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Grand cours: EXISTENCE & MORT (a de g)

Publié le 22/02/2012

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Définitions

1) La réalité

- On entend par " réalité " l'existence réelle et actuelle, par opposition à ce qui est imaginé ou simplement représenté (le rêve, la fiction, l'idéal, la vision, la chimère, etc.).

- La réalité désigne un type d'existence caractérisé par la permanence, la fiabilité, la massivité, l'irréductibilité, s'imposant et résistant à ceux qui tentent de l'oublier ou de la nier (contrairement à l'apparence qu'on peut justement faire disparaître ou qui disparaît d'elle-même). La réalité est ce dont je ne peux m'abstraire; elle exige des réponses, des comportements qui lui sont adaptés, elle me rappelle à l’ordre dès que les réactions ne sont pas adéquates à la situation.

2) Existence et essence

 - Or, si, comme nous l'avons vu, une chose peut très bien exister sans être réelle, il convient de préciser le sens de la notion d'existence.

- Existence et être sont des termes apparemment équivalents. En apparence seulement car l'être peut se dire de deux façons : je puis distinguer le simple fait que je suis (mon existence) et ce que je suis (mon essence : être homme, citoyen français, père de famille, etc.).

® Dire d'une chose qu'elle est, c'est poser son existence;

® dire ce qu'elle est, c'est définir son essence.

- L'existence renvoie à l'être, non en tant qu'essence, mais à l'être en tant qu'il s'oppose au néant. En effet, exister, en ce sens-là, c'est le simple fait d'être, de se trouver là concrètement. Par opposition, le néant désigne ce qui n'existe pas encore, ou n'existe plus, ce qui, en tout cas, n'a pas d'être ou de réalité, soit absolument, soit relativement.

- Ainsi l'essence désigne-t-elle ce qu'est un être, sa nature, ce qui le définit, l'ensemble de ses propriétés, indépendamment du fait que cet être existe.

- On distingue généralement la notion d'essence de celle d'accident : tandis que l'essence signifie ce qui constitue la nature permanente d'un être, abstraction faite de ce qui lui arrive, l'accident qualifie ce qui existe non en soi-même mais en une autre chose, ce qui peut être modifié ou supprimé sans que la chose elle-même change de nature ou disparaisse. La notion d'essence est alors proche de celle de substance, entendue  comme la réalité permanente qui sert de support aux accidents, qualités, attributs, cela même qui demeure le même tout en subissant des modifications (revoir, à ce sujet, dans le cours sur la conscience, le chapitre consacré au problème de l'identité personnelle).

Problématisation

- Si l'on se réfère maintenant à l'étymologie du mot " existence " un premier problème se fait jour: existence vient du latin existentia (sistens : se tenant; ex : à partir de). Cette étymologie suggère, en effet, que l'existence surgit à partir de quelque chose. Est-il alors possible de déduire l'existence, de poser un principe dont l'existence dériverait nécessairement ?

- Premier problème donc auquel sera consacrée la première partie du cours : Qu'est-ce qui, de l'essence ou de l'existence, est premier ? Ou bien peut-on dire que je surgis d'abord dans le monde et que j'engendre ainsi une nature postérieure à mon existence ? 

- Remarquons ensuite qu'exister, pour l'homme, ne se réduit jamais au simple fait d'être. Contrairement aux choses de la nature qui simplement sont là, seul l'homme existe, c'est-à-dire prend conscience de son existence et pose la question du sens de cette existence : être ou ne pas être ? pourquoi existons-nous ? pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Cette question du sens de l'existence sera l'objet de notre deuxième partie.

- Les hommes ont conscience que cette existence est limitée dans le temps et qu'elle a comme horizon permanent la mort. Cette conscience de la mort est une autre caractéristique fondamentale de l'humanité : le passage de la nature à la culture se manifeste non seulement par l'invention du langage, du travail, de l'organisation politique, mais aussi par la reconnaissance de la mort et des rites funéraires. Et si la mort est un problème pour l'homme, c'est précisément parce qu'il s'interroge sur le sens de son existence.

- En effet, quel sens la mort a-t-elle pour l'existence ? La rend-elle absurde, vaine ou, au contraire, lui donne-t-elle une signification profonde ? La perspective de la mort ne relativise-t-elle pas toute chose, n'invalide-t-elle pas toute entreprise ? Et si oui, y a-t-il de surmonter cette absurdité apparente ?

- Penser la mort, à supposer que cela soit possible, c'est s'engager dans une conception de l'existence et de l'art de vivre. Quelle orientation faut-il donner à notre existence, sachant qu'elle a un terme, une limite absolue et que tous nos projets sont en permanence menacés par la possibilité de la mort ? Dès lors, faut-il se proposer d'oublier la mort, de faire comme si elle n'existait pas, de consacrer nos efforts à penser la vie et à faire quelque chose de notre vie, plutôt que d'assombrir le présent par la crainte d'une fin à laquelle personne ne saurait échapper ? Faut-il se préparer à mourir, reconsidérer le poids de chaque chose, de chaque événement, en fonction de l'échéance finale ?

- Ces différentes questions relatives à la mort seront explicitement traitées dans la troisième et dernière partie du cours

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