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Cours: LA PASSION (6 de 7)

Publié le 22/02/2012

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 III) LA VALEUR DE LA PASSION

-        Après avoir décrit l’état de passion (première partie) et réfléchi sur ses différentes sources (deuxième partie), interrogeons-nous maintenant sur la valeur des passions et, plus précisément, sur le remède qu’il convient d’apporter aux passions tristes. Comment l’âme, serve et dépendante, peut-elle conquérir son autonomie et faire des passions les ingrédients nécessaires de l’action libre ?

A) LA VOLONTE : REMEDE AUX PASSIONS (Descartes derechef)

-        La première solution serait d’inspiration stoïcienne et cartésienne : pour guérir des passions tristes ou mauvaises, il est possible de faire appel à la toute-puissance de la volonté qui, face aux mécanismes passionnels, peut réagir et l’emporter.

1) Fonction des passions

-        Nous avons vu que pour Descartes les passions ne viennent ni de l’intérieur de l’âme (erreur de jugement) ni des dieux (destin) mais du corps. Si les passions existent, c’est donc qu’elles remplissent une fonction dans l’ordre physiologique. Cette fonction est de “disposer l’âme à savoir ce qui nous est utile ou nuisible”. Les passions sont un guide naturel à l’usage de l’âme. C’est un système instinctif assurant la protection du corps. Ainsi la crainte assure-t-elle la sauvegarde de l’individu, de même que l’amour permet la perpétuation de l’espèce.

-        De même, elles “ incitent et disposent l’âme” à vouloir certaines choses; les passions aident à fortifier la volonté aussi bien dans les bonnes actions que dans les mauvaises.

-        Le seul problème concernant les passions est celui de l’usage - comme le problème concernant la raison était celui de la méthode. Il y a un bon usage des passions : quand celles-ci remplissent correctement leur fonction naturelle.

2) La maîtrise des passions

-        Toutefois, ce mécanisme peut se dérégler et devenir nuisible (pathologie). C’est alors qu’il faut pouvoir intervenir. La difficulté réside ici dans l’autonomie du corps : la volonté ne peut commander les fonctions physiologiques. Ceci pour une raison déjà évoquée : l’esprit (immatériel) n’a pas de pouvoir direct sur le corps (matériel). C’est donc seulement indirectement que la volonté peut agir sur le corps : “Le plus que notre volonté puisse faire pendant que cette émotion est en sa vigueur, c’est de ne pas consentir à ses effets et de retenir plusieurs des mouvements auxquels elle dispose le corps. Par exemple, si la colère fait lever la main pour frapper, la volonté peut ordinairement la retenir ; si la peur incite les jambes à fuir, la volonté les peut arrêter, et ainsi des autres.” (Descartes, op. cit.)

-        Les passions sont une certaine disposition du corps à agir en fonction  d’une représentation. L’âme peut agir sur la liaison représentation / émotion. C’est donc ou bien au niveau des effets des passions, ou bien au niveau du déclenchement des passions par certaines représentations, que la volonté peut agir.

-        En ce sens, Descartes n’est pas si éloigné de la technique stoïcienne qui prétend pouvoir agir au niveau du jugement. Toutefois, c’est à une maîtrise mécanique qu’il s’agit de parvenir (dressage) et non à l’apathie.

-        Le problème est que, quand une passion me submerge, comme dans la colère, non seulement elle est plus forte que ma volonté d’y résister, malgré tous mes raisonnements, mais elle aveugle mon esprit, détourne ma raison et ma volonté à son profit.

-        Descartes nous dit cependant que nous pouvons apprendre à maîtriser nos passions, et d’une certaine manière notre corps, par le pouvoir de la raison. Pour éviter de succomber aux passions, il faut, dit Descartes, endurcir notre raison, leur opposer des jugements fermes et déterminés sur ce qu’il convent de faire ou de ne pas faire, c’est-à-dire sur ce qui est bien ou mal. Par exemple, si la colère me saisit et me donne envie de frapper, je dois songer qu’il ne faut pas user de violence, surtout envers un être plus faible. Il me suffit de me retenir d’agir jusqu’au moment où l’évanouissement de la passion me restitue mon sens du jugement et ma liberté véritable.

-        On peut faire jouer l’habitude contre les passions. Ainsi, par exemple, la présence d’un danger imprime le sentiment de la peur, habituellement suivi de la fuite. Mais, si l’âme s’efforce, grâce à l’habitude, de joindre à la fuite la représentation de la honte ou de la lâcheté, il se produira un conflit entre l’inclination à fuir et cette représentation; si l’âme imprime très fortement la représentation de la honte ou de la lâcheté liée à la fuite, elle disposera l’homme à affronter le danger avec courage. L’on peut s’habituer au danger jusqu’à faire disparaître la peur (c’est ce que fait le soldat à la guerre). L’on peut s’accoutumer à l’inconfort jusqu’à moins ressentir la douleur, devenir moins « douillet «, et même faire disparaître le désir de bien-être. La pratique des arts martiaux procure également une maîtrise des émotions, évident que l’on ne cède à la colère et ne perde le contrôle de ses coups, comme le fait un novice.

-        Il convient donc, pour bien faire, de commencer par bien juger, ce qui est affaire de méditation mais surtout d’expérience personnelle. C’est d’abord la vie, les erreurs qui doivent m’enseigner à me défier des passions. Grâce à une pensée claire et ferme sur ce qui est bien, ma volonté acquiert la force qui me permet de résister aux passions.

-        Descartes reprend de la tradition stoïcienne la distinction entre “ce qui dépend de nous” et “ ce qui n’en dépend pas”. Il faut s’attacher à transformer son rapport aux choses plutôt que les choses elles-mêmes qui nous échappent toujours à certains égards (“changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde”, Descartes). N’étant pas responsables de ce qui se produit dans le monde, nous ne pouvons rien changer au monde tel qu’il va et n’avons d’autre alternative que de l’accepter ou nous épuiser en vain à le contester.

-        Pour ce faire, nécessité d’égaliser désir et pouvoir, c’est-à-dire de désirer l’accessible. En ne voulant que ce que je peux, je l’obtiendrai toujours à condition d’exercer toujours mon pouvoir. Réduire mon pouvoir en extension (il couvrira un nombre limité de choses), c’est l’accroître en profondeur. Il ne s’agit pas de  posséder toutes les choses, ce qui engendre l’illusion et la déception, mais de posséder les choses que je peux posséder. En réglant le désirable sur l’accessible, je change mon rapport au monde : je substitue à un pouvoir plus étendu et incertain, un pouvoir restreint mais certain. Au lieu de faire l’expérience de la déception, témoignage de mon impuissance à satisfaire mon désir et à changer le monde, je connais le contentement qui résulte du pouvoir sur soi-même

-        Autrement dit, bien juger, refuser de céder aux passions, acquérir de bonnes habitudes finit par amoindrir, voire faire disparaître, les passions. Ce résultat nécessite la médiation de l’accoutumance et de l’exercice. Il m’est donc possible de parvenir à maîtriser mes passions, à force de volonté et d’entraînement.

3)     La générosité

-        La joie toute spirituelle que j’ai à surmonter mes passions, c’est-à-dire à me sentir maître de ma volonté, le fait « d’avoir la libre disposition de ses volontés «, Descartes l’appelle la générosité.

-        La générosité cartésienne n’a pas tout à fait le même sens qu’aujourd’hui. Elle a plutôt le sens qu’on lui donnait au Moyen Âge, où l’on qualifiait de preux ou de généreux un homme brave, qui a du « coeur «. A la suite des stoïciens, Descartes pense aussi que seules m’appartiennent mes volontés, et non la richesse, la beauté ou la force du corps, qui sont possessions aléatoires. Ce qui fait, par conséquent, la valeur de mon être, ce ne sont pas ces propriétés accidentelles, mais uniquement la qualité de ma volonté, le fait de posséder une volonté puissante, tenace, dont j’ai la libre disposition, c’est-à-dire qui obéisse à ma raison et veuille toujours bien faire. Cela s’appelle la vertu.

-        La générosité est une passion dérivée de l’admiration, et plus particulièrement de l’estime, spécifiée par rapport à nous-mêmes. C’est d’abord la disposition à ne s’estimer soi-même que selon ce qui  est véritablement son propre fait et véritablement digne d’éloge.

-        Le généreux est celui qui a reconnu dans “l’usage du libre arbitre”, ou dans “l’empire que nous avons sur nos volontés”, le seul vrai fondement du mérite et l’unique objet de l’estime légitime de soi. La principale perfection de l’homme, en effet, est d’avoir un libre - arbitre, ce qui le rend digne de louange ou de blâme. Le libre- arbitre est le souverain bien parce que seul il dépend absolument de nous.

-        Dans l’article 156, Descartes précise que les généreux sont “entièrement maîtres de leurs passions”, en particulier des désirs, de la jalousie, de l’envie, de la haine et de la colère. Il ne s’agit pas de vaincre ses passions. Cette maîtrise consiste plutôt en ce que les généreux se trouvent entièrement exempts à l’égard des autres hommes de certaines passions négatives, telles que la haine ou l’envie.

-        D’autre part, s’ils se trouvent surpris par quelque mouvement passionnel (crainte, colère…), ce mouvement reste en eux un simple mouvement, un commencement de passion qui n’est ni cultivé par le sujet lui-même, ni suivi d’effets notables. Les généreux sont ces âmes fortes qui mettent en oeuvre en toute circonstance les propres armes de la volonté et du jugement. Ce qui constitue la manière généreuse de penser, de sentir et de penser, c’est l’intérêt pour le bon usage du libre arbitre, pour le bien en général et pour les satisfactions qu’il procure.

-        La générosité, dit Descartes, est le contraire de l’égoïsme, comme la magnanimité l’est de la petitesse. Etre généreux, c’est être libéré de soi, de ses petites lâchetés, de ses petites possessions, de ses petites colères, de ses petites jalousies. Plaisir vertueux de jouir de sa propre et excellente volonté. Grandeur d’âme : être généreux, c’est être libre.

-        Dès lors, précise Descartes à l’article 154, les généreux ne “méprisent jamais personne” : aux yeux du généreux, les hommes doivent être appréciés selon l’usage qu’ils font de leur libre arbitre; la volonté de bien faire en général n’est rien dont un autre homme puisse être réputé absolument privé; rien, par exemple, ne peut nous rendre certains qu’un homme qui a commis de très grandes fautes ne pourra dans l’avenir se révéler capable de bonne volonté.

-        Ne pas confondre cette estime universelle avec une complaisance indifférenciée : il y a entre les hommes de grandes différences de mérite que le généreux ne peut manquer de reconnaître (exemple du criminel). Mais du simple fait qu’ils ont reçu et conservent l’usage de leur libre arbitre, les hommes sont tous à prendre en considération autrement que les simples choses de la nature. Cela signifie, non point qu’ils leur reconnaissent à tous un mérite positif, mais que malgré les plus grandes fautes qu’ils les verront commettre, ils ne laisseront pas de les considérer comme des hommes : l’usage du libre arbitre suffit à les distinguer de tous les animaux et à les excepter du mépris. La bonne volonté que les généreux doivent avoir à l’égard d’un chacun consiste en une ferme volonté de faire toujours à chacun le plus grand bien possible. La bonne volonté généreuse conduit à agir envers tout un chacun selon ce qui semble être le meilleur à son égard.

-        De même, dans l’article 155, Descartes affirme que “les plus généreux ont coutume d’être les plus humbles”. Il ne s’agit pas pour le généreux de se déprécier lui-même à ses propres yeux. Ici Descartes veut dire que le généreux se trouve content de lui-même et de ce qu’il a fait, mais cela ne signifie pas qu’il affecte quelque hauteur envers ses semblables. Son humilité fait qu’il ne se préfère à personne. Les généreux sont aussi “naturellement portés à faire de grandes choses” (cela correspond à l’ancien concept de la générosité : le généreux, selon la tradition, est un homme de bonne naissance, qui s’illustre comme tel). Descartes précise néanmoins que le généreux ne doit rien “entreprendre dont ils ne se sentent capables”. Les généreux ne recherchent pas constamment la gloire et peuvent se borner à remplir leurs obligations ordinaires. Faire de grandes choses, pour le généreux, ne signifie pas nécessairement accomplir des actions d’éclat; il s’agit plutôt de porter l’exercice de sa volonté jusqu’à un certain maximum qui se définira par la persévérance, l’endurance ou le soin extrême apportés à l’exécution d’une tâche déterminée, le mépris de son propre intérêt, le dévouement au bien des autres hommes.

4)     Conclusion : la valeur de la générosité et le règlement des passions

-        Au total, la générosité implique trois éléments fondamentaux :

·       le bon état ou la bonne qualité de la volonté en général, qui fait qu’elle est capable de constance, de ponctualité, de discipline, de plénitude, bref le degré de “force de l’âme” en deçà duquel on n’aurait pas réellement “l’usage entier de son libre arbitre”;

·       cette volonté généreuse possède comme armes des “jugements fermes et déterminés touchant la connaissance du bien et du mal” et comme objet son propre bon usage;

·       le bon sentiment de soi-même qui ne fait qu’un avec la certitude du bon état et du bon usage de la volonté.

-        Descartes précise, dans les articles qui suivent ceux portant sur la générosité, que suivre la vertu, et agir généreusement, suffit à assurer la satisfaction intérieure ou le contentement de l’âme et qu’il n’y a pas d’autre bonheur solide que celui que fournit la conscience d’avoir toujours suivi la vertu. Seule la conduite généreuse procure cette satisfaction de soi-même qui coïncide avec une parfaite tranquillité d’esprit.

-        La générosité permet ainsi de tout vivre, sur le mode le plus positif de la vie, c’est-à-dire de jouir de tout: de soi naturellement, et de sa propre action; mais aussi de toutes circonstances, des plus heureuses au moins heureuses. Si je sais que j’ai toujours tâché de bien user de ma volonté, que j’ai voulu seulement le bien, et non la richesse ou la gloire, mon âme a alors « de quoi se contenter en son intérieur «. Je peux être fier de ma générosité et ne m’affligerai pas de l’insuccès de mes entreprises extérieures, des revers de fortune, des coups du sort, du moment que je sais que j’ai toujours fait de mon mieux. Cette satisfaction de ma propre vertu me donne une joie pure. Si je possède la libre disposition de ma volonté, les agressions du monde et les passions qui s’ensuivent ne me troublent plus, elles augmentent au contraire ma joie du fait qu’elles me donnent encore plus l’occasion d’éprouver ma générosité, ma force, ma perfection.

-        La générosité implique donc un certain sentiment de sa propre résolution, c’est-à-dire de la puissance de sa volonté, et un sentiment d’avoir toujours bien usé de cette volonté. Il y a ainsi un rapport entre le fait d’être satisfait de sa conduite et le fait d’avoir d’abord eu la résolution de bien faire.

-        L’article 211 conclut que les passions sont “ toutes bonnes de leur nature “ et que “ nous n’avons rien à éviter que leurs mauvais usages ou leurs excès”.

-        Elles sont bonnes d’abord parce qu’elles contribuent à notre conservation ou à notre perfection. C’est pour nous un bien et une perfection que de pouvoir ressentir cette douceur que certaines d’entre elles nous procurent.

-          C’est encore un bien et une perfection que de pouvoir, sous leur effort, expérimenter toute la force et l’indépendance de notre âme.

-        C’en est un enfin, en soi, d’être ému par les choses extérieures, puisque, si nous ne pouvons l’être, ce serait comme si nous étions privés du sens du plaisir et de la douleur : notre vie, notre existence dans le monde y perdrait elle-même tout son sens. En un certain sens, les passions sont cela même qui nous fait exister; et l’apathie serait pour nous, non pas seulement la pire des privations, mais la privation même.

-        Un homme libre ne peut ainsi être troublé par aucune vicissitude de la vie, parce que rien ne saurait entamer le pouvoir qu’il a sur lui-même. Aussi, c’est dans les circonstances les plus défavorables, dans les infortunes qu’il trouvera au plus haut point l’occasion de s’estimer en les surmontant, en réduisant leurs effets par la force et la constance de sa volonté. Il sait que son seul bonheur et sa plus grande joie ne dépendent que de lui-même, de la satisfaction qu’il retire de l’action guidée par ce qui lui semble être le meilleur.

B) LA CONNAISSANCE ET LE ROLE DE LA REFLEXION (Spinoza derechef)

-        A la différence de Descartes et des stoïciens, Spinoza ne fait nullement appel au pouvoir libre et tout-puissant de notre âme. L’homme n’est qu’une partie de la nature, soumise comme le reste des choses à des chaînes de causalité nécessaires. Pour se libérer, demeure la connaissance vraie, la science des affections. Il n’est pas question de gouverner les passions par la volonté, mais d’en avoir une connaissance claire et distincte, de les comprendre dans leur rationalité. Ainsi puis-je transmuter la servitude en liberté.

-        La philosophie spinoziste des passions nous enseigne que la passion n’est malheureuse que si elle est mal employée ; son bon usage permettrait bonheur et épanouissement puisque nous ne saurions nous affranchir des passions et vivre sans. La servitude des passions n'est pas issue du Désir en tant que tel, mais du manque de connaissance qui nous réduit à n'être que la cause partielle de nos actes.

-        Spinoza pense que nous ne sommes pas condamnés aux passions, que nous pouvons récupérer et même augmenter les puissances de notre être grâce au développement de notre pouvoir de comprendre. Nous pourrions en quelque sorte nous affranchir de la servitude des passions, dans la mesure où nous parviendrions à passer du plan de l’imagination au plan de la connaissance vraie.

-        Dès lors, nous vivons sous le régime de la liberté lorsque nous agissons uniquement selon les lois de notre propre nature, c’est-à-dire librement. Etre vertueux, c’est désirer être heureux, bien agir et bien vivre. Nous sommes libres lorsque nous connaissons et comprenons la cause de nos actes; être libre, ce n'est pas lutter contre nos passions, mais développer une conscience de nous-même qui nous permettra de faire résulter nos actions de notre être et non pas du monde ou de valeurs imaginaires.

-        Nous avions vu que le désir est créateur de valeurs. La connaissance vraie, adéquate consiste d'abord à prendre conscience de ce pouvoir créateur du Désir et à nous libérer d'une emprise extérieure qui résulte d'une illusion de l'imagination qui attribue une valeur objective à un but (richesse, honneurs…) qui n'a pas d'autre valeur que celle que lui accorde notre Désir.

-        La liberté : la réalisation consciente de soi-même.

-        Lorsque nous comprenons nos passions, lorsque nous intégrons l’objet de notre passion dans tout un système de choses, où il perd son individualité et son prestige, nous nous libérons, en même temps, de son pouvoir fascinant. Les passions se transforment ainsi en actions grâce à la connaissance vraie. La passion comprise perd son privilège et son prestige, elle se trouve insérée dans une chaîne de causes et d’effets.

-        La connaissance vraie, qui fait passer le Désir de la passivité à l'activité, libère le désir des faux biens : elle ne le supprime pas mais transforme un désir ignorant, aliéné, passif, en un désir éclairé, autonome, actif. Elle nous sauve en nous unissant à nous - même et à autrui.

-        Elle nous unit d’abord à nous-même car la vertu est d’abord amour de soi. L’égoïste ne s’aime pas vraiment, car ce qu’il aime c’est son esclavage et non pas ce qu’il est authentiquement. Si les orgueilleux et les vaniteux délirent, c’est qu’ils aiment les bonnes opinions que les autres pourraient se faire d’eux et non pas leurs qualités réelles. L’envieux se méprise en réalité, car, autrement, les qualités d’autrui et les succès qui en résultent ne le feraient pas souffrir et il n’aurait pas l’envie d’être à la place de l’autre.

-        Au contraire, l’homme conduit par la raison s’aime authentiquement, car il aime ce qu’il a de positif en lui-même. La connaissance nous unit également aux autres. Rien ne nous est plus utile que le commerce avec les autres hommes. Les hommes, unis par la raison, forment une seule communauté dont la seule loi est la générosité, “désir par lequel chacun s’efforce d’après le seul commandement de la raison d’aider les autres hommes et de se lier avec eux d’amitié”.

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