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Reconnaître l'existence de l'inconscient, est-ce élargir notre conscience ?

Publié le 17/01/2022

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« L'homme comme tout être vivant pense sans cesse, mais ne le sait pas; la pensée qui devient consciente n'en est que la plus petite partie, disons : la partie la plus médiocre et la plus superficielle. « Nietzsche, Le Gai Savoir, 1883. « L'hypothèse de l'inconscient est nécessaire [...], parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires. « Freud, Métapsychologie, 1952 (posth.) « Il existe deux variétés d'inconscient : les faits psychiques latents, mais susceptibles de devenir conscients, et les faits psychiques refoulés qui, comme tels et livrés à eux-mêmes, sont incapables d'arriver à la conscience. [...] Nous réservons le nom d'inconscients aux faits psychiques refoulés.

La découverte de l'inconscient constitue-t-elle une défaite pour la conscience ? Les actes manqués, les rêves, la conscience les constate mais se montre incapable de les expliquer : comment ai-je pu dire le contraire de ce que je voulais dire ? La conscience découvre en même temps ses limites et le fait qu'elle n'est pas transparente à elle-même, qu'elle est incapable d'expliquer certains événements qui surviennent en elle. La découverte de l'inconscient constitue-t-elle une « humiliation « pour la conscience, selon l'expression de Freud ? Doit-elle s'avouer qu'elle ne règne pas seule sur les conduites humaines ? Ou au contraire sa capacité à découvrir les processus inconscients constitue-t-elle une victoire pour la conscience, débordant les limites qui semblaient lui être assignées ?

I) La prise en compte de l'inconscient manifeste les limites de notre conscience...

II) ... mais elle donne sens à ce qui ne semblait pas en avoir...

III) ... et assigne à la conscience sa juste place.
 

 

« -Spinoza va plus loin : reconnaître l'existence de l'inconscient, c'estpermettre d'élargir notre conscience, en la sortant des illusions du sentimentpour atteindre un savoir rationnel.

Ce savoir ne peut être que celui descauses qui nous déterminent, demeurant le plus souvent inconscientes.Soumettre ces causes à l'examen de notre entendement, c'est les fairequitter le registre inconscient pour les intégrer à notre conscience, sanssupprimer leur action de détermination.

Pour Spinoza, l'inconscient estréductible en droit, ce qui fait que le reconnaître dans son existence, c'estpermettre à la conscience de regagner du terrain. Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre,mais privée de raison, est une volonté perdue.

Plus nous connaissons, plusnotre liberté est grandie et fortifiée.

Si nous développons notre connaissanceau point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînement rationnel des causes etdes effets, nous saisirons d'autant mieux la nécessité qui fait que telle chosearrive et telle autre n'arrive pas, que tel phénomène se produit, alors que telautre ne viendra jamais à l'existence.

Pour Spinoza, une chose est libre quandelle existe par la seule nécessité de sa propre nature, et une chose estcontrainte quand elle est déterminée par une autre à exister et à agir.

Ausens absolu, seul Dieu est infiniment libre, puisqu'il a une connaissanceabsolue de la réalité, et qu'il la fait être et exister suivant sa proprenécessité.

Pour Spinoza et à la différence de Descartes, la liberté n'est pas dans un libre décret, mais dans une librenécessité, celle qui nous fait agir en fonction de notre propre nature.

L'homme n'est pas un empire de liberté dansun empire de nécessité.

Il fait partie du monde, il dispose d'un corps, d'appétits et de passions par lesquelles lapuissance de la Nature s'exerce et s'exprime en nous, tant pour sa propre conservation que pour la nôtre.

Biensouvent nous croyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, par l'existence de causes extérieures :la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, de notre passé, de notreculture.

Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel il vit et se trouve plongé, nous sommes nécessairementdéterminés à agir en fonction de causes extérieures à notre propre nature.

"Telle est cette liberté humaine que tousles hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs, etignorants des causes qui les déterminent." III Inclusion de la conscience dans l'inconscience : au-delà de l'exclusion réciproque, Nietzsche encore etBergson -Nietzsche : si Descartes et Spinoza tentent chacun de leur façon de concilier conscience et inconscience, sesefforts n'empêchent pas la présence d'une logique d'opposition.

Nietzsche remet cela en cause en montrant que laconscience n'est pas réservée à l'esprit réflexif : le corps également représente une conscience plus fondamentale,ce que Nietzsche nomme la « raison du corps » ( Par-delà bien et mal ).

La conscience correctement conçue ne doit pas s'opposer à l'inconscience : elle est simplement une différence de degré dans l'expression de la volonté depuissance pour Nietzsche.

Reconnaître l'existence de l'inconscient permet donc d'étendre le domaine de laconscience å l'ensemble des procédés d'affirmation de la puissance de vie, que la conscience doit venir réactualiser. -Bergson : différence de degrés entre conscience et inconscience.

Laconscience est uniquement un moyen de relancer la dynamique de l'inconscient,ce qui vient confirmer l'intuition de Nietzsche.

La conscience apparaît donccomme ce moyen d'influer sur l'ensemble de la série des états inconscients del'homme, et de les réactualiser en un nouveau sens.

La conscience se voitrétrécie par sa nature même de ponctualité, de « contraction » (terme dBergson), mais son influence s'étend à tout l'inconscient. Conclusion -L'inconscient par son existence vient remettre en cause l'hégémonie de laconscience, dont le domaine objectif se voit réduit. -La conscience semble même menacée d'insignifiance, en tout cas d'unelocalisation minimale, la rendant marginale, modeste face å l'omniprésence del'inconscient. -Cependant, on se rend compte que l'inconscient n'est qu'une forme en devenirde la conscience, qui par son surgissement exerce une ibnfluence sur l'ensembledes niveaux infra-conscients.

L'inconscient par son existence élargit notreconscience å son niveau maximal, par le pouvoir décisif qu'elle exerce sur l'ensemble de la vie humaine et ce malgré l'extension objective minimale de cette conscience.

Conscience etinconscience ne se définissent plus comme exclusifs, mais comme des modes de détermination complémentaires. CITATIONS:. »

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