L’État, raison d’être de l’individu Hegel

« Textes commentés 45 Pour Hegel, l'État est une réalisation de la raison, laquelle est l'identité de l'identité et de la différence, de l'universel et du parti­ culier.

En effet, dans l'État parvenu à sa vérité, la volonté de l'individu, libérée par la société moderne, et la volonté de la totalité ou communauté, assurée dans la Cité antique, ne font qu'un, sur la base, certes, du primat ontologique du tout, de l'universel, de l'identique à soi.

C'est pourquoi l'État, en tant que rationnel, ne peut être rabaissé à un simple instrument des fins individuelles -ainsi qu'il apparaît dans l'abstraction où se perd la pensée moderne (théorie du contrat social) ; il est, assurément, animé par les volontés individuelles, mais en tant qu'elles se dévouent à lui comme à leur substance même, qui, récipro­ quement, se les attache en promouvant leurs droits de sujets actifs et responsables.

L'éducation, ordonnée au développement de la raison en l'homme, a donc une portée civique fondamentale.

Mais, souligne Hegel, c'est seulement dans l'État que l'homme peut mener une existence rationnelle, qu'il vit rationnellement de façon effective.

D'abord, les autres communautés objectives sont moins rationnelles que l'État : dans la famille, la totalité limite l'individu, dans la société civile (économique), les individus ne forment pas une véritable totalité (concurrences, crises ...

).

C'est donc la totalité réelle de l'État qui les fait être malgré leur non­ être.

Ensuite, les totalités plus rationnelles relevant de l'esprit absolu -ainsi la communauté religieuse -n'ont pas, en leur idéalité, la réalité sensible, effective, de l'État.

Elles ont donc, elles aussi, besoin de lui pour faire vraiment exister ce qui, en elle, le dépasse et le relativise.

C'est par l'État, où elle est objectivement réelle, que la raison peut être aussi réelle pour l'homme en ce qu'elle a d'extra- et supra-étatique.

L'État rationnel, qui sait cela, se fait ainsi le chevalier de la raison.. »