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Le bonheur consiste-t-il à pouvoir consommer toujours plus ?

Publié le 25/09/2012

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« C’est en vain qu’on cherche au loin son bonheur quand on néglige de le cultiver en soi-même «, avec cette citation de Rousseau, on approche d’une question qui tourmente l’homme depuis fort longtemps : où réside le bonheur ? Comment puis-je l’atteindre ?
Alors que la société contemporaine, dans laquelle nous Occidentaux vivons, nous assure qu’il se trouve dans une consommation effrénée, dans l’accumulation toujours plus croissante de biens, en fait dans une aliénation à l’avoir, Rousseau nous suggère ceci : et si le bonheur se trouvait dans l’être ? Être ou Avoir ? Travail sur soi ou consommation ? Autant de dualismes qui nous invitent à redéfinir le bonheur.
Le bonheur est un état d’harmonie, harmonie avec soi-même, sinon avec les autres, mais dans tous cas dans la joie. Beaucoup de doctrines se sont affrontées et s’affrontent encore quant à la définition du bonheur : absence de douleur pour les stoïciens et les épicuriens, plein exercice de nos vertus pour Kant, …ou bien même pour certains comme Freud, le bonheur ne serait en fait qu’une illusion humaine. Ainsi où situer la « consommation « : permet-elle d’accéder à l’ataraxie ? L’acte de « consommer « est-il une vertu ? 

« CUNY Jérémy ; TS2 10/01/2012 La société dans laquelle nous vivons aujourd’hui nous incite à penser que le bonheur serait relatif à une certaine « chance », tout en se résumant aux plaisirs, c’est-à-dire en la satisfaction de nos désirs matérialistes.

Etymologiquement le mot « bonheur » signifie la « bonne augure ; la bonne chance ».

Ainsi on considère l’homme riche comme chanceux parce qu’il peut en effet satisfaire tous ses désirs.

Qui ne s’est effectivement jamais imaginé à la place d’un de ces « gens du monde », qui inondés d’argent, peuvent se faire des plaisirs sans limites ? Dans notre société industrielle le bonheur est devenu synonyme de réussite lorsque progressivement le bonheur tel que la religion le définissait (c’est-à- dire davantage tourné vers le monde être-que nous verrons plus loin) a laissé place à la définition qu’en donnait la société industrielle.

Celle-ci n’est en fait rien d’autre qu’une société de production de biens, répondant à une logique capitaliste.

Par-là, la réussite que nous avons évoqué, se caractérise parce que l’on a ou ce que l’on peut avoir, puisqu’effectivement la donne a changé est désormais l’ « on est ce que l’on a ».

C’est ainsi que posséder de l’argent est considéré comme une circonstance favorable car finalement, qui peut jouir d’assez d’argent pour s’offrir l’ensemble de ses désirs ? Si peu de monde qu’avoir de l’argent est devenu une aubaine dont tout le monde veut se saisir.

Ce lien qui semble indéfectible entre la chance et le bonheur est d’autant plus manifeste dans les langues occidentales, où il n’est désormais plus anodin de trouver dans un dictionnaire des synonymes le mot « chance » comme substitutif possible au mot « bonheur », dans cette optique, en allemand par exemple « Glück » veut à la fois dire « bonheur » et « chance ».

« Vous avez de l’argent ? Peu importe la quantité [a fortiori il y a les crédits], dépensez-le » : c’est en résumé le message publicitaire contemporain auquel nous avons droit entre deux avertissements de santé publique du gouvernement.

Dans toute société matérialiste digne de ce nom, il est en effet important de faire comprendre, inconsciemment, aux masses populaires, que le bonheur est dans l’accumulation des biens.

Vêtements, voitures, bijoux,… autant d’éléments associés aux plaisirs et qui sont mis à notre disposition dans notre culture de l’abondance.

L’effacement de la religion en Europe, celle-là qui promettait une vie de bonheur après la mort, a rappelé aux hommes la brièveté de la vie et ainsi à quel point ils avaient si peu de temps pour être heureux.

La consommation a donc été un relais de petits plaisirs, de « bonhommes-instants » comme les nomment Boris Cyrulnik.

En achetant et en accumulant, on a l’impression d’avoir à portée de mains le bonheur, d’ « être » à travers notre « avoir », le bonheur est ainsi devenu une plaque tournante de la consommation et de notre économie.

Il faut en effet produire ces biens pour pouvoir les acheter, et il faut les acheter pour avoir de la croissance, la croissance qui est indispensable pour produire : quel beau cycle, vertueux pour certains et vicieux pour d’autres.

Cette conception du bonheur par la succession de plaisirs, conduit les hédonistes radicaux, à l’image de Michel Onfray, à satisfaire les désirs qu’offre la société contemporaine pour produire différents degrés de « surexcitation, mais qui ne sont pas générateurs de joie [ce qui rend] nécessaire la quête de plaisirs toujours plus neuf, toujours plus excitants» (Erich Fromm, Avoir ou Être ).

Ces recherches successives de plaisirs nouveaux ne conduisent donc nullement au bonheur, sinon simplement à toujours plus stimuler les désirs et les envies.

Le bonheur est donc dépendant de la possession d’argent, qui est vu dans notre société comme une chance d’accéder au bonheur, quelque chose donc d’enviable.

Ainsi le bonheur est devenu un objet de consommation –sans aucun doute essentiel, un élément charnier du système économique, s’intégrant parfaitement dans notre société matérialiste. 2 Le bonheur consiste-t-il à pouvoir consommer toujours plus ?. »

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