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Le sage travaille à son bonheur mais observe à l'égard de son existence l'attitude d'un spectateur que le destin des personnages de la pièce ne peut affecter

Publié le 26/03/2015

Extrait du document

Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée.

Mais il me semble que la différence qui est entre les plus grandes âmes et celles qui sont basses et vulgaires, consiste, principalement, en ce que les âmes vulgaires se laissent aller à leurs passions, et ne sont heu­reuses ou malheureuses, que selon que les choses qui leur survien­nent sont agréables ou déplaisantes ; au lieu que les autres ont des raisonnements si forts et si puissants que, bien qu'elles aient aussi des passions, et même souvent de plus violentes que celles du commun, leur raison demeure néanmoins toujours la maîtresse, et fait que les afflictions même leur servent, et contribuent à la parfaite félicité dont elles jouissent dès cette vie. Car, d'une part, se considérant comme immortelles et capables de recevoir de très grands contentements, puis, d'autre part, considérant qu'elles sont jointes à des corps mor­tels et fragiles, qui sont sujets à beaucoup d'infirmités, et qui ne peu­vent manquer de périr dans peu d'années, elles font bien tout ce qui est en leur pouvoir pour se rendre la fortune favorable en cette vie, mais néanmoins elles l'estiment si peu, au regard de l'éternité, qu'elles n'en considèrent quasi les événements que comme nous faisons ceux des comédies. Et comme les histoires tristes et lamentables, que nous voyons représenter sur un théâtre, nous donnent souvent autant de récréation que les gaies, bien qu'elles tirent des larmes de nos yeux ; ainsi ces plus grandes âmes, dont je parle, ont de la satisfaction, en elles-mêmes, de toutes les choses qui leur arrivent, même les plus fâcheuses et insupportables.

DESCARTES 

Descartes explique ensuite le principe des «raisonnements si forts« de l'homme raisonnable : il s'agit de maintenir la conscience de la distinction réelle entre l'âme et le corps : le caractère fragile et mortel du corps ne saurait affecter la tran­quillité et la satisfaction de l'âme qui se sait immortelle.

 

Dans le droit fil de la tradition stoïcienne, Descartes illustre cette distinction par l'analogie du théâtre. Le sage travaille à son bonheur mais observe à l'égard de son existence l'attitude d'un spectateur que le destin des personnages de la pièce ne peut affecter.

— «Des passions ... plus violentes que celles du commun« : n'est-il pas étonnant d'affirmer que les tempéraments les plus raisonnables éprouvent des passions plus fortes que ceux qui semblent livrés en permanence à toutes sortes de passions ? En fait la sensibilité de ces derniers est émoussée par l'habitude des changements d'humeur, alors que les tempéraments nobles possèdent une conscience plus aiguë et attentive des mouve­ments de leur âme.

« gaires » et les âmes «nobles», les secondes étant libres à l'égard des passions qui égarent les premières.

Or une leaure plus attentive montre que cette comparaison occupe une place assez réduite dans le texte.

Pour s'assurer que l'on a bien saisi la problématique, il est souvent utile de comparer la première et la der­ nière phrase du texte en se demandant par quelle démarche l'auteur est passé de l'une à l'autre.

Ici, la réflexion porte en fait sur la question suivante : comment les âmes nobles (les hommes raisonnables, les sages) (ont-elles pour demeurer heureuses malgré les passions et les malheurs? +' ~é ;-,f.· ·~l- >-::l•: .·+· .

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