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« Le fait que l’homme ait une histoire prouve-t-il qu’il est libre ? »

Publié le 17/04/2011

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Dans le Discours sur l’origine des inégalités parmi les hommes, Jean-Jacques Rousseau nous propose son anthropologie. Il lui a fallu pour cela étudier l’évolution humaine : de ce qu’il appelle « état de nature « à nos jours (fin du XVII° siècle). Rousseau a cherché à savoir ce qu’était l’homme pour expliquer ce qu’il est devenu, il lui a donc fallu se questionner sur les raisons de l’évolution humaine, et notamment sur le rapport entre évolution et liberté.

L’histoire de l’homme est un fait, mais il s’agit ici de savoir si elle est la manifestation de la liberté humaine ou non. Tout d’abord il nous faut définir l’histoire au sens où l’entends Rousseau. Précisons avant tout qu’ici « homme « signifie humanité, et qu’histoire et à prendre au sens de l’évolution globale de cette humanité. L’histoire résulte du domaine moral, qui est un changement fréquent des règles et des idées. La nature qui est immuable et ordonnée ne peut avoir d’histoire, c’est pourquoi l’homme, qui n’a eu de cesse de s’éloigner de cette nature, a lui, une histoire. Par ailleurs, Rousseau définit la liberté comme une absence d’instinct, c’est-à-dire de règles et de repères innés, et donc comme un éloignement de ce qu’il appelle « Etat de nature «.Pour lui la liberté n’est pas l’acte de se causer soi-même (libre-arbitre exclu donc), mais c’est les règles que l’on est obligé de se donner quand la nature se tait. Demandons-nous donc si l’histoire est la manifestation de cette liberté, ou si elle n’est au contraire que la manifestation d’une aliénation ?

Nous nous demanderons donc si selon Rousseau, le fait que l’homme a une histoire prouve qu’il est libre. En effet : en quoi l’histoire de l’homme pourrait témoigner de sa liberté ? Et si cette histoire ne prouve pas l’existence de sa liberté, que peut-elle prouver d’autre si ce n’est qu’une aliénation ? Mais alors, de quelle aliénation s’agit-il ?

Dans un premier temps, nous verrons en quoi le commencement de l’histoire de l’homme peut être l’expression de sa liberté, puis nous nous demanderons en quoi cette liberté a pu être la cause d’une dépendance matérielle et sociale.

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« se suffisant à lui-même ».

L'autolimitation naturelle des désirs rendait l'homme plus libre et plus indépendant etcapable de réaliser ses besoins par lui-même. La liberté nous apparait donc pour l'instant comme un état. Deuxièmement, la nature n'a pas fait don à l'homme de repères et d'instinct, contrairement aux animaux, mais par imitation de ces instincts, il peut tous se les approprier.

Autrement dit l'homme naît contraint à la liberté, ce quile pousse à se créer ses propres règles (autonomie) et à n'en subir aucune venant d'un autre que lui (ce qui seraitalors de l'hétéronomie).

Il ne dispose d'aucune conscience morale et n'est tourmenté par aucune passion.

La seulechose qu'il éprouve en plus de l'amour de soi est la pitié (sentiments qui définissent l'homme en tant qu'êtresensible).

L'homme ne cherche donc pas dans cet Etat de Nature, à entrer en contact avec autrui, tant que celui-cin'est pas un obstacle à sa survie.

Par ailleurs, le domicile de l'homme est la nature entière, il ne dispose d'aucuneattache particulière.

Il n'est soumis à aucune loi.

Comme nous l'avons vu, seule lui importe sa survie.

Il jouitsimplement du sentiment de son existence dans le présent. Mais pour augmenter ses chances de survie, l'homme en vient à créer outils et vêtements : il apprend peu à peu comment échapper aux déterminismes naturels que sont le froid, l'obscurité, le feu -qu'il apprend d'ailleurs àconserver.

Il fabrique autant de choses qui lui permettent de ne plus être sujet à ce qui pourrait lui nuire.

Il établitmême ses premiers contacts avec ses semblables pour la chasse, ce qui la rend plus efficace.

Ces découvertestechniques relèvent de la capacité qu'a l'homme de se perfectionner, ce que Rousseau appelle la perfectibilité.

Maiscette perfectibilité ne se déploie que selon les circonstances, l'homme n'est donc pas à l'origine même de sonévolution, il ne la choisit pas directement.

Cette perfectibilité lui permet cependant d'échapper au statisme,contrairement à l'animal qui lui est « au bout de quelques mois ce qu'il sera toute sa vie » (première partie dusecond Discours).

Seulement elle est l'élément qui peu à peu tire l'homme de cet Etat de nature.

Nous pouvons doncaffirmer que la liberté, au lieu d'être un état, est un véritable processus. Le début de l'histoire (ou ce qui peut même apparaitre comme un état « ante historique ») de l'homme peut donc nous apparaitre comme un état où celui-ci disposait d'une certaine forme de liberté : il vit en lui-même et pour lui-même.

Cependant, l'homme voit peu à peu ses besoins croitre, en même temps que ses capacités.

Nous pouvonsdonc nous demander si cela ne va pas le pousser à exiger plus que la simple satisfaction de besoins vitaux, et si sonévolution restera une preuve de sa liberté ou non. En effet, l'accroissement progressif des moyens entraine peu à peu une augmentation des désirs. L'homme voit se transformer ses besoins en Passions, en désirs, qui contribuent au développement de sonentendement, car comme le dit Rousseau : « nous ne cherchons à connaitre que parce que nous désirons de jouir ».L'homme, par ses désirs, développe des connaissances et entretien ainsi de plus en plus ce qui l'éloignerairrémédiablement de son Etat naturel : la raison.

Ces passions poussent l'homme à l'éloignement de son état naturel,mais sont-elles véritablement une aliénation ? Oui, elles le sont, car elles contraignent l'homme à satisfaire desdésirs qui ne cesseront de croitre. Dans le Discours sur les Sciences et les Arts , Rousseau considère deux éléments : les sciences et les arts, qui pour lui auraient corrompu les mœurs au lieu de les épurer et entraîné la décadence de l'homme.

La scienceaurait causé oisiveté et amoralité (nous détournant des questions essentielles) et les arts seraient la cause du luxeet de la corruption. C'est ainsi que l'homme finira par s'habituer à un confort superficiel, au point de ne plus pouvoir vivre sans.

Et même s'il cherche à s'en libérer en tentant un retour à l'état naturel, il lui faudra se départir de tout ce qu'il aura puacquérir d'artificiel depuis, et il devra notamment se départir de sa raison. A trop vouloir se libérer, l'homme est devenu dépendant.

C'est le hasard et la perfectibilité qui le poussent petit à petit à la corruption. Mais tous ces nouveaux besoins, l'homme peut-il les satisfaire seul ? Quelle place occupe désormais autrui dans son existence ?. »

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