argentée caressait ses épaules, une ombre bleue emplissait le creux qui partageait son dos étincelant ; et les fossettes de es reins, qui s'élevaient et s'abaissaient à chacun de ses pas souriaient d'un divin sourire.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
"Comment?
Cettefoisencore vousn'aviez pasmangé depuisvingt−quatre heures?
Cette foisencore, répondit JeanMarteau, jen'avais pasmangé depuisvingt−quatre heures.Maisj'avais tort.
Il n'est pasconvenable demanquer depain.
C'estuneincorrection.
Lafaim devrait êtreundélit comme levagabondage.
Mais enfait lesdeux délits seconfondent etl'article 269punit detrois àsix mois deprison lesgens quin'ont pasde
moyens desubsistance.
Levagabondage, ditleCode, estl'état desvagabonds, desgens sansaveu, quin'ont nidomicile
certain nimoyens desubsistance etqui n'exercent habituellement aucunmétier, aucune profession.
Cesont degrands
coupables.
Il est remarquable, ditM.
Bergeret, quel'état deces vagabonds, passiblesdesix mois deprison etde dix ans de
surveillance, estprécisément celuioùlebon saint François mitsescompagnons, àSainte−Marie−des−Anges, etles filles
de sainte Claire, saintFrançois d'Assiseetsaint Antoine dePadoue, s'ilsvenaient prêcheraujourd'hui àParis, risqueraient
fort d'aller danslepanier àsalade audépôt delaPréfecture.
Ceque j'endisn'est paspour dénoncer àla police lesmoines
mendiants quipullulent maintenant ettrublionnent cheznous.
Ceux−là ontdes moyens d'existence etils exercent tous
les métiers.
Ils sont respectables puisqu'ilssontriches, ditJean Marteau, etlamendicité n'estinterdite qu'auxpauvres.
Si j'avais ététrouvé sousmon arbre, j'aurais étémis enprison, etc'eût étéjustice.
Nepossédant rien,j'étais unennemi
présumé delapropriété, etilest juste dedéfendre lapropriété contresesennemis.
Latâche auguste dujuge est
d'assurer àchacun cequi luirevient, auriche sarichesse etau pauvre sapauvreté.
J'ai médité laphilosophie dudroit, ditM.
Bergeret, etj'ai reconnu quetoute lajustice sociale reposait surces deux
axiomes: levol est condamnable ;le produit duvol est sacré.
Cesont làles principes quiassurent lasécurité desindividus
et maintiennent l'ordredansl'État.
Sil'un deces principes tutélaires étaitméconnu, lasociété toutentière s'écroulerait.
Ils furent établis aucommencement desâges.
Unchef vêtu depeaux d'ours, arméd'une hache desilex etd'une épéeen
bronze, rentraavecsescompagnons dansl'enceinte depierres oùles enfants delatribu étaient renfermés avecles
troupeaux desfemmes etdes rennes.
Ilsramenaient lesjeunes fillesetles jeunes garçons delatribu voisine et
rapportaient despierres tombées duciel, quiétaient précieuses parcequ'on enfaisait desépées quinepliaient pas.Le
chef monta suruntertre, aumilieu del'enceinte, etdit: "Ces esclaves etce fer, que j'aipris àdes hommes faibleset
méprisables, sontàmoi.
Quiconque étendralamain dessus serafrappé dema hache." Telleestl'origine deslois.
Leur esprit estantique et
barbare.
Etc'est parce quelajustice estlaconsécration detoutes lesinjustices, qu'ellerassure toutlemonde.
"Un juge peut êtrebon, carleshommes nesont pastous méchants ;la loi ne peut pasêtre bonne, parcequ'elle est
antérieure àtoute idéedebonté.
Leschangements qu'onya apportés danslasuite desâges n'ont pasaltéré son
caractère originel.Lesjuristes l'ontrendue subtileetl'ont laissée barbare.
C'estàsa férocité mêmequ'elle doitd'être
respectée etde paraître auguste.
Leshommes sontenclins àadorer lesdieux méchants, etce qui n'est point cruelneleur
semble pointvénérable.
Lesjusticiables croientàla justice deslois.
Ilsn'ont point uneautre morale quelesjuges, etils
pensent commeeuxqu'une actionpunieestune action punissable.
J'aiété souvent touchédevoir, enpolice
correctionnelle ouenCour d'assises, quelecoupable etlejuge s'accordent parfaitement surlesidées debien etde mal.
Ils ont lesmêmes préjugés, etune morale commune.
JEAN MARTEAU
57
Crainquebille, Putois,Riquetetplusieurs autresrécitsprofitables Iln'en saurait êtreautrement, ditJean Marteau.
Un
malheureux quiavolé àun étalage unesaucisse ouune paire desouliers n'apas pour celapénétré d'unregard profond et
d'un esprit intrépide lesorigines dudroit etles fondements delajustice.
Etceux qui,comme nous,n'ontpascraint de
voir laconsécration delaviolence etde l'iniquité àl'origine desCodes, ceux−là sontincapables devoler uncentime.
Mais enfin, ditM.
Goubin, ilya des loisjustes.
Croyez−vous? demandaJeanMarteau.
Monsieur Goubinaraison, ditM.
Bergeret.
Ilya des loisjustes.
Maislaloi, étant instituée pourladéfense delasociété,
ne saurait être,danssonesprit, pluséquitable quecette société.
Tantquelasociété serafondée surl'injustice, leslois
auront pourfonction dedéfendre etde soutenir l'injustice.
Etelles paraîtront d'autantplusrespectables qu'ellesseront
plus injustes.
Remarquez aussiqu'anciennes pourlaplupart, ellesreprésentent nonpastout àfait l'iniquité présente,
mais uneiniquité passée,plusrude etplus grossière.
Cesont desmonuments desâges mauvais, quisubsistent dansdes
jours plusdoux.
Mais onles corrige, ditM.
Goubin.
On lescorrige, répondit M.Bergeret.
LaChambre etleSénat ytravaillent quandilsn'ont pasautre chose àfaire.
Maisle
fond subsiste: ilest âpre.
Avrai dire, jene craindrais pasbeaucoup lesmauvaises loissielles étaient appliquées parde
bons juges.
Laloi est inflexible, dit−on.Jene lecrois pas.Iln'y apoint detexte quineselaisse solliciter.
Laloi est morte.
Le magistrat estvivant ;c'est ungrand avantage qu'ilasur elle.
Malheureusement iln'en useguère.
D'ordinaire, ilse fait plus mort, plusfroid, plusinsensible queletexte qu'ilapplique.
Il n'est point humain ;il n'a point depitié.
L'esprit decaste étouffe enluitoute sympathie humaine..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La rotisserie de la Reine Pedauque disparurent des fenêtres, qui se refermèrent, et, tandis que le jeune seigneur causait avec ses gens, je m'approchai de Catherine dont les larmes séchaient sur ses joues, au joli creux de son sourire.
- de respectables chercheurs répètent, avec la plus grande solennité et sans l'ombre du moindre sourire, les légendes locales racontant que la Terre - ou peu importe le nom qu'ils lui donnent - est en fait située dans l'hyperespace et demeure inaccessible, sinon par accident.
- L'ombre de l'inceste plane sur l'intrigue. Selon vous, Phèdre est-elle coupable ?
- Anne de noailles: « Être dans la nature ainsi qu’un arbre humain, / Étendre ses désirs comme un profond feuillage » ,« Être le jour qui monte et l’ombre qui descend »
- Exposé français(Chant d’ombre (1945) de Léopold Sédar Senghor )