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La relation de l'homme au sacré

Publié le 15/01/2004

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Mais la signification de ce mot est ambiguë. Pour Caillois, le sacré est l'objet dans lequel une force diffuse et indéterminée vient se loger. " Tout ce qui est le réceptacle [de cette force] lui apparaît sacré, redoutable et précieux." Il affirme ailleurs que "C'est du sacré que le croyant attend tout secours et toute réussite." (L'homme et le sacré) Le sacré est donc une qualité mystérieuse que les choses ne possèdent pas par elle-même mais qu'une grâce vient leur ajouter. Dès lors, on peut parler d'un besoin du "sacré". L'objet sacré est, en effet, celui qui permet de mettre relation avec une transcendance. On est forcé de constater que la religion est présente dans toutes les sociétés, même les plus primitives et les moins "développées". Il semble, donc, que l'esprit humain ait besoin de croire qu'il existe un réel irréductible qui fonde notre monde naturel et qui se manifeste par le sacré. Mais, il faut voir aussi que grâce à des rites devant l'objet sacré, l'homme tente de s'approprier cette force mystérieuse et de se la rendre favorable.

« manifeste une puissance jugée supérieure.

L'objet sacré est donc ce qui, à la base, permet de mettre l'homme defaire l'expérience d'un "tout autre", d'une transcendance.

Pourtant, notre société ne voit-elle pas le monde, commeun univers dépourvu de toute transcendance, purement matérialiste? La science ne démontre-t-elle pas qu'il n'y aaucune différence entre objet sacré et objet profane? Le sacré en définitive, ne vient-il pas de l'homme? N'est-il pasdonation de sens au monde? Le matérialisme semble avoir chassé le sacré Dans nos sociétés occidentales, il semble que la religion ne soit plus une valeur fondamentale.

Les églisesreprésentent pour beaucoup, seulement la trace de l'histoire de l'humanité, mais ne sont plus sacrées. Notre monde semble aujourd'hui dépourvu de sacré et tend à devenir entièrement matérialiste.

Le monde n'est plusalors que ce qu'il est pour nous, tel qu'il nous apparaît.

Il n'y a plus d'espoir à aller chercher dans une vie ultérieurepuisque notre vie se résume à celle que nous vivons.

C'est pour cela que Nietzsche affirmait que Dieu était mort.Cela signifiait en réalité que plus aucune valeurs transcendantales ne venaient éclairer notre existence et le sens dumonde et de la vie. Où est allé Dieu ? Je vais vous le dire ! Nous l'avons tué - vous et moi !Nous sommes tous ses assassins ! « Ce tout ce qui est écrit, je n'aime que ce que l'on écrit avec son sang.

»Cette phrase de Nietzsche suffit à caractériser son œuvre.

Car, même siNietzsche a beaucoup lu, le véritable laboratoire de sa pensée est son proprevécu.

D'où une pensée angoissée, lucide, qui oscille entre le pessimisme et lagaieté.

Une pensée éclatée, contradictoire.

Un immense pied de nez à lamorale hypocrite, à l'érudition bête, à l'Etat oppresseur.

Une entreprise deNietzsche est totalement originale dans l'histoire de la philosophieoccidentale.

Que se propose-t-il, en effet, sinon, dans une philosophie « àcoups de marteau », de « briser les vieilles tables », de « surmonter lamétaphysique », de « surmonter les philosophes par l'annihilation dumonde de l'être » ? Pourquoi ? Parce que ce monde fictif a nié la vie terrestre,en faisant croire qu'elle n'était rien.Les philosophes « essentialistes » et les prêtres ont dévalorisé la vie, lecorps, les instincts.

Ils ont accolé à leur œuvre de nihilisation de l'idée deDieu, de Vérité, de Bien.

Ces valeurs, assumant un rôle répressif, exténuenten l'homme « le vouloir-vivre ».

C'est ce pessimisme qui a engendré le «dernier homme », las, épuisé, qui voudrait mourir, se fondre dans « le grandnéant ».

C'est pourquoi Nietzsche se sépare de Schopenhauer, philosophe quiaffirme que le fond de toute vie est souffrance, qui prône la sanctification parla douleur, qui affirme la béatitude de la mort.

A ce nihilisme passif, Nietzsche oppose un nihilisme actif afin dedétruire tout ce qui s'oppose à la vie. Dans « Ainsi parlait Zarathoustra », qui est son œuvre la plus célèbre, publiée au cours des années 1883-1885, onvoit Zarathoustra redescendre de la montagne où il est resté dix ans, se nourrissant de sagesse et de solitude.

Dixans au cours desquels il a laissé le feu couver sous la cendre.

Et voici qu'il veut maintenant embraser le monde deshommes, proclamer la nouvelle qui le réjouit.

Cette nouvelle ce n'est pas moins que « la mort de Dieu ».

Nouvelledéjà proclamée, pour la première fois, par un insensé, au livre troisième du « Gai savoir » (1882) :« N'avez-vous pas entendu parler de cet homme insensé qui, ayant allumé une lanterne en plein midi, courait sur laplace du marché, criant sans cesse : Je cherche Dieu Je cherche Dieu! - Et comme là-bas se trouvaientprécisément assemblés beaucoup de ceux qui ne croyaient pas en Dieu, il provoqua une grande hilarité.

L'a-t-onperdu ? dit l'un.

S'est-il égaré comme un enfant ? dit un autre.

Ou bien se cache-t-il quelque part ? A-t-il peur denous ? S'est-il embarqué ? A-t-il émigré ? L'insensé se précipita au milieu d'eux et les perça de ses regards.

Où estallé Dieu ? cria-t-il, je vais vous le dire! Nous l'avons tué - vous et moi! Nous sommes tous ses assassins ! »Nietzsche est convaincu que l'humanité est arrivée au seuil d'une nouvelle période que l'on pourrait qualifier denihiliste et qui se caractérise par l'apparition d'immoralistes, de libres penseurs qui vivent en marge de la religion,mais aussi et surtout par une irréligiosité pratique chez une majorité d'hommes - irréligiosité induites par la viemoderne et l'habitude du travail qui a détruit de génération en génération « l'instinct religieux ». Au siècle du « positivisme » scientifique, de l'industrialisation et des révolutions politiques, la croyance au Dieuchrétien est tombée en discrédit.

« Dieu est mort », c'est d'abord un fait, une évidence.

Tant que valait lechristianisme, l'homme savait pourquoi il était là, il pouvait donner un sens à sa souffrance, combler le vide, « laporte se fermait à un nihilisme suicidaire ».

Certes, tout cela s'accompagnait d'un renoncement à la vie, mais ce«nihilisme passif » restait une volonté, car « l'homme préfère le néant à ne rien vouloir ».

Dieu mort, la fameusequestion de Schopenhauer: « L'existence a-t-elle un sens ? », prend toute sa force.

Et il insensé, dans « Le Gaisavoir », de s'écrier: «Comment avons-nous pu vider la mer ? Qui nous a donné l'éponge pour effacer l'horizon toutentier ? Qu'avons-nous fait, à désenchaîner cette terre de son soleil ? »La mort de Dieu, c'est la disparition de la « mer » et du « soleil », de l'horizon tout entier.

Et en ce siècle de « vide »ou de « néant infini », toute l'ingéniosité des hommes consiste à découvrir l'ivresse dans la musique, l'enthousiasmeaveugle pour des hommes singuliers ou des événements ; ou bien, plus modestement, dans le travail sans relâche, le. »

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