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l'oeuvre d'art n'est-elle qu'une imitation de la nature?

Publié le 04/01/2005

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Plan indicatifRemarque préliminaire : ce sujet pose la question de savoir non pas si l'art est une imitation de la nature, mais s'il n'est que cela. On ne traiterait donc pas le sujet si l'on se bornait à démontrer que l'art imite la nature.IntroductionEn opposant la nature et l'art (entendu au sens large de tous les procédés humains servant à produire quelque chose), l'Antiquité voyait dans celui-ci une imitation de celle-là : pour Aristote, par exemple, l'art de cuire les aliments imite la digestion dans l'estomac ; pour Démocrite, l'homme en bâtissant des maisons imite les hirondelles, ou en tissant, les araignées. Nous avons abandonné aujourd'hui cette vue un peu naïve, même à propos de l'art entendu au sens restreint de beaux-arts, que le surréalisme ou la peinture abstraite nous ont, entre autres, appris à ne plus considérer comme une imitation de la nature, puisque cette dernière ne s'y trouve plus reproduite. Il reste cependant à nous demander en quoi l'art, même lorsqu'il l'imite, n'est pas une simple imitation de la nature.1) l'art, réalisation et extériorisation de la conscience de soi a) HegelL'art est un moment de la prise de conscience de soi et « un moyen à l'aide duquel l'homme extériorise ce qu'il est «. b) SartreSartre prolonge l'analyse de Hegel en faisant de l'art le moment où la conscience cesse de dévoiler simplement le monde pour se poser en productrice de l'être : « Chacune de nos perceptions s'accompagne de la conscience que la réalité humaine est "dévoilante", c'est-à-dire que par elle "il y a" de l'être, ou encore que l'homme est le moyen par lequel les choses se manifestent ; c'est notre présence au monde qui multiplie les relations. C'est nous qui mettons en rapport cet arbre avec ce coin de ciel ; grâce à nous cette étoile, morte depuis des millénaires, ce quartier de lune et ce fleuve sombre se dévoilent dans l'unité d'un paysage ; c'est la vitesse de notre auto, de notre avion qui organise les grandes masses terrestres ; à chacun de nos actes le monde nous révèle un visage neuf. Mais si nous savons que nous sommes les détecteurs de l'être, nous savons aussi que nous n'en sommes pas les producteurs. Ce paysage, si nous nous en détournons, croupira sans témoins dans sa permanence obscure.

« L'art est un moment de la prise de conscience de soi et « un moyen à l'aide duquel l'homme extériorise ce qu'il est ». b) Sartre Sartre prolonge l'analyse de Hegel en faisant de l'art le moment où laconscience cesse de dévoiler simplement le monde pour se poser enproductrice de l'être : « Chacune de nos perceptions s'accompagne de laconscience que la réalité humaine est "dévoilante", c'est-à-dire que par elle "ily a" de l'être, ou encore que l'homme est le moyen par lequel les choses semanifestent ; c'est notre présence au monde qui multiplie les relations.

C'estnous qui mettons en rapport cet arbre avec ce coin de ciel ; grâce à nouscette étoile, morte depuis des millénaires, ce quartier de lune et ce fleuvesombre se dévoilent dans l'unité d'un paysage ; c'est la vitesse de notreauto, de notre avion qui organise les grandes masses terrestres ; à chacunde nos actes le monde nous révèle un visage neuf.

Mais si nous savons quenous sommes les détecteurs de l'être, nous savons aussi que nous n'ensommes pas les producteurs.

Ce paysage, si nous nous en détournons,croupira sans témoins dans sa permanence obscure.

Du moins croupira-t-il : iln'y a personne d'assez fou pour croire qu'il va s'anéantir.

C'est nous qui nousanéantirons et la terre demeurera dans sa léthargie jusqu'à ce qu'une autreconscience vienne l'éveiller.

Ainsi à notre certitude intérieure d'être"dévoilants" s'adjoint celle d'être inessentiels par rapport à la chose dévoilée.Un des principaux motifs de la création artistique est certainement le besoinde nous sentir essentiels par rapport au monde.

» c) transitionNous étudierons donc l'art saisi comme manifestation d'une conscience sous les deux aspects de cette conscience,à savoir en tant que conscience du monde et en tant que conscience de soi, du moi. 2) l'art et le monde a) L'art ne se contente pas d'imiter la nature Pour Hegel, l'art se sépare de la technique précisément en tant qu'il ne seborne pas à imiter la nature : « l'imitation ne peut produire que des chefs-d'oeuvre de technique, jamais des oeuvres d'art ».

S'il ne dépasse pasl'imitation, l'oeuvre d'art est « fastidieuse » et « nous n'y voyons qu'unartifice ». Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

Lacontemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauténaturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui estnécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'unêtre naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art,tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plusde plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher desoleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrachede la nature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature etse pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, penseHegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire del'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faitepour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche às'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sensqui veut se rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence, car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étant historiquement la première incarnation de l'esprit, ilse confond d'abord à la religion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère et Hésiode qui ontinventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegel définit comme "classique", sera dépassé par l'art romantiqueavec l'apparition du christianisme.

La religion chrétienne est essentiellement anthropomorphique : le divin est leChrist, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte en croix.

Seul l'art peut ici donner unereprésentation charnelle de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, et si l'art est mort dans notre sociétémoderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffit plus tout à fait aux besoins del'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de son. »

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