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Texte Schopenhauer sur le bonheur: pourquoi sommes-nous plus aptes à percevoir la souffrance que le bonheur ?

Publié le 17/12/2022

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« • Dans ce texte, Schopenhauer envisage la question du bonheur, ordinairement conçu comme réalité positive de notre existence, dont le malheur serait le simple négatif.

Selon cette conception commune, le fond de notre existence serait le bonheur, et la souffrance ne serait qu’accidentelle.

• Mais le malheur et la souffrance peuvent-ils vraiment être envisagés comme la privation du bonheur ? Et si c’était le cas, alors, pourquoi sommes-nous plus aptes à percevoir la souffrance que le bonheur ? Pourquoi les choses agréables nous sont-elles si peu sensibles, quand les choses douloureuses le sont tellement ? « positif » et « négatif » : dire que la souffrance est positive, ce n’est pas dire qu’elle est bonne pour nous, mais qu’elle est une réalité première, qui s’impose à nous par elle-même, de façon immédiate. Au contraire, le bonheur est négatif parce qu’il ne nous apparaît jamais que comme l’absence de souffrance, donc comme réalité privative et médiate. Tout d’abord, Schopenhauer énonce son idée principale : la réalité première, immédiate, de notre existence, c’est la souffrance.

D’emblée, il adosse cette idée à une expérience assez commune : il faut perdre ce à quoi nous tenons (le bonheur, la santé, la jeunesse, la liberté) pour s’apercevoir que nous le possédions.

• Ensuite, Schopenhauer présente un premier élément d’explication : si nous sommes incapables de percevoir les biens au moment où nous les possédons, c’est en raison du phénomène de l’habitude.

En effet, l’habitude émousse nos sensations, nos sentiments, nos perceptions : ainsi, un plaisir continuel perd de son intensité.

Parallèlement, plus nous nous habituons au plaisir, plus nous en sommes dépendants, et plus la perte de celui-ci nous sera douloureuse.

• Enfin, Schopenhauer se réfère à notre expérience du temps : quand nous souffrons nous percevons le temps comme écrasant, trop long ; l’expérience de l’ennui, c’est l’expérience d’un temps qui s’étire indéfiniment.

Ces deux expériences semblent donc conforter sa thèse : ce que nous percevons avec acuité, c’est ce qui nous fait souffrir.

Le bonheur, lui, est une réalité peu sensible, qui n’a pour effet que de nous rendre plus malheureux encore quand nous l’avons perdu. C’est donc autour de la notion d’impression positive ou négative de la douleur que s’articule la première partie de la thèse de Schopenhauer, qui remet en question la capacité de l’homme à ressentir le bien être « Seules, en effet, la douleur et la privation peuvent produire une impression positive et par là se dénoncer d’elles-mêmes : le bien être, au contraire, n’est qu’une pure négation ». L’homme est en mesure de ressentir la douleur, la crainte ou encore le désir car ils sont des malaises se manifestant directement, ils me sont nuisibles et m’indiquent de façon brutale ce qui m’atteint, à l’instar du bien être que je ne peux pas percevoir : il n’est pas selon l’auteur une sensation, sa présence n’est pas marquée, et je ne peux me rendre compte que de son absence.

Cependant, il serait justifié de se demander si ce raisonnement ne semble pas légèrement fermé.

Est-il réellement possible que je ne sois aucunement en mesure de ressentir mon bien être, de me rendre compte que je ne suis pas soumis à un malaise et d’en profiter pleinement ? Considérer la douleur et la privation comme étant les seules impressions positives, au sens de marquées et ressenties pourrait être remis en cause de façon assez naïve : un plaisir quelconque peut très bien produire sur moi une impression positive, se dénoncer de lui-même.

Mais cela n’est-il pas finalement dérisoire ? La présence très marquée de la douleur prend le pas sur les petits plaisirs passagers, qui seront de toute façon très vite oubliés par la réation de nouveaux désirs entrainant de nouveaux malaises. De ce fait, si le bien être « n’est qu’une pure négation » et que l’homme se voit incapable de ressentir pleinement les moments où il n’est pas soumis à des choses nuisibles, la notion de bonheur n’est-elle pas alors totalement illusoire ? Peut-on réellement parler d’état de pleine satisfaction durable si je ne peux pas même me rendre compte que je possède tout ce qui me permettrait d’être satisfait ? Schopenhauer considère que l’homme possède au cours de sa vie trois choses fondamentalement importantes qu’il reconnaît comme étant source de jouissance : « la santé, la jeunesse et la liberté ». Ces trois « grands biens » semblent venir s’opposer aux trois malaises énoncés au début du texte : « la douleur », « le souci », « la crainte ».

Tout comme eux, la santé, la jeunesse et la liberté ne sont pas éternels, et devraient normalement avoir un impact positif sur la vie de l’homme : leur présence devrait être profondément ressentie et marquée, à l’image de tous les malaises que je peux détecter, savoir qu’ils sont en moi.

La valeur des ces biens est tellement grande qu’il devrait être naturel pour l’homme de se rendre compte de leur importance et d’en tirer au maximum profit. Seulement, étant incapable de ressentir son propre bien être, comment l’être humain pourrait comprendre cette valeur au moment où il se fait possesseur de ces mêmes biens ? Cette incapacité à remarquer la présence des jouissances et des joies ne le rend-elle pas de ce fait totalement inapte à l’exploitation de sa santé, sa jeunesse ou encore sa liberté ? Le résultat apparaît identique pour chaque bien que l’homme possède et dont il ne prend la mesure qu’une fois ce bien perdu.

A l’image du bien être ou de l’absence de malaise, ces trois grands biens demeurent pour Schopenhauer de l’ordre du négatif : on ne peut les ressentir car rien ne les dénonce. L’être humain considère tout ce qu’il a pour acquis et n’en profite pas, et ce n’est qu’une fois perdus qu’il prend conscience de l’importance des biens qu’il possédait.

« Aussi n’apprécions-nous pas les trois plus grands bien de la vie, la santé, la jeunesse et la liberté, tant que nous les possédons ; pour en comprendre la valeur, il faut que nous les ayons perdus, car ils sont aussi négatifs ». L’homme est incapable de prendre la mesure de ce qu’il possède au moment où il le possède : il est constamment attiré par ce qu’il n’a pas et vit dans l’attente et non dans le présent.

Comment ne pas considérer alors qu’en passant à côté des jouissances présentes et en espérant toujours plus de l’avenir, l’homme soit dans l’impossibilité de trouver le bonheur ? « Que notre vie était heureuse, c’est ce dont nous ne nous apercevons qu’au moment où ces jours heureux ont fait place à des jours malheureux », voilà la réponse que donne Schopenhauer à cette question.

Le bonheur n’existe pas en tant que tel puisque l’homme est incapable de se rendre compte des joies et jouissances du présent.

Il est de plus totalement insatisfait et ne pourra donc jamais se sentir comblé, quand bien même il serait capable de se rendre compte de cet état d’entière satisfaction.

Etre heureux relève donc du domaine de l’impossible, ou du moins, selon notre définition première du bonheur, qui consistait à le représenter comme étant un état de satisfaction entier et durable.

Le bonheur pour Schopenhauer n’est en réalité que l’absence de douleur, la pure négation de l’existence.

Si je n’ai pas mal, si rien de nuisible ne vient me perturber, c’est la seule façon que j’ai d’être heureux : je ne ressens pas de malaise Dès lors, si l’homme se voit dans la totale incapacité de connaître le bonheur, comment fait-il en sorte de surmonter la douleur et les malaises qui sont finalement les sensations dominantes de son existence ? La douleur est-elle en réalité quelque chose de surmontable ? Nous pourrions envisager la thèse de Schopenhauer comme étant terriblement pessimiste.

Faut-il nécessairement réduire l’existence humaine au simple fait de souffrir et de ne trouver le bonheur que dans l’absence de douleur ? Nous pourrions répondre que non, car même si le philosophe considère le bien être comme une « pure n »gation » certaines personnes affirmeront que le bonheur ne se trouve pas uniquement dans l’état de pure satisfaction durable mais dans la jouissance d’un évènement particulier.

Comment ne pas considerer le fait ’obtenir son diplôme, de gagner une grosse somme d’argent ou bien de tout simplement passer une journée agréable avec ses amis comme quelque chose nous rendant heureux Naïvement, nous serions tentés de contrecarrer la thèse de Schopenhauer en affirmant que la douleur n’est pas l’unique chose que l’homme est en mesure de ressentir et de considérer, car nous nous délectons de certains plaisirs qui excluent totalement l’idée de négation du bien être.

Les jouissances qui composent notre vie font de nous un être heureux, car si le bonheur ne résidait que dans la satisfaction totale et durable, nous ne prendrions plus plaisir à toutes les petites choses qui nous font du bien et nous permettent d’apprécier la vie, de surmonter les difficultés.

Le philosophe Leibniz écrit que « notre bonheur ne consistera jamais dans une.... »

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