.

Par contre, on peut affirmer que nous faisons appel à des concepts qui ne dérivent pas del'expérience pour poser des relations de connexion nécessaire (causalité et loi) entre les phénomènes.

Laconnaissance scientifique se construit en grande partie indépendamment de l'expérience et les relations qu'elledécouvre entre les phénomènes sont bien souvent des relations cachées à l'observation directe.

La loi de lagravitation universelle, par exemple, dépasse l'expérience sur deux plans : d'une part, son universalité ne peut êtrequ'a priori (aucune expérience ne peut la prouver, mais seulement produire des confirmations), et d'autre part ellerepose sur un concept (la force d'attraction) dont nous ne pouvons faire l'expérience (personne n'a jamais vu uneforce, mais seulement ses effets).

La force d'attraction est une construction de l'esprit, que le mouvement descorps vient attester.

Autrement dit, ce que l'expérience peut vérifier, ce sont les conséquences observables desabstractions théoriques que les scientifiques construisent.

La science produit une représentation de la réalité que. »

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