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Le cours de l'histoire est-il prévisible ?

Publié le 30/07/2005

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histoire

Lorsque nous disons d’une chose qu’elle est prévisible, nous affirmons qu’il est possible de se représenter à l’avance ce qui doit arriver. Cette prévision peut se fonder soit sur la nature même de la chose envisagée, qui semble faire signe vers ce qu’elle va devenir ; ou s’appuyer sur la considération d’évènements antérieurs et de nature comparable, dont l’exemple nous permet d’anticiper ce qui va arriver.

A première vue, si nous posons la question « le cours de l’histoire est-il prévisible ? « il peut nous sembler que non, en raison de la nature même de l’histoire. En effet, l’histoire peut nous paraitre comme le domaine où la violence des hommes se donne libre cours de sorte que toute préconception de ce qu’elle va devenir est rigoureusement impossible. Mais l’histoire est également régie par le hasard, de sorte que les évènements historiques ne sont jamais produits consciemment par les hommes. Cependant, l’une des grandes taches de l’histoire a longtemps été de déterminer si le cours de l’histoire ne serait pas souterrainement guidé par une force, de sorte que derrière le hasard qui préside aux évènements- du moins en apparence- il ne serait pas possible de distinguer une règle, une loi, enfin une organisation rationnelle. C’est précisément la Raison que le philosophe  Hegel voyait à l’œuvre dans l’Histoire qui nous permettra de dire de celle-ci qu’elle est prévisible. Mais lorsque quelque chose est prévisible, elle l’est très souvent en raison de précédents qui lui sont comparables : c’est parce qu’un exemple passé est proche d’une situation présente que nous pouvons inférer les évolutions de celle-ci. Nous nous demanderons donc si le cours de l’histoire ne serait pas prévisible en raison des précédents que la connaissance historique nous permet de connaitre, conformément à ce que Berthold Brecht disait : « L’homme est condamné à revivre ce qu’il a oublié «.

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si le cours de l’histoire est chaotique, ou s’il ne peut se prévoir en raison d’une rationalité qui l’organise ou des exemples fournis par des précédents.  

histoire

« c'est dans leur jeu changeant que se manifeste la loi générale.

De tout ce qui se produit, rien ne se produit en tantque but conscient, voulu.

Par contre, dans l'histoire de la société, ceux qui agissent sont exclusivement deshommes doués de conscience, agissant avec réflexion ou avec passion et poursuivant des buts déterminés ; rienne se produit sans dessein conscient, sans fin voulue.

Mais cette différence, quelle que soit son importance pourl'investigation historique, surtout d'époques et d'événements pris isolément, ne peut rien changer au fait que lecours de l'histoire est sous l'empire de lois générales internes.

Car, ici aussi, malgré les buts consciemmentpoursuivis par tous les individus, c'est le hasard qui, d'une façon générale, règne en apparence à la surface.

[...]Les buts des actions sont voulus, mais les résultats que donnent réelle ment ces actions ne le sont pas, ou s'ilssemblent, au début, correspondre malgré tout au but poursuivi, ils ont finalement des conséquences tout autresque celles qui ont été voulues.

Ainsi les événements historiques seraient en gros également dominés par lehasard.

Mais partout où le hasard semble jouer à la surface, il est toujours sous l'empire de lois internes cachées,et il ne s'agit que de les découvrir.

Les hommes font heur histoire, quelque tournure qu'elle prenne, en poursuivantchacun leurs fins propres, consciemment voulues, et c'est précisément la résultante de ces nombreuses volontésagissant dans des directions différentes et de leurs répercussions variées sur le monde extérieur qui constituel'histoire." F.

ENGELS, Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, 1886.

Que pouvons-nous tirer de ce texte ? L'idée que le cours de l'histoire est imprévisible.

En effet, l'histoire est produitepar les hommes qui sont les sujets conscients de leur agir ; mais les conséquences de leurs actes conscients sontquant à elles imprévisibles.

Certes, Engels avance la possibilité d'une prévision du cours de l'histoire, que rendraitpossible la prise en compte de l'ensemble des actions des hommes, avec une attention marquée à leur entrée enconnexion qui produit à leur tour des effets.

Mais une telle entreprise nécessiterait une intelligence prodigieuse queseul un esprit tout puissant pourrait avoir, puisqu'il ne s'agit de rien de moins que de tout connaitre et de toutmettre en rapport pour deviner la production d'effets par toutes les causes du monde enchevêtrées entre elles.

Ilrésulte de ceci que si l'histoire obéit bel et bien à des règles et des motifs conscients, son cours reste imprévisibleen raison de l'interaction des chaines de causalité, trop nombreuses pour être saisies par un seul esprit.

L'exempledu Marxisme prouve bien l'imprévisibilité du cours de l'histoire : les thèses de Marx n'ont nullement eu les effetsqu'elles souhaitaient avoir, puisqu'elles ont été détournées et modifiées de manière inattendue par ses épigones, àcommencer par Lénine. II.

Le cours de l'histoire est prévisible grâce à l'organisation rationnelle qui y préside a.

« L'Histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté » (Hegel) Cependant, nous ne pouvons nous poser la question « le cours de l'histoire est-il prévisible ? » sans nous interrogersur la possibilité de l'existence d'un sujet conscient qui en organiserait l'évolution.

En effet, n'est-il pas possible dedistinguer un sujet de l'histoire dont les actions pourraient être prévisibles car orientées vers une fin ? Le terme« sujet » désigne l'être pensant, agissant, qui s'exprime par ses actes et a conscience de lui-même.

Quant au terme« histoire » il est également polysémique puisqu'il ne désigne pas seulement la discipline historique, mais la continuitétemporelle.

A ce titre, nous pouvons nous demander s'il n'y a pas une entité, concrète ou non, qui réalise l'histoire,qui la fait advenir sciemment et donc de manière prévisible.

Telle est précisément la thèse défendue par Hegel, pourqui l'histoire obéit à une rationalité.

Celle-ci peut-être considérée comme un développement linéaire, organisé, qui nese produit pas au hasard et selon la contingence des circonstances, mais, au contraire, qui obéit à un plan quel'entreprise philosophique a pour tâche de comprendre, de saisir, d'identifier.

Telle est la thèse fameuse défenduepar Hegel dans La raison dans l'Histoire (1822) : « Dieu gouverne le monde, le contenu de son gouvernement, l'accomplissement de son plan, est l'histoireuniverselle.

Saisir ce plan, voilà la tâche de la philosophie de l'histoire, et celle-ci présuppose que l'Idéal se réalise,que seul ce qui est conforme à l'idée est réel.

A la pure lumière de cette Idée divine, laquelle n'est pas un simpleidéal, s'évanouit l'apparence que le monde est un devenir insensé.

La philosophie veut connaître le contenu, laréalité de l'idée divine, et justifier la réalité méprisée ». b.

Le cours de l'histoire est prévisible dans son ensemble et non dans le détail grâce à son organisation rationnelle A la lumière de cette thèse, nous pouvons répondre à la question qui nous occupe : le cours de l'histoire est bienprévisible, dans la mesure où l'histoire obéit à cette entité abstraite qu'est la raison, réalisant progressivement la. »

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