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« Trouver son bonheur »

Publié le 05/10/2018

Extrait du document

Tchékhov, Oncle Vania

 

Depuis « Oh, pécheurs que nous sommes » (p. 98) jusqu’à

 

« Nous nous reposerons ! » (p. 100)

 

Les personnages de Tchékhov, et tout particulièrement Sonia dans la dernière tirade de la pièce, sont aux antipodes de la position défendue par Sénèque.

 

Dans l’optique chrétienne, la vie terrestre en effet est une « vallée de larmes » pour reprendre l’expression biblique, seule la vie éternelle, après la mort pourra apporter véritablement le bonheur. La meilleure assurance d’accéder au Paradis est de vivre une vie de renoncement, d’ascèse. Les personnages vont se sacrifier aux autres, vont cultiver la monotonie de la répétition des jours, des soirées interminables, mais ce labeur garantit le repos dans l’autre monde. Ce retournement rappelle les Béatitudes dans le sermon sur la montagne des Évangiles. Le Christ y annonce qu’au Ciel, les valeurs terrestres seront inversées : les premiers seront les derniers.

Dans les trois textes, la recherche du bonheur ici et maintenant suppose un ailleurs absolu vers lequel tendre.

 

Sénèque se moque de ses contemporains qui se font bâtir de ruineux tombeaux pour un hypothétique au-delà ; c’est pourtant l’espoir, ou plutôt la foi dans la vie éternelle, qui seule rend supportable l’existence de labeur des personnages de Tchékhov. Enfin, ce monde tant désiré vers lequel tout nous ramène, mais où il est impossible de vivre prend chez Le Clézio le nom de Mananava.

Texte n° 1

 

Sénèque, La Brièveté de la vie

 

Depuis « De par la loi » (p. 147) jusqu’à « et des cierges. » (p. 148)

Il s’agit de la dernière page du recueil qui, fort symboliquement, se clôt sur l’évocation des funérailles. Plus haut dans l’ouvrage, le philosophe avait déjà fait cette injonction à Paulinus : « Mais il faut apprendre à vivre tout au long de sa vie, et, ce qui peut-être t’étonnera davantage, il faut sa vie durant, apprendre à mourir » (p. 105). C’est donc sur cette idée fondamentale qu’il revient en conclusion.

 

Les hommes se montrent incapables de renoncer au poste qu’ils occupent, à leurs responsabilités. Or, la loi les y autorise. Il est important de le rappeler car cela démontre que l’on peut se consacrer à l'otium, le loisir, sans pour autant délaisser ses devoirs, en particulier vis-à-vis de la patrie. Ce faisant, ils gâchent non seulement leur vie mais celle de leurs proches et tous « font mutuellement leur malheur » ce qui correspond à l’inversion de l’objectif de la vie sociale, depuis Aristote. Les trois caractéristiques de cette vie perdue sont importants tout comme l’ordre dans lequel Sénèque les place : « sans fruit, sans plaisir, sans aucun progrès pour l’âme ». Une vie réussie se doit d’être productive, féconde quel que soit le domaine concerné, elle doit aussi donner du plaisir mais surtout elle se conçoit comme un cheminement assurant un progrès de l’âme.

Le Clézio, Le Chercheur d’or

 

Depuis « Je suis au cœur de la vallée » (p. 362) jusqu’à « et c’est la nuit. » (p. 364)

 

Mananava se situe à l’horizon du domaine, c’est la vallée mythique, presque interdite qui va orienter la quête d’Alexis. C’est d’abord Denis qui l’emmène dans une première marche initiatique, tout comme il le fera embarquer pour la première fois sur la pirogue. Dans les deux cas, l’expédition se solde par un malaise, un évanouissement symbolique qui fait quitter le monde au héros. Tout le roman semble conduire à la vallée, Alexis le découvre presque à la fin : « tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai cherché, c’était pour venir ici, à l’entrée de Mananava » (p. 357).

« Tout provient en réalité d'une erreur de calcul qui a été démontrée et développée largement au cours du livre : nous refusons d'estimer à sa juste longueur notre existence, nous nous l'imaginons éternelle car même la mort, à supposer que nous soyons capables de l'envisager, (ce qui est bien le verbe correspondant à « regarde[r] en face » ), même la mort ne nous paraît pas un terme mais une simple étape avant la suite.

Voilà pourquoi le philosophe stoïcien ne peut que condamner les préoc­ cupations post mortem de ses contemporains, au premier rang desquels il conviendrait d'ailleurs de mettre ...

l'empereur lui-même, Néron.

L'image finale, très forte comme toujours chez Sénèque, est à la fois pathétique et ironique.

Texte n° 2 Tchekhov, Oncle Vania Depuis «Oh, pécheurs que nous sommes» (p.

98) jusqu'à «Nous nous reposerons! » (p.

100) Les personnages de Tchekhov, et tout particulièrement Sonia dans la dernière tirade de la pièce, sont aux antipodes de la position défendue par Sénèque.

Dans l'optique chrétienne, la vie terrestre en effet est une «vallée de larmes» pour reprendre l'expression biblique, seule la vie éternelle, après la mort pourra apporter véritablement le bonheur.

La meilleure assurance d'accéder au Paradis est de vivre une vie de renoncement, d'ascèse.

Les personnages vont se sacrifier aux autres, vont cultiver la monotonie de la répétition des jours, des soirées interminables, mais ce labeur garantit le repos dans l'autre monde.

Ce retournement rappelle les Béatitudes dans le sermon sur la montagne des Évangiles.

Le Christ y annonce qu'au Ciel, les valeurs terrestres seront inversées: les premiers seront les derniers.

L'homme est en effet pécheur comme le rappelle juste avant la tirade de Sonia la vieille Marina «en bâillant » justement, signe de fatigue, d'ennui.

Pour obtenir la Rédemption, il lui faut donc expier ses péchés, voire le péché originel.

Pour autant, les événements de la pièce auront apporté une forme de changement malgré l'apparent retour à l'identique, la situation précédant la visite de Sérébriakov et Éléna que tous évoquaient avec nostalgie.

Oncle Vania et Sonia continuent bien à se sacrifier pour le domaine et pour le professeur, mais ils ont perdu toutes leurs illusions terrestres.

Seuls demeurent l'espoir, la foi dans l'au-delà pour justifier cette vie.. »

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