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Le désir fait il la grandeur de l'homme?

Publié le 06/03/2005

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C'est au contraire parce que nous la désirons que nous la jugeons bonne. Telle est la thèse que l'on doit tirer de Ethique, Troisième partie proposition 6. Selon Spinoza le désir exprime le conatus c'est-à-dire l'effort pour persévérer dans l'être, qui définit l'essence de toute chose : ce que toute chose doit réaliser afin de s'accomplir. Or, le conatus  n'est pas spontanément rationnel, il peut aliéner (égarer) l'homme dans des représentations délitantes et illusoires qui expriment certes le conatus mais mutilé et réduit en puissance. A cet égard la connaissance du bien ne se révèle pas sous la forme d'une prescription morale qui nous empêche d'agir à cause de la dissociation qu'elle nous impose entre raison et passion, mais elle s'identifie complètement à la recherche de ce que nous savons être nécessaire à la conservation et à l'affirmation de notre puissance. La libération résulte d'une connaissance et non d'un refoulement du désir, essence de l'homme. « Etre cause adéquate de soi » pour Spinoza c'est parvenir à la pleine maîtrise de soi qui ne peut se réaliser sans la connaissance de soi.  Il n'y a donc pas lieu pour Spinoza de rejeter le désir, il faut plutôt connaître les causes qui nous conduisent à désirer et s'en rendre maître. Ainsi la joie désigne le passage d'une perfection moindre à une perfection plus grande. Tandis que la tristesse est le passage d'une plus grande perfection à une moindre perfection.

 

Le désir est ambivalent, il est à la fois la marque de notre impuissance, de notre manque et le signe de notre grandeur, puisque c’est le désir qui suscite notre quête de l’infini. Il est à l’image de l’amour décrit par Platon dans le Banquet, mystérieusement situé entre le plein et l’indigence. Il est la marque de la subjectivité, et toute satisfaction est alors une victoire du moi, qui s’exprime et agit à travers ses désirs et grâce à eux. Le désir est également un obstacle dont la volonté doit triompher, la force aveugle ou la tentation à laquelle la raison doit résister. Et on peut être tenté d’affirmer que est dans cette résistance que la subjectivité se manifeste.

L’homme entretient avec le désir des rapports contradictoires. L’ascétisme, par exemple, figure l’idéal d’une humanité enfin délivrée du désir, et nous rappelle que si l’homme est attaché à ses désirs comme à l’expression de sa vie même, il est tout aussi pressé de s’en débarrasser et peut-être habité, par le plus paradoxal d’entre eux : c’est-à-dire la mort du désir.

Si on peut être tout autant pressé de se débarrasser du désir, c’est qu’il n’est pas toujours source de joie, qu’il marque souvent notre faiblesse à nous maîtriser nous-mêmes, et qu’en somme il n’est pas le fait de notre grandeur. Et pourtant qui ne pourrait soutenir Rousseau lorsqu’il affirme : « Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on est heureux qu’avant d’être heureux (…) on ne se figure point ce qu’on possède ; l’illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité et tel est le néant des choses humaines, qu’hors l’Etre existant par lui-même, il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas. «, Rousseau, La nouvelle Héloïse.

Ne faut-il pas pour sortir de cette aporie distinguer différentes sortes de désirs. Ceux qui nous rendent à nous-mêmes, et ceux qui nous égarent ? Ceux qui sont à mêmes de nous rendre maîtres de nous-mêmes, et ceux qui nous font perdre de notre puissance d’agir ?

 

« chose parce que nous la jugeons bonne.

C'est au contraire parce que nous la désirons que nous la jugeons bonne.Telle est la thèse que l'on doit tirer de Ethique , Troisième partie proposition 6. Selon Spinoza le désir exprime le conatus c'est-à-dire l'effort pour persévérer dans l'être, qui définit l'essence de toute chose : ce que toute chose doit réaliser afin de s'accomplir.

Or, le conatus n'est pas spontanément rationnel, il peut aliéner (égarer) l'homme dans des représentations délitantes et illusoires qui expriment certes le conatus mais mutilé et réduit en puissance.A cet égard la connaissance du bien ne se révèle pas sous la forme d'une prescription morale qui nous empêched'agir à cause de la dissociation qu'elle nous impose entre raison et passion, mais elle s'identifie complètement à larecherche de ce que nous savons être nécessaire à la conservation et à l'affirmation de notre puissance.

Lalibération résulte d'une connaissance et non d'un refoulement du désir, essence de l'homme.

« Etre cause adéquatede soi » pour Spinoza c'est parvenir à la pleine maîtrise de soi qui ne peut se réaliser sans la connaissance de soi.

Iln'y a donc pas lieu pour Spinoza de rejeter le désir, il faut plutôt connaître les causes qui nous conduisent à désireret s'en rendre maître.Ainsi la joie désigne le passage d'une perfection moindre à une perfection plus grande.

Tandis que la tristesse est lepassage d'une plus grande perfection à une moindre perfection.

Les désirs qui produisent en l'occurrence la tristessesont ceux qui comme l'avarice ou l'ignorance admettent des causes extérieures et produisent inconstance etimpuissance en l'homme au contraire la fermeté qui est un « Désir par lequel un individu s'efforce de se conserver envertu du seul commandement de la Raison » Ethique , livre 4, proposition 59, scolie) engendre la joie.

Ce à quoi nous enjoint Spinoza de faire est de réaliser notre nature, de l'accomplir au plus haut sens du terme.

Mais cela ne peuts'effectuer que si nous persévérons dans notre être et que nous accomplissons le désir de puissance commeexpression de la vie même.

Spinoza parvient ainsi sans préconiser l'intempérance à concilier : désir et vertu.

Tousles désirs ne sont pas pour autant signe de notre puissance d'agir.

Seuls les désirs dont nous sommes causesadéquates mènent à la vertu et donc au bonheur. Conclusion -Si nous désirons, écrivait Platon dans le Banquet , c'est que nous manquons de quelque chose, nous nous désirons toujours quelque chose que nous n'avons pas.

En cela le désir est signe de notre défaillance.

Le désir semble malgrétout se maintenir dans une dialectique entre le trop et le manque.

C'est exactement la situation de l'amour, tel quele décrit Platon.

En effet : « Etant fils de Poros et de Pénia, l'Amour en a reçu certains caractères en partage.D'abord il est toujours pauvre, et loin d'être délicat et beau comme on se l'imagine généralement, il est dur sec, sans souliers, sans domicile ; sans avoir jamais d'autre lit que la terre, sans couverture, il dort en plein air, près desportes et dans les rues ; il tient de sa mère, et l'indigence est son éternelle compagne.

D'un autre côté, suivant lenaturel de son père, il est toujours à la piste de ce qui est beau et bon ; il est brave, résolu, ardent, excellentchasseur, artisan de ruses toujours nouvelles, amateur de science, pleins de ressources, passant sa vie àphilosopher, habile sorcier, magicien et sophiste.(…tantôt il est florissant et plein de vie, tant qu'il est dansl'abondance, tantôt il meurt, puis renaît grâce au naturel qu'il tient de son père », Platon, Banquet . -Pour autant le désir peut devenir une force pour celui qui le domine, le tout est donc de bien désirer et de fairenécessité vertu.- Ne peut-on pas aller plus loin en affirmant que le désir est en lui-même signe de notre grandeur, car expressionmême de notre puissance d'agir ? Autant dire comme le suggère notre troisième partie que l'homme doit développerses désirs pour que s'exprime sa puissance, les désirs ne sont pas une entrave à notre accomplissement.. »

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