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Nietzsche et l'immoralité: Nietzsche, Humain, trop humain.

Publié le 20/01/2014

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nietzsche

« Nous n'accusons pas la nature d'immoralité quand elle nous envoie un orage et nous trempe : pourquoi disons-nous donc immoral l'homme qui fait quelque chose de mal ? Parce que nous supposons ici une volonté libre aux décrets arbitraires, là une nécessité. Mais cette distinction est une erreur. En outre, ce n’est même pas en toutes circonstances que nous appelons immorale une action intentionnellement nuisible ; on tue par exemple une mouche délibérément, mais sans le moindre scrupule, pour la pure et simple raison que son bourdonnement nous déplaît, on punit et fait intentionnellement souffrir le criminel afin de se protéger, soi et la société. Dans le premier cas, c'est l'individu qui, pour se conserver ou même pour s’éviter un déplaisir, cause intentionnellement un mal ; dans le second, c’est l'État. Toute morale admet les actes intentionnellement nuisibles en cas de légitime défense, c'est-à-dire quand il s’agit de conservation. Mais ces deux points de vue suffisent à expliquer toutes les mauvaises actions exercées par des hommes sur les hommes : on veut son plaisir, on veut s’éviter le déplaisir ; en quelque sens que ce soit, il s’agit toujours de sa propre conservation. Socrate et Platon ont bien raison : quoi que l'homme fasse, il fait toujours le bien, c’est-à-dire ce qui lui semble bon (utile) suivant son degré d’intelligence, son niveau actuel de raison. «

Nietzsche, Humain, trop humain.

 

 

 

 

            Quel est le fond de la morale ? Faut-il retenir la distinction entre le bien et le mal ? Sur quoi repose l’antinomie entre le bon et le méchant ? Le soupçon nietzschéen se porte à l’endroit des raisons et de la finalité de la morale. Celle-ci requiert la conscience et la liberté. Ne peut poursuivre le bien que celui qui est d’une part libre de choisir et d’autre part conscient des valeurs éthiques. Or ces deux postulats ne sont-ils pas illusoires ? La liberté au sens du libre arbitre, c’est-à-dire de la capacité d’élire le bien au détriment du mal n’est-elle pas une fiction ? Ne sommes-nous pas doublement déterminés : extérieurement par l’ordre du monde, intérieurement pas le champ de nos pulsions ? Mais surtout la conscience ne se déploie-t-elle pas sur la méconnaissance de notre être ? 

nietzsche

« d’une grille interprétative critique.

Ce que l’on tient pour libre ne s’origine en fait que sur le sentiment de culpabilité, plus précisément encore sur le ressentiment à l’égard de la vie.

On ne qualifie pas d’immoralité ce qui est nécessaire.

Une tuile qui me tombe sur la tête ne peut vouloir me faire mal.

Et la raison est évidente puisque la chute de la tuile obéit à la loi physique de cause à effet.

Mais si ce qui est nécessaire n’est ni moral ni immoral, pourquoi accuser l’homme, être naturel, d’être méchant ? Il est clair que nous n’apprécions pas identiquement les faits naturels et les actions proprement humaines parce que la science, en l’occurrence la physique, aborde les événements mondains selon les lois universelles indépendantes de notre volonté.

En revanche, la morale pense que les actes proviennent de la liberté d’un individu qui peut choisir entre le bien et le ma l.

Les moralistes posent donc que la nature, l’univers est régit par la stricte nécessité alors que l’homme en son être serait libre d’agir après délibération et décision selon des fins à atteindre.

C’est pourquoi, s’il va de soi que les événements sont d’ emblée innocentés, nous tenons l’homme pour responsable de ses faits et gestes.

C’est dire que la responsabilité comme l’a bien montré Kant suppose la liberté et la conscience.

Si la nature est innocence, innocentée ; la nature humaine étant caractérisée p ar le libre arbitre, on ne déduit qu’il est seul responsable de ce qu’il est.

La liberté est donc perçue comme ce qui nous soustrait à la nécessité, au déterminisme.

Il y aurait ainsi deux mondes : le monde naturel nécessaire et le monde humain fondé sur l a liberté.

La critique nietzschéenne dénonce violemment cette logique antithétique opposant la nécessité à la liberté, la cause et le motif, la nature et la culture.

En effet, l’homme n’est -il pas un être naturel se pliant à la nécessité ? La motivation à agir n’est -elle pas impulsion naturelle ? Faut-il inventer un autre monde, un arrière -monde dans lequel l’homme serait liberté ? Mais rappelle, Nietzsche, il n’existe qu’un seul et unique monde, le monde d’ici - bas.

Où serait cet arrière -monde ? Il n’est que la pure imagination des métaphysiciens et des moralistes.

À la manière de Spinoza, l’erreur de croire en la liberté est de poser l’homme comme « un empire dans une empire », de croire que l’homme se soustrait aux lois de l’univers.

Ce monde fictif a pour tant une raison d’être soupçonne Nietzsche : créer un monde imaginaire a pour sens d ‘épingler les intentions bonnes ou mauvaises afin de juger les hommes les rendant ainsi responsables et coupables.

Aussi le concept de liberté n’est -il qu’une fiction pour que la morale religieuse en déculpabilisant Dieu de tous les maux en incriminant uniquement l’homme comme pécheur.

La logique est donc la suivant du point de vue de la théologie chrétienne : Dieu étant Miséricorde, Bon, Juste, Amour, le mal ne peut provenir que de l’homme, et comme le mal n’est possible que sur fond de liberté donc l’homme libre est coupable de l’existence du mal.

D’où vient le mal ? Il résulte d’un mésusage de notre supposée liberté car libre l’homme peut choisir le mal, il peut se fourvo yer, être victime d’illusions.

Que le mal provienne d’une erreur de jugement ou d’un mauvais usage de la volonté, il ne peut venir d’un être éminemment bon.

La faute, l’erreur, le péché sont l’inévitable fardeau de l’homme libre.

L’acte libre étant causa sui, cause d’elle -même, l’homme ne peut que s’en remettre à lui -même, ce qui lui interdit d’accuser Dieu ou de se démettre de sa liberté en invoquant le destin, de se déculpabiliser en évoquant la fatalité.

Il est dés lors le seul responsable et l’unique coupable.

Nietzsche restitue soigneusement la logique du libre arbitre pour mieux la démanteler.

La religion, la philosophie, la métaphysique, la théologie assigne comme tâche à l’homme d’exercer sa liberté entière.

Il serait même libre de renoncer librement à sa liberté.

Il aurait même pour être d’être totalement et absolument libre.

Cette manière d’identifier l’être de l’homme à la liberté est un subterfuge pour le mettre constamment en situation de dette pour l’engager malgré lui, contre lui, à s’orienter dans la voie du salut, du rachat, à accepter la punition et le châtiment pour les fautes commises.

C’est en dévoilant cette duplicité que Nietzsche parvient à innocenter l’homme de toute faute, de toute culpabilité.

L’homme et le monde sont innocence.

Ce f aisant, il travaille à déconstruire l’édification de la machine à culpabiliser, à laver la pensée de l’homme d’arguties qui inoculent en l’homme les idées de liberté et de responsabilité.

Il faut donc faire retour à la question de l’être de l’homme en évac uant les concepts de libre arbitre, de dette, de tâche, de faute et de conscience coupable.

Et par ce retour à l’originaire, il retourne les moralistes contre eux -mêmes pour mieux s’en détourner.

Il convient de. »

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