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Suis-je responsable de mon bonheur ?

Publié le 27/02/2005

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Or je veux être heureux et cela implique que je ne le suis pas actuellement (sinon je ne le désirerais pas). Ainsi, je peux être responsable de mon bonheur si j'ai agis de telle sorte que mes actions m'ont conduit à être heureux. Or en étudiant les conditions sous lesquelles je peux être dit « principe et générateur »  de mes actes, et ici, de mon bonheur (des actions par lesquelles je suis devenu heureux), Aristote fait remarquer qu'il faut restreindre l'acte volontaire à l'acte choisi. Le choix est donc ce qui me rend responsable de mon bonheur. Or le choix porte sur les moyens et non sur la fin qui est objet de volonté : je peux vouloir la victoire de tel athlète, je ne saurais la choisir : elle ne dépend pas de moi, n'est pas en mon pouvoir. Du coup, à supposer que je sois pleinement et toujours responsable de mon bonheur, il faudrait que tous les moyens qui ont participé à cet état aient été délibérément choisis par moi. Ce qui ne va pas de soi comme on l'a vu avec Kant.   b)     Déterminer ce qui est en mon pouvoir implique tenir compte des circonstances En effet, le choix porte sur ce qui est possible pour moi. L'objet du choix n'est pas le possible logique (le non contradictoire tel que celui de l'argument de la bataille navale : ce qui peut ou non arriver indifféremment), mais il s'agit d'un possible humain. Exemple : il m'est possible au sens logique de vouloir être maître de l'univers ; en revanche, cela est humainement impossible.

il n’y a de responsabilité que pour un être libre et conscient. Ainsi, je ne peux être dit responsable de mon bonheur qu’à la condition d’en être pleinement agent. Or il existe un certain nombre de facteurs permettant de nuancer cette possibilité : les conditions sociaux-politiques dans lesquelles j’évolue (un régime démocratique ou une dictature), mon corps (qui peut être atteint de maladies), les aléas de la fortune (une tempête qui dévaste ma maison) … Ainsi, on peut demander : qu’est-ce qui, dans le fait d’être heureux, dépend de moi et qu’est-ce qui n’en dépend pas ? Suis-je responsable de mon bonheur ou bien celui-ci tient-il à un don, obtention d’une sorte d’état de grâce dans laquelle je ne suis pour rien? Dans le 1er cas, faut-il alors admettre que, par réciproque, quand je suis malheureux, c’est volontairement et non contre mon gré ?? Mais à l’inverse, tenir le bonheur pour un fait du hasard (une chance), et non comme oeuvre de mon propre vouloir, ne m’amènerait-il pas à renoncer à me conduire de sorte que je sois digne du bonheur ?

« « Ainsi, afin que je ne demeurasse point irrésolu en mes actions pendant que la raison m'obligerait de l'être en mesjugements, et que je ne laissasse pas de vivre dès lors aussi heureusement que je pourrais, je formais une moralepar provision. » La morale par provision consiste à se donner des règles d'action, temporaires et révisables, pour vivre et agir defaçon décidée et résolue, alors même que le doute me contraint à ne rien admettre pour vrai.

On est là à unmoment très particulier de la démarche cartésienne ; un moment où le divorce est possible entre raison & action.Ce qui prime dans l'ordre de la connaissance c'est la vérité.

Et elle impose le doute, la patience, la circonspection.Ce qui prime dans l'action, c'est la résolution, c'est de savoir prendre partie s'y tenir face à l'urgence de la vie.

Lamorale par provision ne correspond qu'à un moment précis de la vie : celui où j'entreprends une réforme intellectuelletotale alors même qu'il me faut continuer à agir.Elle est nécessaire au moment où mes actes ne peuvent pas encore parfaitement correspondre à la vérité, et ceciparce que je cherche une vérité que je n'ai pas encore atteinte.

Les règles de la morale par provision ou « morale provisoire » sont donc par essence révisables, et Descartes récrira une morale une fois sa métaphysique et sa physique fondées.

Pour l'instant, il s'agit de se donner les maximes les plus prudentes et les plus aptes à m'assurerle contentement, alors même que je ne dispose d'aucun principe ferme pour guider mon action.

Si l'on reprend lamétaphore de Descartes , elles correspondent à cette maison dans laquelle j'habite temporairement, pendant que je reconstruis mon palais.La première maxime de Descartes recommande un conformisme extérieur : puisque rien ne me dit quelles mœurs ou quelle religion adopter en toute connaissance de cause, autant m'en tenir à celles de mon pays.

Ce conformismen'est que la façade et n'implique aucune adhésion intérieure.

La seconde maxime consiste en un usage ferme etconstant de la volonté ; une fois une décision prise, il ne faut pas en démordre.

Si je me perds en forêt, il me faudrabien choisir, fut-ce au hasard, une direction, et si je veux ne pas m'égarer complètement, m'y tenir.La troisième maxime est : « de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde ».

Descartes affirme que cette règle est aussi facile à comprendre que difficile à appliquer.

En fait, il s'agit là d'une maxime d'inspiration stoïcienne, quasi directement recopiée d' Epictète , et qui nous invite à faire le départage entre :· d'une part ce qui dépend de nous, ce sur quoi nous avons un pouvoir ; · d'autre part ce qui ne dépend pas de nous, et dont nous devons nous exercer à ce qu'il ne nous touche en aucune façon. Le but que poursuivent les stoïciens, et Descartes ici, est de nous rendre les plus indépendants possibles des coups du sort, d'assurer au sujet la plus grande autonomie possible.

Or pour cela il faut NOUS vaincre, plutôt que denous en prendre à la fortune (au mode, au hasard) et changer nos désirs plutôt que de sombrer dans l'illusion deremodeler le mode suivant nos projets.

Comme le déclare Epictète : « Ce n'est pas en satisfaisant nos désirs que l'on se fait libre, mais en détruisant les désirs. » On voit ici naître l'opposition entre le sujet et la fortune, ses désirs et le monde.

En fait, il faut d'abord savoir faire ladifférence entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas, compter nos propres forces, et les mesurer àcelles du monde qui nous fait face.Ce qui m'appartient en propre et sur quoi j'ai un pouvoir, c'est moi-même, mes désirs, mes pensées, l'initiative demes actes.Par contre, les choses extérieures, ce qui prend pour moi la forme du hasard, l'action des autres, les conséquencesde mes actes, tout cela échappe à mon contrôle, dépasse mon pouvoir.Or, aussi évident que cela paraisse, les hommes n'ont pas conscience de cette opposition.

Comme le fait remarquerDescartes , nous ne désirons que ce qui nous semble possible.

Seuls les fous, c'est-à-dire ceux dont la raison est égarée, voudraient avoir des corps de diamant ou des ailes pour voler.

De même, je ne désire pas devenir roi duMexique, parce que j'ai clairement conscience que cela est impossible.

Par suite je ne souffre pas de ne pas pouvoiraccéder à la royauté.

Comment se fait-il alors que je désire être en bonne santé étant malade, ou libre étant enprison ? C'est que je continue à croire possible la santé et la liberté qui ne dépendent pas entièrement de moi.

Jesouffre donc inutilement, dans la mesure où je ne comprends pas que ce que je désire est en fait impossible et horsde mon pouvoir.C'est pourquoi Descartes déclare qu'il lui a fallu : « [s'] accoutumer à croire qu'il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu'après que nous avons fait de notre mieux, touchant les choses qui noussont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est, au regard de nous, absolument impossible. » Une fois que j'ai fait au mieux, par exemple, que j'ai adopté toutes les règles d'une vie saine, si mon objectif n'estpas atteint, la santé, je dois considérer qu'il n'était absolument pas possible de l'atteindre.

Cela n'était pas en monpouvoir.

Je ne suis pas responsable des conséquences non voulues ou non prévisibles de mes actes.

Cela relève del'intervention du hasard, ou des actions des autres, sur lesquels je n'ai aucune prise.

Il est donc vain de continuer àespérer, ou à me faire des reproches, cela est impossible pour moi. Il s'agit d'une reprise de la maxime d' Epictète : « Ne désire pas que les choses arrivent comme tu le désires, mais désire qu'elles arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux . » Cela ne signifie pas qu'il faut ne rien faire ou ne rien entreprendre ; il faut à l'inverse, comme le dit Descartes « faire de notre mieux ».

Mais il faut comprendre qu'une fois que j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir, je ne peux plus rien désirer.L'inverse serait croire que le destin ou le monde peuvent s'ordonner selon mes désirs, serait demander que leschoses arrivent comme je le désire, ce qui est absurde.

C'est demander l'impossible ou se prendre pour un Dieu quiaurait tout pouvoir sur le monde.

J'ai tout pouvoir sur mes pensées, mais le résultat de mes actions ou de mes actesne dépend pas entièrement ni absolument de moi, il dépend de l'ordre entier de l'univers qui m'échappe.. »

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