Devoir de Philosophie

Les progrès des sciences expérimentales vont-ils à l'encontre de la foi religieuse ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Par leurs objets, leurs démarches, leurs buts ultimes, ces deux approches du monde suivent des axes contraires. Cette contradiction peut se lire dans l'histoire réelle des conflits entre les Églises et le monde scientifique; la fameuse « affaire Galilée » n'en est qu'un épisode spectaculaire.Mais peut-on parler d'une véritable guerre d' « influences » entre religion et sciences ? Peut-on supposer que la première recule en cédant du terrain lorsque les secondes progressent ? Là encore, l'histoire des idées semble corroborer cette idée. Mais les choses sont peut-être moins simples; on remarque par exemple que les espoirs de disparition de la religion fondés par un certain POSITIVISME : Philosophie (fondée par A. COMTE) qui, refusant toute métaphysique, considère que la seule forme valide de connaissance est la connaissance scientifique. positivisme sur le progrès des connaissances ont été déçus. L'existence de savants qui sont également croyants, l'apaisement récent du conflit entre hommes de science et religieux nous incitent à penser que l'antagonisme n'est pas aussi absolu qu'il y paraît.Il faut donc examiner sur quel terrain a lieu l'affrontement, quels sont ses enjeux, ses contenus et, peut-être, ses limites.

Chercher une explication scientifique cad rationnelle de la nature nous amène à rejeter les explications religieuses. Plus la science progresse, plus la foi recule.

« celle-ci prétend, occuper des domaines vierges du savoir.

Dans l'Appendice au livre I de L'Éthique, Spinoza exposetrès clairement la logique de ce mouvement; il montre qu'une certaine foi religieuse est condamnée par le progrèsdes sciences : celle qui avait trouvé refuge en Dieu comme en un « asile de l'ignorance ». « Et il ne faut pas oublier ici que les partisans de cette doctrine, qui ont voulu faire étalage de leur talent en assignantdes fins aux choses, ont, pour prouver leur doctrine, apporté unnouveau mode d'argumentation : la réduction, non à l'impossible,mais à l'ignorance ; ce qui montre qu'il n'y avait aucun autremoyen d'argumenter en faveur de cette doctrine.

Si, par exemple,une pierre est tombée d'un toit sur la tête de quelqu'un et l'a tué,ils démontreront que la pierre est tombée pour tuer l'homme, dela façon suivante : si, en effet, elle n'est pas tombée à cette finpar la volonté de Dieu, comment tant de circonstances ont-ellespu concourir par hasard ? Vous répondrez peut-être que c'estarrivé parce que le vent soufflait et que l'homme passait par là.Mais ils insisteront : pourquoi le vent soufflait-il à ce moment-là ?Pourquoi l'homme passait-il par là à ce même moment ? Si vousrépondez de nouveau que le vent s'est levé parce que la veille,par un temps encore calme, la mer avait commencé à s'agiter, etque l'homme avait été invité par un ami, ils insisteront denouveau, car ils ne sont jamais à court de question : pourquoidonc la mer était-elle agitée ? Pourquoi l'homme a-t-il été invité àce moment-là ? et ils ne cesseront ainsi de vous interroger sur les causes des causes, jusqu'à ce que vous vous soyez réfugié dans la volonté de Dieu, cet asiled'ignorance.

» C'est après avoir exposé sa propre conception de Dieu que Spinoza s'attaque à la compréhension traditionnelle de Dieu comme roi ou seigneur , imposant ses volontés aux hommes.

« La volonté de Dieu , cet asile d'ignorance » écrit-il dans l'appendice au livre 1 de l' « Ethique », entendant montrer que la conception vulgaire de Dieu , non contente d'être anthropomorphique, dégénère en superstition et maintient les hommes dans une ignorance qui profite au pouvoir religieux. Pour Spinoza , Dieu n'est pas une personne, mais il se définit par la formule « Deus sive natura » : « Dieu ou la nature ».

Dieu est la force qui produit la totalité de la nature et des êtres : « il est la cause libre de toutes choses [...] tout est en Dieu et dépend de lui ». Après avoir justifié son concept de Dieu , Spinoza entreprend de réfuter les préjugés des hommes au sujet de la divinité. « Tous ceux que j'entreprends de signaler ici [les fausses opinions] dépendent d'ailleurs d'un seul, consistant en ce que les hommes supposent communément que toutes les choses de la nature agissent comme eux en vued'une fin, et vont jusqu'à tenir pour certain que Dieu lui-même dirige tout vers une certaine fin. » Tous les préjugés des hommes reposent donc sur une conception anthropomorphique de la nature (« Les hommes supposent communément que toutes les choses de la nature agissent comme eux en vue d'une fin »), qui culmine dans l'idée que Dieu agit comme un être humain : il est pourvu d'une volonté et dirige tout selon ses buts et ses fins.

Dès lors tout phénomène naturel sera compris comme s'expliquant par la volonté de Dieu . Il deviendra donc impossible d'expliquer la nature par elle-même : tout phénomène (une maladie par exemple) ne sera pas compris par ses causes naturelles, mais saisi comme manifestation, comme signe de la volonté divine (lacolère de Dieu , qui pour punir les hommes leur envoie la maladie en question). Il vaut la peine de suivre la démonstration de Spinoza .

Celui-ci pose en principe un fait indéniable, celui qui veut que : « Tous les hommes naissent sans aucune connaissance des causes des choses, et que tous ont un appétit de rechercher ce qui leur est utile, et qu'ils en ont conscience. » Nous avons conscience de nos désirs, mais non de leurs causes.

Par suite les hommes croient désirer librement, croient que leurs désirs naissent d'eux-mêmes(comme un ivrogne sous l'emprise de l'alcool croit désirer librement sa bouteille). Or une autre caractéristique des êtres humains est qu'ils agissent toujours dans un but, en poursuivant une fin, une utilité.

Pour les hommes, comprendre la nature, c'est donc rechercher dans quel but telle ou telle choseexiste, quelle est son utilité.

Quand nous regardons un objet, notre première impulsion est de nous demander à quoiil sert, comme si son utilité rendait raison de son existence.

Autrement dit, les hommes ne cherchent pas àcomprendre la cause des phénomènes, ce qui les produit, mais leur fin supposée. C'est la combinaison de ces deux principes, de ces deux attitudes : l'ignorance des causes et la recherche de l'utile, qui va être à l'origine d'une conception fausse et aliénante de la nature et de la divinité. Or, « Comme en outre ils trouvent en eux-mêmes et hors d'eux un grand nombre de moyens contribuant grandement à l'atteinte de l'utile [...] ils en viennent à considérer toutes les choses existant dans la nature comme. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles