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la conscience est elle le privilège de l'homme?

Publié le 03/10/2013

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conscience
Les aspects comiques d'une pièce de théâtre ne servent-ils qu'à faire rire ? Introduction65466 morce possible: « Le rire est le propre de l'homme «, annonçait Rabelais dans son avis au lecteur de Gargantua, mais le rire est-il aussi le propre du spectateur de pièces de théâtre, a fortiori lorsqu'il s'agit d'une comédie? Que se cache-t-il derrière cette manifestation physique: gaieté, moquerie, cruauté ? Alceste répliquait sur un ton sans appel à Célimène qui amusait sa petite cour par les portraits cruels qu'elle dressait : « les rieurs sont pour vous, Madame, c'est tout dire «. Le célèbre Misanthrope de Molière ne dénonce-t-il pas le rire mal employé? Sujet: Ainsi, nous pouvons nous demander si les aspects comiques d'une pièce de théâtre ne servent qu'à faire rire. Il est nécessaire, ici, de distinguer la comédie du registre comique, les dissensions entre ces deux aspects qu'on pouvait croire inséparables étant porteuses de sens. Annonce des axes: I-Les aspects comiques d'une pièce font rire (quels sont-ils? pourquoi font-ils rire?...) II- Le rire peut avoir une visée didactique (moraliser, enseigner, faire réfléchir, contester...) III-Un comique inséparable du tragique qui provoque un rire grinçant = le rire tragique I- Le rire comique est, à l'origine, lié au carnaval. A côté des mystères médiévaux joués sur les parvis des églises, un théâtre de foire tire profit de al licence carnavalesque pour rire de tout sans aucun souci de moralité. On le retrouve dans la Commedia dell'arte qui inspirera Molière. Indiquer, dans l'idée directrice de la partie, les différentes formes de comique à l'oeuvre dans une pièce. Pour chaque sous-partie: trouver un exemple précis tiré d'une pièce. Varier les pièces, les auteurs et les époques. Le comique de situation et de geste (très présent dans la farce): - Analyser un exemple de quiproquo dans une pièce. L'Avare: Harpagon croit qu'on parle de sa cassette, alors que le pronom "elle" est censé renvoyer à sa propre fille. - Il se prend lui-même par le bras, croyant avoir trouvé le voleur de sa cassette! - Les 2 clochards de En attendant Godot de S.Beckett s'apparentent à des clowns (voir le jeu du chapeau). - La lutte difficile d'Estragon avec sa chaussure dans En attendant Godot. - Le comique de geste: (coups de bâton, poursuites...). Molière puisera dans le fonds populaire. Son jeu de scène contribuera au succès de l'Ecole des femmes où il campe un Arnolphe grotesque, à grand renfort de mimiques expressives, tradition reprise à sa manière par Louis Jouvet lorsqu'il l'incarnera à son tour en 1936 b)Le comique de mots -jeux de mots (propre / figuré) -répétitions -insultes («pendard«, «sac à vin«...), langage grossier c)Le comique de caractère Analyser ici un portrait particulièrement comique comme celui de l'avare (l'entêtement, la colère qui obscurcit sa raison...) ou du père Ubu. Noter aussi les valets de Molière, souvent rusés mais pas très courageux. Transition: Molière sait tirer le meilleur parti du comique gestuel. Plus généralement, la nourriture, le désir physique, l'expression des appétits et des humeurs sont les ferments d'un rire grossier qui touche toutes les catégories sociales. Considéré comme démoniaque, il est mis à l'index: «Nous n'avons point sur terre, depuis le péché, de vrai sujet de nous réjouir«, estime Bossuet. Molière sera d'ailleurs accusé d'obscénité suite au succès de L'Ecole des Femmes... Le rire a peut-être besoin de se rendre légitime par la moralisation ou par des ambitions autres que le rire pour lui seul. L'Eglise veille... II- Dans la droite ligne de la comédie grecque, illustrée par Aristophane dont la verve brûlante s'inscrivait dans l'actualité de la cité, se place la comédie à portée satirique. Les divers gouverneurs et autres victimes de la plume acerbe des dramaturges soulignent le pouvoir corrosif du comique joué à leur détriment par leur volonté de les baillonner. En 1697, Louis XIV chasse de France la troupe italienne du désormais défunt Scaramouche car leur pièce la fausse Prude vise Mme de Maintenon. Le spectateur qui rit aux effets comiques de la commedia dell'arte peut-il encore rire devant la scène laissée vide de l'hôtel de Bourgogne ? Les nombreuses cabales menées contre Molière, de L'Ecole des femmes au Tartuffe, pièce interdite de représentation pendant cinq ans, ne sont-elles pas la tragédie personnelle du dramaturge ? Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, interdit au dernier moment par Louis XVI nous amène à douter de la valeur simplement distrayante du célèbre valet . Valeur satirique du comique: "Castigat ridendo mores" (corriger les moeurs par le rire) - "corriger les moeurs par le rire" = devise chère à Molière. La valeur caricaturale d'un Harpagon criant après sa cassette ou s'entretenant à propos de celle-ci, sur la base d'un quiproquo, avec Valère dont le trésor prend pour lui les traits d'Elise, la fille du vieux grippe-sous, ne dépasse-t-elle pas le simple portrait satirique ? De même, le type de l'hypocrite mis en scène dans le Tartuffe n'atteint-il pas une portée universelle ? Le spectateur a beau rire encore aujourd'hui, il peut y voir un portrait, certes grossi, mais vrai de lui-même. Le rire, s'il est ressenti pour lui-même, n'en est pas moins le véhicule d'ambitions plus sérieuses, même si, ne l'oublions pas, Molière prendra, à la fin de sa carrière, le parti de faire voir, de rire, mais plus de corriger. - Au XIXème, l'oeuvre d'Eugène Labiche illustre le genre du vaudeville en associant farce et satire. Labiche prend pour cible la petite et la moyenne bourgeoisie du Second Empire, dont il met en évidence la mesquinerie, l'amour de l'argent, l'hyprocrisie. Ses intrigues extravagantes et embrouillées exploitent toutes les ressources du quiproquo. Le théâtre comique ou la scène de la réflexion politique et sociale (voire de la contestation) - Au XXème: Ionesco n'hésite pas à utiliser tous les ressorts comiques pour représenter la montée en puissance d'un grégarisme effrayant conduisant au nazisme ou à toute forme de totalitarisme. Transition: Le rire est comme du sucre que l'on mettrait autour d'un verre pour faire passer plus aisément le médicament censé corriger un dysfonctionnement. Et pourtant, lorsque le médicament est devenu impuissant, le rire demeure. Il devient alors ce rire tragique, le rire de la dérision qui révèle le tragique d'une existence absurde. III- Des comédies qui mettent en scène des héros tragiques Dans les grandes comédies de Molière, le genre annoncé renferme un registre bien différent de celui de son étiquette générique, prenant à contre-pied un public surpris aujourd'hui encore. Le caractère diaboliquement désespéré du Dom Juan de Molière prête-t-il à rire? De même, l'excès d'honnêteté d'Alceste dans Le Misanthrope? Développez ces 2 références (Dom Juan et Le Misanthrope) Les personnages de bouffon dans les drames de Shakespeare sont porteurs d'une vox populi et qui, sous le couvert du grotesque inhumain et donc inatteignable, peuvent se permettre les pires insolences et libérer le rire censuré. Falstaff fait résonner son rire dans Henri IV et ouvre la voix à tous les héros du drame romantique. Le rire se fait grimace. Les aspects comiques ne servent décidément pas seulement à faire rire. Est-il dès lors judicieux de parler d'aspect comique quand le grotesque nous renvoie à notre propre vacuité ? le comique dans le drame romantique Hugo en voulant libérer l'art, refuse les règles héritées du siècle classique et revendique le droit d'associer le «sublime« au «grotesque«. Le mélange des registres permet au spectateur de rire et de pleurer au spectacle d'un Ruy Blas, valet amoureux de la reine, qui se voit un moment obligé de jouer auprès d'elle un rôle dont il ne veut pas. Id avec le Lorenzaccio de Musset dont la couardise affichée cache un projet de régicide héroïque, bien qu'inutile. Développez l'analyse de ces 2 références. Le drame romantique a-t-il définitivement brouillé les frontières entre le rire et les larmes au point que l'on se tournera vers le rire pour exprimer le tragique de la condition humaine. Le rire est alors ce qu'il nous reste quand tout va mal. le nouveau théâtre, appelé aussi théâtre de l'absurde. Ionesco souligne que la distinction entre tragique et comique n'a plus lieu d'être : " Le comique étant intuition de l'absurde, il me semble plus désespérant que le tragique. Le comique n'offre pas d'issue. Je dis «désespérant« mais en réalité, il est au-delà ou en-deçà du désespoir ou de l'espoir. Pour certains, le tragique peut paraître, en un sens, réconfortant, car, s'il veut exprimer l'impuissance de l'homme vaincu, brisé par la fatalité par exemple, le tragique reconnaît par là même, la réalité d'une fatalité, d'un destin, de lois régissant l'univers, incompréhensibles parfois, mais objectives. Et cette impuissance humaine, cette inutilité de nos efforts peut aussi, en un sens, paraître comique. J'ai intitulé mes comédies «anti-pièces«, «drames comiques«, car, me semble-t-il, le comique est tragique, et la tragédie de l'homme, dérisoire. Pour l'esprit critique moderne, rien ne peut être pris tout à fait au sérieux, rien tout à fait à la légère." (Notes et contre-notes). Ce nouveau théâtre reprend les procédés comiques au service d'une réflexion quasi-métaphysique sur la finitude de l'homme et son incapacité à voir l'étrangeté de ce monde devenue banale/ Les écarts entre didascalies et paroles des personnages dans La Cantatrice chauve, les accessoires détournés de leur fonction réelle (cf le « croc à merdre « d'Ubu roi, une balayette à cabinet), des personnages marginaux mis en scène (les clochards de En attendant Godot de S.Beckett) qui illustrent de manière grotesque nos propres ridicules ; effrayants et drôles en même temps car à la fois si proches et pourtant objets de répulsion. Voir la scène de la pendaison ratée dans En attendant Godot: on rit devant un désir de suicide. La corde est en effet trop courte et se casse. Vladimir: «fais voir quand même« et il rajoute «on se pendra demain.« Vladimir et Estragon sont des clowns, mais des clowns métaphysiques. La seconde guerre a provoqué un bouleversement profond, a mis l'humanisme en crise, Le théories de Freud, de plus en plus divulgées, sapent la confiance dans la fiabilité du langage. Le comique de mot révèle souvent la tragédie du langage. Dans Rhinocéros de Ionesco, le langage devient instrument de conflit et d'une manipulation de la part de Jean. Il exprime la mauvaise foi. Quant à Béranger, ses répliques sont marquées par la difficulté à dire qui annonce sa difficulté à être. Dans En attendant Godot, on parle pour ne rien dire, pour passer le temps, pour meubler le vide, pour supporter l'attente de quelqu'un qui ne viendra jamais. Le rire se fait grimace. Les aspects comiques ne servent décidément pas seulement à faire rire. Est-il dès lors judicieux de parler d'aspect comique quand le grotesque nous renvoie à notre propre vacuité ? CONCLUSION Ainsi, les aspects comiques de l'oeuvre théâtrale ne servent pas seulement à faire rire, ou pour être plus précis, ce rire revêt des nuances bien différentes : véritable défouloir en tant que spectacle populaire, lieu de la critique la plus acerbe d'autant plus qu'elle se masque sous le couvert du rire, un rire plus vrai que nature quand le spectateur ne sait plus s'il pleure de joie ou de tristesse. Le théâtre est aussi polymorphe que le monde dont il est le miroir grossissant, déformant, mais jamais mensonger. Ionesco affirmait : le théâtre «n'est pas l'image du monde, il est à l'image du monde« (Notes contre-notes). De même, le spectateur n'est pas l'image de l'homme, il est à l'image de l'homme, capable de rire et de pleurer à la fois, de traverser les situations les plus graves avec la légèreté d'un somnambule. Par le comique, le théâtre devient une véritable école de la vie en ce qu'il permet au spectateur de ressentir les émotions fondamentales qui forment le seul patrimoine humain réellement universel.

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