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Sens et finalité du désir

Publié le 02/02/2004

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Le désir comme manque, mais aussi comme projet ou élan vers l'avenir, est le témoin d'une finitude qui n'appartient qu'à l'homme : ni Dieu (le supra-humain), ni les animaux (l'infra-humain) ne sont susceptibles de désirer : ce n'est pas qu'ils ne désirent rien, c'est qu'ils ne désirent pas. La structure paradoxale du désirLa spécificité humaine du désir amène celui-ci à être confronté à d'autres désirs qui peuvent le concurrencer. Là où règne l'instinct, la pluralité des penchants est en effet exclue : l'instinct exige une chose ou une action précise que l'animal accomplit mécaniquement et efficacement. L'instinct a un objet déterminé, on ne peut que « le suivre ». Le désir en revanche n'a pas d'objet unique déterminé a priori, et il peut donc entrer en contradiction avec lui-même si plusieurs désirs s'opposent les uns aux autres. De plus, le désir d'un individu entre en contradiction avec celui des autres, ce qui explique qu'il soit l'occasion de conflits. La lutte entre désirs concurrents peut alors devenir le lieu d'émergence de la liberté, ainsi qu'un enjeu de puissance (Hegel).Si l'arbitraire règne dans la sphère du désir, cela tient au fait que ce n'est pas, comme le croyaient les Anciens, l'objet qui donne sa valeur au désir. En comprenant le désir comme manque, Platon par exemple détermine la valeur du désir en fonction de la valeur de l'objet : il s'agit alors de connaître, de ressaisir ce qui est le plus éminemment désirable, en l'occurrence la vérité. Dans l'Antiquité, la hiérarchie des biens déterminait la hiérarchie des désirs.

« substitutive » : telle est proprement la fonction du rêve, dont Freud montre qu'il est pour cette raison le « gardiendu sommeil ». Désir et humanité Il faut cependant préciser les limites du modèle du besoin, pour accorder une spécificité au désir.

La compréhensiondu processus du désir engage en effet un paramètre décisif, qui est celui de son inscription dans le temps.

Certes,la satisfaction d'un besoin s'inscrit elle aussi, comme toute action d'ailleurs, dans le temps.

En cela, le désir nes'émancipe pas encore du modèle du besoin ou de l'instinct.Mais le propre du désir est d'impliquer dans la conscience qui l'éprouve une forme de projet, une téléologie, tandisque le besoin et l'instinct s'inscrivent dans l'immédiateté (Alquié), c'est-à-dire dans la spontanéité d'une nature quine varie pas : ils restent en quelque sorte hors du temps, ou plutôt dans une temporalité mécanique, tandis que ledésir s'inscrit dans une temporalité finalisée.

L'homme en effet n'a pas de nature définie car il est libre, au contrairede l'animal.

Ses besoins eux-mêmes peuvent varier selon la société ou l'époque qui sont les siennes, et il sembledifficile de parler chez lui d'instinct au sens fort.Les caractères du désir montrent donc que l'existence humaine s'inscrit dans un autre type de finitude quel'existence animale.

Le désir est spécifique à l'homme parce que le rapport au temps et à la capacité de prévoirl'avenir sont l'apanage de l'homme.

Or, ce rapport au temps lui-même, éprouvé en contrepartie comme inquiétudedevant l'avenir, voire comme angoisse de mort, est constitutif de notre finitude.

Le désir comme manque, mais aussicomme projet ou élan vers l'avenir, est le témoin d'une finitude qui n'appartient qu'à l'homme : ni Dieu (le supra-humain), ni les animaux (l'infra-humain) ne sont susceptibles de désirer : ce n'est pas qu'ils ne désirent rien, c'estqu'ils ne désirent pas. La structure paradoxale du désir La spécificité humaine du désir amène celui-ci à être confronté à d'autres désirs qui peuvent le concurrencer.

Là oùrègne l'instinct, la pluralité des penchants est en effet exclue : l'instinct exige une chose ou une action précise quel'animal accomplit mécaniquement et efficacement.

L'instinct a un objet déterminé, on ne peut que « le suivre ».

Ledésir en revanche n'a pas d'objet unique déterminé a priori, et il peut donc entrer en contradiction avec lui-même siplusieurs désirs s'opposent les uns aux autres.

De plus, le désir d'un individu entre en contradiction avec celui desautres, ce qui explique qu'il soit l'occasion de conflits.

La lutte entre désirs concurrents peut alors devenir le lieud'émergence de la liberté, ainsi qu'un enjeu de puissance (Hegel).Si l'arbitraire règne dans la sphère du désir, cela tient au fait que ce n'est pas, comme le croyaient les Anciens,l'objet qui donne sa valeur au désir.

En comprenant le désir comme manque, Platon par exemple détermine la valeurdu désir en fonction de la valeur de l'objet : il s'agit alors de connaître, de ressaisir ce qui est le plus éminemmentdésirable, en l'occurrence la vérité.

Dans l'Antiquité, la hiérarchie des biens déterminait la hiérarchie des désirs.Cette optique se trouve reprise dans la tradition chrétienne, qui place également l'origine et la valeur de tout désirdans l'amour que l'on doit porter à un bien en fonction de sa valeur.Le renversement moderne consiste à inverser l'ordre de la genèse du désir : c'est l'amour pour l'objet qui découle dudésir que nous éprouvons pour lui.

Autrement dit, ce n'est pas la valeur de l'objet qui produit l'amour et ensuite ledésir ; c'est le désir qui en produisant l'amour nous fait conférer de la valeur à un objet.

La valeur de l'objet estsubjective, elle n'est que la conséquence du désir qu'on lui porte.Il s'ensuit donc une relativisation de l'importance de l'objet dans la structure du désir, qui nous renvoie bien plutôt àla constitution du sujet.

On peut en effet faire apparaître avec René Girard que l'objet n'est en définitive que lacause accidentelle du désir, et que l'hésitation sur lui tient au caractère non apparent de ce que vise vraiment ledésir : cet « obscur objet du désir », c'est moi-même, qui cherche à me constituer comme sujet en pleinepossession de moi-même.Le désir a donc une structure paradoxale, car à supposer qu'il désire sa fin, c'est-à-dire sa suppression commedésir, il ne désire pas son objet.

Il conviendra dès lors de nous interroger sur le sujet du désir plutôt que sur safonction.. »

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