Devoir de Philosophie

l'absence d'unanimité empêche-t-elle la philosophie de prétendre dire la vérité ?

Publié le 12/03/2005

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PHILOSOPHIE (gr. philo, désirer; sophia, savoir) Étymologiquement, « amour de la sagesse «. Cependant, la sagesse n'étant qu'un art de vivre, la définition commune de la philosophie comme sagesse" est critiquable. En effet, sophia désigne en fait moins un savoir empirique adapté à la conduite de la vie qu'un savoir abstrait. En ce sens, la philosophie est essentiellement élévation de la pensée, théoria, contemplation. Cependant, comme l'indique l'allégorie de la caverne de Platon, le philosophe ne quitte le monde sensible que pour y redescendre, puisqu'il lui revient de gouverner la cité idéale. S'il s'agit de s'exercer à l'abstraction, il faut ne pas s'y perdre. Or, si la philosophie ancienne reste encore marquée par l'opposition de la contemplation (théoria) et de l'action (praxis"), la philosophie moderne est plutôt soucieuse d'abolir cette distinction, comme le signale le projet cartésien de « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature «. Elle cesse alors d'être un savoir désintéressé pour se mettre au service de la construction d'un monde régi par la science". Du coup, elle risque ou bien de devenir une spécialité comme les autres, ou bien, refusant cette spécialisation, de passer pour une activité dilettante réservée à quelques dandys de la pensée. Telle est l'aporie du philosophe contemporain : rester un généraliste sans sombrer dans l'insignifiance. Dès lors, pour éviter ce piège, la philosophie doit affirmer son sérieux par la prudence d'un jugement née de l'accumulation du savoir. Elle devient ainsi histoire de la philosophie, non pas connaissance érudite des doctrines, mais plutôt éveil de la pensée à elle-même à partir de ce qu'ont pensé les autres. Le développement de la philosophie peut alors se comprendre comme celui de la vérité à travers les différents moments nécessaires à son déploiement. Cette définition dialectique, proposée par Hegel, permet de saisir la nécessité rationnelle qui gouverne l'histoire de la philosophie : le philosophe est fils de son temps, et comme ceux d'hier, il lui revient de répondre aux besoins de son époque. La philosophie ne se réduit donc pas à ses oeuvres qui sont comme les tombeaux de la philosophie passée : elle est essentiellement vivante dans l'activité présente de penser, qu'exprime magnifiquement tout enseignement où le maître, à la manière de Socrate, requiert la participation du disciple.

VÉRITÉ FORMELLE

Cohérence. Validité logique d'un raisonnement considéré abstraction faite de la vérité matérielle des propositions qui le composent. Ainsi, un raisonnement peut être cohérent dans la forme (vrai formellement) malgré la fausseté matérielle d'une ou plusieurs de ses propositions. Par ex., le syllogisme suivant : « Tous les Chinois sont français, or je suis chinois, donc je suis français. « La logique formelle contemporaine exprime en langage d'implication ce que nous voulons dire lorsque nous affirmons que la validité d'une inférence est indépendante de son contenu : si tout f est g et si tout x est f, alors tout x est g. La vérité formelle est donc l'absence de contradiction, l'accord de la pensée avec elle-même.

VÉRITÉ MATÉRIELLE

Celle qui consiste dans l'accord de la pensée avec l'Expérience . A distinguer de vérité formelle; ainsi, le syllogisme : « Tous les Français sont européens, or je suis européen, donc je suis français « ne comporte que des propositions vraies matériellement, mais est faux formellement.

 Dans la Grèce antique, une très grande majorité de citoyens, pour ne pas dire la quasi-unanimité d’entre eux, croyait que les esclaves n’étaient pas des hommes mais uniquement des animaux ou des outils leur servant de moyen pour assurer les tâches quotidiennes. Avaient-ils raison, parce qu’ils étaient nombreux à penser ainsi ?

   L’unanimité est-elle un critère de vérité ?

   Tout dépend sur quoi se fonde l’unanimité, comment on y aboutit : sur quoi repose l’accord ? Le critère de vérité dépend-il du nombre de personnes ? Ne faut-il pas distinguer un idéal d’unanimité susceptible « idéalement « de fonder une vérité universelle, et la réalité des connaissances humaines, toujours partielles et troublées par les intérêts et les passions ?

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« - Comme tente de le montrer Platon dans La République , seule une partie des citoyens peut pratiquer les sciences et la philosophie ; les autres se consacrent à des activités commerciales ou artisanales, mais demeurentloin de la vérité. - L'idéal démocratique et républicain actuel, issu du siècle des Lumières (XVIII° siècle) voudrait pourtant que chacun accède à la vérité quelles que soient ses origines. 2.

Accord perturbé par les passions et les intérêts communs. - La recherche de la vérité et l'usage de la raison sont néanmoins perturbés par les intérêts et les passions : par exemple, l'ambitieux aveuglé par sa soif de pouvoir et d'argent, l'amoureux aveuglé par ses sentiments. - En fonction de nos intérêts immédiats, de nos préférences, de la puissance de notre imagination … nous finissons souvent par errer et nous éloigner de la vérité. - Spinoza, Traité théologico-politique , préface : « Souvent réduits à une extrêmité telle qu'ils ne savent plus que résoudre (décider), et condamnés, par leur désir sans mesure des biens incertains de fortune, à flotter presque sansrépit entre l'espérance et la crainte, ils ont très naturellement l'âme encline à la plus extrême crédulité.

» 2.

Diversité humaine et indispensable pluralisme. - Puisque tous les hommes ne sont pas aussi raisonnables et méthodiques, qu'ils ne font pas tous des efforts, on ne trouve jamais l'unanimité, surtout sur les questions difficiles : morale, politique, art, religion. - Or, personne ne peut affirmer avec certitude qui est détenteur de la vérité et qui est aveuglé par ses intérêts et ses passions ; le risque est alors que ceux qui sont aveugles imposent leurs idées fausses aux autres. - D'où l'intérêt du pluralisme démocratique en politique (existence de plusieurs partis) et de la liberté d'expression, l'unanimité en ces domaines bénéficiant toujours à ceux qui veulent dominer et oppresser le peuple. - Spinoza, Traité …, chapitre XX : « il faut nécessairement accorder aux hommes la liberté du jugement et les gouverner de telle sorte que, professant ouvertement des opinions diverses et opposées, ils vivent cependant dansla concorde.

» - Dans le cadre de lois communes à tous, qui représentent un accord unanime sur les règles de vie en commun, la liberté d'expression est essentielle pour que chacun ait les moyens de rencontrer un jour les bons outils quipourront le mener à la découverte de la vérité. Conclusion. - L'unanimité n'est donc pas en elle-même un critère de vérité. - Dans le cadre politique, on peut même craindre qu'elle soit un critère de manipulation et d'asservissement. - Cela ne veut pas non plus dire que chacun devrait avoir « sa vérité » puisque la vérité est unique, universelle et nécessaire, indépendante de nos désirs et de nos illusions. - Cependant, comme l'accès à la vérité est difficile, les hommes en sont plus ou moins éloignés : c'est ce qui fait qu'ils sont en désaccord plus ou moins grands les uns avec les autres. - Parfois, c'est une même majorité d'individus qui sont dans l'erreur, ce qui pose bien des problèmes dans un régime démocratique alors même qu'un autre régime serait probablement encorepire.. »

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