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Assouvir tous ses désirs est-ce une bonne règle de vie ?

Publié le 07/04/2009

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Assouvir tous ses désirs serait une bonne règle de vie dans l'exacte mesure où ces désirs sont discernés par la raison, comme expression de l'ordre de la nature. L'accomplissement des désirs naturels reviendrait à accepter et à approuver cet ordre du monde que les Stoïciens nommaient Destin. Les désirs doivent être accomplis et non seulement satisfaits : ils doivent être rattachés à leur origine et à leur fondement. La sagesse est reconnaissance et approbation de cette appartenance à la nature.

« des désirs menace de faire éclater l'organisation sociale.

Ce n'est donc pas une bonne règle de vie que celle quiaffaiblit, appauvrit et menace d'exterminer l'homme dans une guerre perpétuelle de tous contre tous, chacunconvoitant les mêmes objets avec les mêmes droits de les réclamer et les mêmes forces pour les obtenir . Assouvir tous ses désirs ne saurait être enfin une bonne règle de notre vie précisément parce que c'est une règle dela vie.

Le désir exprime l'état dont notre corps est modifié.

Quand nous désirons, nous sommes pathologiquementaffectés, dit KANT .

Le corps parle dans le désir, - même quand il souffle à l'oreille de l'imagination pour façonner lemonde qui lui convient et qui répond à ses attentes.

Assouvir tous ses désirs reviendrait à exprimer la nature toutentière plutôt que son propre nature.

Les désirs nous soumettent : la règle de vie qu'ils donneraient seraient unerègle de vie hétéronome .

Ainsi, l'ivrogne de SPINOZA croit librement dévoiler un secret alors qu'il y est contraint parson état d'ébriété.

La nature ou la vie parlent quand nous croyons librement adopter cette règle de vie. Pourtant, une "bonne règle de vie" ne saurait être telle qu'elle ne nous permette plus de vivre.

Or nous avons uncorps et nous désirons : quelle place ménager à nos désirs dans l'aménagement de notre vie ? Pour adopter une "bonne règle de vie", tous nos désirs ne sont peut - être pas à assouvir.

Si vraiment le désirpouvait jamais être accompli. Parce que nos désirs expriment la manière dont notre corps est affecté, et que les suivre exactement ferait del'homme un automate mû par la nature, il est apparu aux sagesses antiques qu'il fallait mesurer ou contrôler lesdésirs, - et pour cela qu'il sache les reconnaître.

Cela n'exclut pas le désir de la règle de vie si, avec EPICURE, onsait que tout désir n'est pas pour cela toujours un désir.

En effet, la célèbre classification épicurienne des désirssignifie que les désirs non naturels ne sont pas des désirs, mais des créations irrationnelles .

Rien de ce qui est horsde la nature n'est conforme à la vie rationnelle et réglée.

Assouvir tous ses désirs pourvu qu'ils soient vraiment desdésirs, c'est - à - dire pourvu qu'ils soient animés par la nature, constitue une bonne règle de vie.

Le corps seracomblé et l'âme ne cherchera plus un impossible apaisement.

Il appartient à la raison pratique de l'homme deretrouver cette règle naturelle.

Cela ne fait pas de l'homme un automate naturel puisque la prudence restenécessaire : le calcul des avantages et des inconvénients escomptés de la satisfaction des désirs reste l'oeuvre dela raison .

Le plaisir ou la douleur immédiats ne sont pas les critères de la vie épanouie : la raison retrouve l'ordrenaturel en l'anticipant dans le temps.

C'est là le fin mot de la sagesse socratique. Si, selon la formule socratique, "nul n'est méchant volontairement" , celui qui sait ce qu'il est bon de faire réglera saconduite selon cette connaissance.

La bonne règle de vie consisterait non pas à supprimer le désir, mais àreprésenter la règle plus nettement encore.

Ainsi, l'homme intempérant, selon ARISTOTE, est cet homme qui voyantquel doit être le principe de sa conduite ne peut s'empêcher cependant de faire autrement parce qu'il a été emportépar ses désirs (Eth.

Nic.

VII, 1 - 11).

Cela signifie aussi que les désirs ne peuvent être à eux seuls et pour eux -mêmes leur norme.

Les désirs sont des forces, et des forces aveugles.

Quand bien même, ils seraient conformes àl'ordre naturel, signe de la parfaite adaptation de l'homme à la nature et condition de son bonheur, ils restent eux -mêmes aveugles aux valeurs.

C'est la raison qui voit pour eux en quoi ils sont bien disposés à la vie bonne del'homme. Si DESCARTES exhorte dans sa morale par provision de changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde, c'est qu'ils'agit à travers l'action sur nos désirs de retrouver l'ordre du monde.

L'accomplissement des désirs n'est alors riend'autre que l'accomplissement de la nature à travers nous.

Cela ne revient pas à faire de l'homme un automatenaturel : la raison et la volonté interviennent tant pour sélectionner entre les désirs lesquels conserver et lesquelséliminer que pour retrouver ce qui fait l'armature de cette ordonnance du monde.

Les désirs sont alors l'expressionhumaine du Destin stoïcien, et peut - être faudrait - il dire de l'accomplissement des désirs qu'il est amor fati. Assouvir tous ses désirs serait une bonne règle de vie dans l'exacte mesure où ces désirs sont discernés par laraison, comme expression de l'ordre de la nature.

L'accomplissement des désirs naturels reviendrait à accepter et àapprouver cet ordre du monde que les Stoïciens nommaient Destin.

Les désirs doivent être accomplis et nonseulement satisfaits : ils doivent être rattachés à leur origine et à leur fondement.

La sagesse est reconnaissanceet approbation de cette appartenance à la nature.. »

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