Devoir de Philosophie

HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FANTASTIQUE

Publié le 21/11/2011

Extrait du document

histoire

Il en est du fantastique comme de l'érotisme : tout est dans la manière dont s'opère le dévoilement. D'ailleurs, bien souvent le fantastique surgit à l'insu de l'auteur. Il exprime le surgissement de son double, conscient de la véritable face des choses, face nocturne et illuminée par la quête de la vérité. « Le faux et le merveilleux sont plus humains que l'homme vrai «, disait Paul Valéry. De même, la science-fiction, ce fantastique moderne, exprime l'angoisse du monde actuel face aux progrès de la technique, c'est-à-dire au développement des éléments inhumains, inférieurs et « diaboliques « de l'homme. Notre propos, qui consiste à étudier la littérature fantastique à partir du xviie siècle, ne nous permet pas de nous attarder au Moyen Age, qui baigne dans le merveilleux. Ainsi, nous laisserons de côté Chrétien de Troyes, le Roman de Renard, et nous n'aborderons pas davantage le cas du géant Rabelais. De même, nous ne faisons que saluer au passage Perrault et Madame d'Aulnoy, puisque le genre féerique n'appartient pas à notre sujet.

histoire

« sences invisibles insoutenables, « choses », statues, malédictions, etc ...

L'attirail est assez médiocre mais la grandeur du fantastique réside moins dans les sujets que dans la manière de les traiter.

Les plus grands spécialistes du genre font très peu de prélèvements dans le magasin des accessoires : un battement de cil, un frôlement de rideau, et l'uni­ vers bascule .

Il en est du fantastique comme de l'érotisme : tout est dans la manière dont s'opère le dévoile­ ment.

D'ailleurs, bien souvent le fantastique surgit à l'insu de l'auteur.

Il exprime le surgissement de son double, conscient de la véritable face des cho­ ses, face nocturne et illuminée par la quête de la vérité .

« Le faux et le merveilleux sont plus humains que l'homme vrai », disait Paul Valéry.

De même, la science-fiction, ce fantastique moder­ ne, exprime l'angoisse du monde actuel face aux progrès de la technique, c'est-à-dire au développe­ ment des éléments inhumains, inférieurs et « diabo­ liques» de l'homme.

Notre propos, qui consiste à étudier la littérature fantastique à partir du xvu• siècle, ne nous per­ met pas de nous attarder au Moyen Age, qui baigne dans le merveilleux.

Ainsi, nous laisserons de côté Chrétien de Troyes, le Roman de Renard, et nous n'aborderons pas davantage le cas du géant Rabelais.

De même, nous ne faisons que saluer au passage Perrault et Madame d'Aulnoy, puisque le genre féerique n'appartient pas à notre sujet.

Mais nous voudrions rendre hommage à un précurseur, Boaistuau, le « quêteur de l'étrange », dont les His­ toires prodigieuses (1560) enchantèrent Charles Nodier-« elles se composent, écrivait-il, d'anecdo­ tes singulières, presque toujours assez piquantes pour attacher l'esprit, et généralement trop courtes pour le fatiguer.» Cette litanie de spectres et démons, de comètes funestes et monstrueux bestiai­ res sera fort prisée jusqu'à la Révolution française - jusqu'à ce que Cazotte, en marchant à l'échafaud, marque la fin d'une civilisation où le diable avait encore les grâces d'une femme soumise.

La littérature fantastique de 13ngue française xvu•-xvm• siècle MONTFAUCON DE VILLARS(1635-1675) Cet abbé de noble lignée eut une existence fort trouble : de tempérament volcanique, ce libertin se trouva mêlé à plusieurs scandales, fut accusé de crime et connut la prison.

Après avoir longuement étudié les sciences occultes, il fut assassiné dans des circonstances mystérieuses, près de Lyon - pour avoir révélé des arcanes qui devaient demeu­ rer secrets, prétendit-on.

Le Comte de Gabalis parut en 1670.

Dans ce curieux assemblage d'his­ toires de sylphes, d'ondines, de gnomes, de sala­ mandres et de démons, il est surtout question des rapports que ces créatures entretiennent avec les humains.

L'auteur proclama qu'il se divertissait aux dépens des fous, mais sous couvert de com­ battre la crédulité, il atteint d'autres objectifs : il intrigue, il séduit et il dévoile certains secrets de sectes qui tenaient à demeurer dans l'ombre .

Cette publication provoqua la colère de ses frères en her­ métisme, et aussi celle de l'Eglise et l'abbé se vit interdire la prédication .

Fort différente des traités alchimiques du XVII" siècle où les esprits élémentaires sont légion, cette œuvre mérite également d'être étudiée en raison de l'influence qu'elle exerça sur Cazotte, sur Gérard de Nerval et sur Anatole France- maintes pages de la Rôtisserie de la Reine Pédauque sont ouverte­ ment calquées sur celles du Comte de Gabalis.

(A ce sujet, on lira la préface de Pierre Marie! à l'édi­ tion que la Colombe donna du chef-d'œuvre de Vil­ lars en 1961.) Jacques CAZOTIE ( 1 719-1792) Certains exégètes considèrent cet auteur comme le premier grand conteur fantastique en France.

Publié en 1772, le Diable amoureux relate l'étran­ ge histoire d'un homme qui parvint, après une évo­ cation de Belzébuth, à faire surgir à une fenêtre des ruines de Portici, une horrible tête de chameau, aux oreilles démesurées.

Ce sera l'esclave de notre héros : sur son ordre, il vomira un petit épagneul, lequel se transformera en page capable d'exaucer par enchantement les souhaits les plus exigeants.

Or, il s'avère que ce serviteur est une femme, éper­ dument éprise de son maître.

Longuement, l'ap­ prenti sorcier résiste à la tentation ; lorsqu'il cède aux avances de la délicieuse créature, qui prétend être une sylphide, il ne peut croire ses paroles : elle affirme être à présent le diable en personne.

Pour le lui prouver, la belle Biondetta retrouve son effroyable faciès de chameau, et fait surgir tout autour de la chambre quantité de limaçons dont les cornes envoient des jets de lumière phosphorique.

Derrière les récits de Cazotte où se donne libre cours « l'esprit musqué du XVIII" siècle », on entend l'appel des illuministes, des Rose-Croix, des martinistes et des francs-maçons.

C'est le siècle de Swedenborg et de Cagliostro.

Mais Gérard de Nerval, dans les Illuminés, fait remarquer juste­ ment que « le rôle un peu noir que l'auteur fait jouer, en définitive, à la charmante Biondetta suffi-. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles