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La prise en compte des différences culturelles vous paraît-elle remettre en question l'existence de valeurs universelles ?

Publié le 17/01/2022

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C'est l'unité des valeurs humaines qui est en jeu ici, unité menacée par le relativisme moral (l'expression est importante). Il est vrai que d'un continent à l'autre, d'un pays à l'autre, pourquoi pas, même, d'une maison à l'autre, les principes moraux peuvent diverger. Les causes sont effectivement culturelles. Mais ne devons-nous pas postuler l'existence de valeurs qui dépassent ces différences ? Si la manière dont on punit le vol ou l'assassinat dans telle culture diverge des habitudes d'une autre, est-ce pour autant que le crime lui-même est remis en cause en tant qu'acte immoral ? N'y a-t-il pas des valeurs universelles ? Certes, nous sommes aussi les produits de ce que notre culture fait de nous. Mais au delà de notre éducation et de nos traditions, nous sommes des êtres rationnels et la raison nous prescrit ou nous interdit un certain nombre de choses, quelle que soit notre origine culturelle.

Peut-on, et de quel droit, passer par-dessus l'appartenance culturelle, et la différence des normes en vigueur dans chaque culture, pour établir des valeurs valables universellement pour tout individu ? D'où sortiraient-elles, sinon encore d'une culture particulière ? N'y a-t-il pas là une contradiction insurmontable? L'ethnologie a d'autre part remis en cause l'idée qu'une civilisation puisse avoir plus de valeur qu'une autre, et prône le relativisme culturel. Que toutes les cultures s'équivalent, c'est une chose. C'est un autre point qui est ici en question: la diversité des cultures rend-elle impossible l'existence de valeurs supérieures, susceptibles d'une application universelle ? Les valeurs sont-elles forcément propres à une société et à une culture, ou peuvent-elles être transcendantes, c'est-à-dire tirer leur valeur d'une source indépendante des morales particulières? Les valeurs n'expriment-elles que les normes en vigueur dans un groupe, relatives à lui?

 

 

I.                   Les différences culturelles ne sont pas naturelles.

II.                Des différences presque essentielles.

III.             Les différences culturelles n’atteignent pas les valeurs universelles.

 

 

« Il semble évident d'admettre que la prise en compte des différences culturelles ne remette pas en cause des valeursqui se veulent universelles : en effet, si l'homme est un être de culture, apte à juger par lui-même ce qui luiconvient de dire et de faire, alors, ne doit-on pas admettre que la tolérance envers la diversité culturelle est laseule attitude admissible pour une société qui entend préserver l'intégrité et la dignité des valeurs humaines ?Penser que le déni de la multiplicité culturelle permettrait d'accéder à des valeurs plus universelles, c'est-à-dire desvaleurs qui valent pour tout homme, en tout temps et en tout lieu, reviendrait alors à accepter que s'instaure unethnocentrisme –à savoir cette tendance forte qui amène un groupe social à juger les autres par rapport à sonpropre système de valeurs, comme s'ils devaient absolument s'y rapporter à la manière des points de lacirconférence du cercle à son centre –qui rendrait acceptable que la haine et le conflit s'inscrivent comme facteurde la préservation des valeurs universelles.

Cela reviendrait alors à valider la guerre de tous contre tous pourinstaurer des valeurs communes à tous.

Il y a là une aberration théorique qui heurte notre conscience morale. En finir avec l'acceptation de cette pluralité culturelle apparaît donc comme inconcevable.

Prendre encompte cette diversité culturelle, l'accepter dans sa différence et reconnaître sans préjugés sa singularité propre,est le seul comportement que notre raison accepte de juger comme digne de l'humanité qui est la nôtre.

Etpourtant, n'est-ce pas parce que l'homme a trop souvent toléré ce pluralisme culturel que des valeurs comme cellesde l'humanité ont été bafouées, engendrant des pratiques barbares et inhumaines pour des sociétés occidentales :ainsi, comment des pratiques anthropophages ont-elles pu se perpétuer dans les cultures amazoniennesnotamment ? Doit-on y voir une simple tradition culturelle qui s'inscrit dans les valeurs d'une ethnie donnée et dansce cas il nous faut reconnaître qu'aucun prétexte valable nous permette d'intervenir, ou doit-on y voir un reniementdes valeurs de l'humanité ? N'est-ce pas aussi parce que l'homme, sous prétexte d'acceptation des divergencesculturelles, s'est détourné et désintéressé de son semblable que des exclusions, des ghettoïsations et descomportements communautaristes ont pu voir le jour, remettant violemment en cause des valeurs qui se voulaientuniverselles ? Par conséquent, si la tolérance de ce multiculturalisme est ce par quoi est garantie la préservation devaleurs universelles, par la reconnaissance d'autrui en tant qu'être humain libre, digne par la même de respect tantde son être que de la culture qui est la sienne, elle est aussi ce par quoi des valeurs à prétention universelle sontremises en question.

Dès lors, il semblerait que l'unité des valeurs humaines soit au cœur du sujet, unité mise endanger par ce relativisme moral latent.

D'un contient à l'autre, d'un pays à l'autre, d'une ville à l'autre et même d'unemaison à l'autre, les principes moraux sembleraient différer à cause de cette différence d'héritage culturel.Néanmoins, ne doit-on pas affirmer qu'il existe des valeurs qui transcendent ces différences culturelles ? En effet, sil'on punit l'assassinat différemment d'une culture à l'autre, l'acte même de tuer n'est pas pour autant remis encause.

Au-delà de l'éducation et des traditions qui sont les siennes, l'homme est avant tout un être de raison etc'est elle qui lui permet d'agir selon son désir et sa responsabilité.

Le dilemme dans lequel nous entraîne le sujet seperçoit précisément : doit-on dépasser l'appartenance culturelle inhérente à chacun de nous et dépasser cesdifférences de codes et de normes entre les cultures afin d'atteindre des valeurs qui soient valables pour tous etdans ce cas il nous faut admettre qu'il existe bien des valeurs communes à tous et qui se doivent d'être conçues endehors de toute culture particulière ? Ou bien, si l'on se réfère aux travaux de l'ethnologie, doit-on plutôt sedemander si cette diversité culturelle rend radicalement impossible l'existence de valeurs qui transcendent cesdivergences, susceptibles dès lors de s'appliquer universellement, étant donné qu'une civilisation donnée n'a pas plusde valeur qu'une autre culture ? Ainsi perçu, le sujet nous amène à nous demander si ces valeurs sont ancrées ausein d'une communauté donnée, ou si elles peuvent, au contraire, s'affranchir de ces divergences culturelles enpuisant leur valeur d'une source extérieure, c'est-à-dire indépendante des cultures particulières. Tous les hommes sont conçus sous ce vocable d'humanité, c'est-à-dire qu'ils appartiennent à ce qu'onnomme genre humain.

Alors, pourquoi au sein même d'un genre qui se veut d'une unicité absolue les hommes sontaussi différents ? Doit-on y voir une scission du genre humain à cause de ces différences, même s'il semblerait qu'ilexiste des valeurs qui semblent être partagées par tous ? Doit-on dès lors envisager un relativisme absolu qui nousmènerait à rejeter, à juste titre, les thèses ethnocentristes, mais alors certaines dérives sont possibles parcequ'elles se justifieraient d'un héritage culturel, ou bien doit-on admettre qu'une telle diversité puisse se voirdépassée vers des valeurs communes, universelles et nécessaires, qui ne tendent cependant pas à dissoudre lapluralité culturelle dans une homogénéisation culturelle insipide ? Confrontés à un tel dilemme, il nous faudra toutd'abord voir en quoi les différences culturelles ne sont pas naturelles et qu'elles permettent alors à l'homme des'élever vers les valeurs universelles qui sont les siennes.

Mais il nous faudra aussi rendre compte de ces limites etanalyser les raisons pour lesquelles la prise en compte des valeurs des différentes cultures remet en causel'existence de valeurs universelles.

Enfin, il nous faudra reconnaître que c'est précisément l'universalité qui fait lavaleur des cultures, et c'est pourquoi les différences culturelles n'atteignent pas les valeurs universelles.

Il nous faut montrer que les différences culturelles ne sont pas naturelles, et que toute forme d'intoléranceculturelle est condamnable, en ce qu'elle met en péril la possible existence de valeurs universelles, que sont la paixet la tolérance.. »

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