Devoir de Philosophie

Cours: LA PASSION (1 de 7)

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

INTRODUCTION:  Les passions, définition

-        Le terme « passion « vient du latin passio, forme sur le grec pathos, qui veut dire « souffrance «, « souffrir «, au sens de supporter, d’endurer, d’être victime. On parle de la passion du Christ : de sa souffrance, se son supplice et de sa mise à mort.

-        La passion (passif), au sens classique du terme, s’oppose à l’action (actif) : on subit une passion, on en est la victime. Dans son plus ancien usage grec, le mot pathos avait servi a designer un changement spectaculaire et momentané dans la disposition et la conduite d’un individu, déterminé par certaines circonstances ou par un certain événement.

-        Le mot passion a été employé par les penseurs classiques pour désigner tout le domaine de l’affectivité : sensations et émotions (le plaisir, la douleur, la joie, la tristesse), sentiments, dessers, etc.

-        De manière courante, le terme passion est souvent utilise pour les emportements de l’amour et, au pluriel (les passions), dans la plupart des cas, pour les colères d’espèce politique. Il sert aussi souvent a vanter une ardeur supposée constituer un bien en soi et est synonyme de vitalité.

-        En ce qui concerne  la psychologie savante, le terme est souvent convoque en un sens restreint pour designer toute inclination hypertrophiée, mobilisant l’énergie subjective et les processus de pensée au détriment d’autres fonctions. Ici la passion désigne une affection durable de la conscience, non maitrisable et si puissante qu’elle s’installe a demeure, se fait centre de tout, se subordonnant les autres inclinations et conduisant a une rupture de l’équilibre psychologique.

-        Comme on le verra par la suite, elle ne doit pas être confondue avec l’émotion, tempête passagère dont le désordre s’épuise rapidement, et le sentiment, disposition affective moins démesurée et excessive.

3) La valorisation contemporaine de la passion

-        Il paraît normal aujourd’hui de louer les passions : être passionné pour une activité ou un sujet particulier est une forme de vertu. Un passionné a de la chance : sa vie prend sens grâce à sa passion. Il ne connaît pas l’ennui, tout absorbé qu’il est par sa passion. On l’envie. Les passionnés accomplissent de grandes choses. La passion est donc aujourd’hui tout entière positive : si on n’a pas de passion, on s’en trouve, de peur de passer pour un individu mesquin, indifférent et stérile. La société valorise la passion : elle est créatrice et donc utile.

-        Or, cette valorisation de la passion est un phénomène contemporain. Jusqu’au XVIII° siècle, à l’exception de Descartes, Spinoza et Hume, la passion était condamnée comme un mal. Moralistes, religieux et philosophes voyaient dans la passion le danger majeur qui menaçait la santé morale de l’individu. Pour la tradition classique, en effet, l’état de passion comprend tous les phénomènes passifs de l’âme, tout ce qui, en elle, n’est pas l’effet d’une activité volontaire. L’homme passionné est alors considéré comme une victime qu’il faut, dans le meilleur des cas, plaindre ou excuser.

-        Mais, avec l’école romantique notamment, les passions sont exaltées et l’on souligne l’extraordinaire énergie qu’elles insufflent à ceux qu’elles animent.  Hegel, héritier du Romantisme, va même jusqu’à déclarer que “rien de grand ne s’est fait dans le monde sans passion”. Ici la passion est avant tout l’énergie du vouloir, le désir qui coordonne toute l’activité humaine dans une direction donnée, ce qui, par là  même, peut assurer l’unité d’une vie.

-        Cette ambiguïté de la valeur attribuée aux passions semble fondée sur la complexité même du phénomène passionnel, tantôt positif, tantôt négatif, comme s’il y avait manifestement de bonnes et de mauvaises passions.

-        La passion, par exemple, est condamnée chez l’ivrogne, dans la mesure ou l’alcoolisme se distingue du simple plaisir de boire et constitue un état de souffrance (cf. L’étymologie de passion). En même temps, l’alcoolisme est une passion parce que l’alcool devient le mode même par lequel un individu se rapporte au monde ou le perçoit. Le passionné est, semble-t-il, celui qui s’identifie tout à fait à sa passion, de sorte que la passion apparaît véritablement comme un nouveau style de vie, c’est-à-dire comme une façon originale qu’a la conscience de vivre ses liens avec le monde.

-        Mais la passion est exaltée sous la figure de l’amoureux, du savant ou de l’homme d’action : ce qui, dans le cas de l’ivrogne, devient destruction, est ici cela même qui pousse l’individu au-delà de lui-même. On oppose ainsi le passionné, qui incarne l’engagement, le courage, l’intrépidité, et qui mène une vie riche et intense, à l’homme tiède et modéré, qui vit petitement, avec frilosité.

-        Cette équivocité des passions, oscillant sans cesse entre le sublime et le grotesque, a donné lieu à de longues querelles philosophiques qui renvoient a des problématiques complexes.

4) Problématique

-        Cette ambiguïté de la passion nous invite à comprendre le phénomène passionnel avant d’en évaluer la valeur, comme nous incite à le faire  Spinoza dans un adage célèbre : «ne pas rire, ne pas pleurer, ne pas louer, ne pas blâmer, mais comprendre « (Ethique, L, III, préface).

-        Dès lors, qu’est-ce qui caractérise l’état de passion ? Comment s’opère le passage à la passion ? Quelle est la nature et l’origine des passions ? Quelles sont les passions fondamentales et y a-t-il une logique qui préside a leur association ? Enfin, quelle est leur valeur ? Sont-elles à condamner radicalement, en ce qu’elles seraient par nature esclavage et aliénation ?  Ne peut-on pas distinguer de bonnes et de mauvaises passions ? Des passions libératrices et heureuses sont-elles envisageables ? 

Liens utiles