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Accomplir ses désirs, est-ce une bonne règle de vie ?

Publié le 26/02/2012

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Le langage courant confond le désir, le besoin et la volonté. Il faut pourtant bien les distinguer. Le besoin relève de la nature ; comme nous, les animaux ont des besoins, qu'ils doivent satisfaire pour vivre. La volonté est un pouvoir positif de dé9cision qui est en général considéré comme une qualité. Au contraire, le désir est une notion foncièrement contradictoire. Le désir est un aspect de notre condition qui peut être jugé fâcheux. Il est aussi pourtant à la source de notre grandeur. C'est une  tendance consciente vers un objet jugé ou imaginé bon, c'est à dire source possible de satisfaction ou de plaisir.  Accomplir ses désirs, c'est les satisfaire. Le sujet précise « accomplir tous ses désirs «. « Tous « signifie « sans exception «. Une règle est une expression faisant référence à des limitations, une tempérance mais également a une hygiène de vie et a des principes fixes. L'adjectif « bonne « peut également être interprété à double sens. Une règle de vie peut être « bonne « au sens où elle nous est utile c'est-à-dire où elle nous conduit au bonheur. Mais est bon aussi ce qui est conforme au bien, aux normes éthiques, en bref ce qui est moral. Une bonne règle de vie peut donc être aussi bien une règle de vie qui conduit au bonheur qu'une règle de vie morale. Par cette question il est présumé que l'homme peut accomplir tous ses désirs.

Si l'homme résiste au désir, il connait la frustration voir la douleur donc l'utopie à ce moment serait une satisfaction inconditionnelle. Mais paradoxalement, « règle de vie « sous-entend une mesure, une législation sans quoi ce serait le chaos, la surabondance nocive.

« le bonheur est incontestablement positif.

Que vaudrait la vie sans le désir ? Renoncer à ces désirs, c'est renoncer ou mêmebrimer une partie de son être, ne pas le laisser s'exprimer et se satisfaire.

Pour Nietzsche, il ne faut pas renoncer à nos désirs.Il faut tenter de les embellir, de les magnifier, ou encore de les « sublimer ».

Accomplir ses désirs nous permet donc d'arriverà un bien être.

« Figaro : Boire sans soif et faire l'amour en tout temps, Madame.

Il n'y a que ça qui nous distingue desbêtes.

»Beaumarchais, Le Mariage de Figaro.

Beaumarchais dans cette phrase montre l'importance du désir.

Il souligne queseul l'homme désire.

L'animal, lui, connait seulement le besoin.

Le besoin est vital et ne pas le satisfaire conduit à la mortcontrairement au désir.

L'animal, parce qu'il répond à ses instincts vise à satisfaire ses propres besoins qui sont les besoins del'espèce.

Or justement, on observe que chez l'Homme le désir n'est pas que corporel.

Il existe aussi des désirs intellectuels.La philosophie elle-même est désir, désir de connaissance et de savoir.

Dans le Banquet, Platon identifie le philosophe à Éros(désir, amour), fils de Poros (ressource, richesse intellectuelle ou psychologique) et de Penia (pauvreté).

Éros est donc« intermédiaire » entre la ressource ou la richesse et la pauvreté, assez riche pour combler son dénuement mais trop pauvrepour être pleinement satisfait.

Éros passe sa vie à philosopher.

Les philosophes, dit le texte, ne sont ni sages ni ignorants.

Lesdieux ne philosophent pas car ils sont sages et ne désirent donc pas l'être.

Les ignorants ne philosophent pas non plus car,croyant déjà connaître, ils ne désirent pas la connaissance.

Fils d'un père sage (Poros) et d'une mère pauvre (Penia), Éros nepeut être que philosophe.

La philosophie est donc désir et ne saurait condamner absolument le désir.

Il relève de la conditionhumaine et semble être notre dignité par rapport à l'animal.

C'est donc en ce point une règle de vie qui apporte la sagesse.

De plus, le désir est une motivation puissante pour toutes les actions et entreprises humaines : « Rien de grand ne s'estaccompli dans le monde sans passion » (Hegel).

On peut même définir l'homme par le désir.

Satisfaire nos désirs, tant qu'ilsproviennent de nous-même et non que nous subissons, sommes victimes d'actions extérieures, est donc une bonne règle devie.

Accomplir ses désirs consiste alors à recherche ce qui nous est personnellement utile, ce qui est bon pour nous.

COMMENTAIRE CRITIQUE : Mais, justement, tous nos désirs proviennent-ils de nous-mêmes ? Car si ce n'est pas le cas,satisfaire tous ses désirs contribue-t-il réellement à notre bonheur ? La place d'Autrui par rapport à ce que nous désirons joueune place importante.

Ainsi, selon l'opinion commune le désir nait de l'objet.

Un objet est désirable car il est bon en lui-même.

Mais il n'y a pas de désir objectivement possible d'un objet.

En fonction des cultures, le désir nait de tel ou tel objet.Ainsi nous reprenons l'idée du désir mimétique de René Girard.

Le désir de l'objet n'est rien d'autre que le désir de la valeurque l'on attribue au sujet qui le possède.

On peut donc penser que le désir d'un objet ne dépend que de la quantité de désirporte sur cet objet.

TRANSITION : C'est ainsi que nous pouvons également voir le désir comme un obstacle au bonheur et donc signe d'unemauvaise règle de vie.

C'est en pensant accéder au bonheur nous tombons juste dans une forme de conformisme s'il on neprête pas attention à la provenance de ses désirs.

II Le désir comme obstacle au bonheur Faut-il alors renoncer à tous ses désirs ? C'est la thèse que développe Schopenhauer.

D'après lui, l'homme est un jouetinconscient de ce qui l'anime.

Nous sommes esclaves de notre vouloir-vivre.

Le désir est pour lui l'expression consciente etindividuelle de ce vouloir-vivre.

C'est nous qui choisissons notre bonne règle de vie.

Avec cette réflexion, nous constatonsque l'homme est esclave du désir et oscille entre la souffrance et l'impatience sans profiter de l'instant présent (quand ledésir est encore insatisfait) et l'ennui (après la satisfaction).

La souffrance est alors notre condition.

Face à cela,Schopenhauer propose une morale du renoncement.

Il faut renoncer au désir qui est le mal radical.

Comment renoncer audésir ? Nous pourrions imaginer comme solution une constante critique de nos jugements de valeur.

Accomplir tous ses désirs serait les satisfaire sans exception, sans relâche, au fur et à mesure qu'ils apparaissent.

Or ne s'agit-il pas là d'un processus sans fin ? Nous pouvons ainsi nous raisonner en observant que le désir est loin de s'éteindre lorsqu'ilatteint son objet car il se reporte sur un autre objet.

C'est pourquoi Platon compare dans le Gorgias l'homme aux Danaïdes,condamnées à remplir un tonneau percé jusqu'à la fin des temps au désir.

Selon la mythologie, les Danaïdes ont étécondamnées à remplir d'eau un tonneau percé.

De la même façon que le tonneau ne sera jamais rempli, le désir n'est jamaissatisfait.

À peine accompli, il renaît car de la satisfaction passée naît le regret qui est nouveau désir.

En ce sens, accomplir tousses désirs n'est nullement une règle de vie qui permet satisfaction et plaisir.

Celui qui choisirait cette règle de vie serait sanscesse en mouvement, incapable d'atteindre la sérénité de l'âme que suppose le bonheur.

Épicure décrit de même le plaisiren mouvement, toujours en quête, jamais satisfait, qui est un obstacle à l'ataraxie (carpe diem, au bonheur de l'instantprésent) des Stoïciens.

Le bonheur ne saurait être la somme de satisfaction de tous les désirs car cette satisfaction complèteet totale n'existe jamais.Si satisfaire tous ses désirs n'est pas une bonne règle de vie, l'alternative est-elle vraiment de n'en satisfaire aucun ? DansLettre a Lucilius de Sénèque, nous voyons qu'un bonheur est envisageable si nous nous dépendons pas des choses : « Tout cequi relève de la fortune est profitable, agréable, à condition que le possesseur se possède lui-même et ne soit pas asservi à. »

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