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L'expérience de la beauté passe-t-elle nécessairement par l'oeuvre d'art ?

Publié le 16/07/2004

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- Sens concret : objet du jugement esthétique ; ce qui provoque une émotion esthétique par l'harmonie des formes, l'équilibre des proportions. 3. - (Par ext.) Ce qui suscite une idée de noblesse, de supériorité morale (un beau geste). 4. - Pour KANT, le jugement de goût ne détermine pas son objet en le pensant sous un concept universel, puisqu'il porte toujours sur un cas parti­culier ; c'est un jugement réfléchissant dont l'universalité réside dans l'accord des sujets ; c'est pourquoi le beau est défini comme « ce qui plaît universellement sans concept « ; « la beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle est perçue en lui sans représentation d'une fin. « POUR DÉMARRER L'appréhension immédiate de ce qui est beau, de ce qui suscite en nous spontanément admiration et enthousiasme avant toute réflexion, doit-elle avoir inévitablement pour intermédiaire un ensemble de matériaux et de signes qu'un esprit créateur a organisé pour produire la beauté ? En d'autres termes, ne trouve-t-on le beau que dans l'oeuvre d'art ? Cette restriction paraît excessive et la nature, comme notre vie, semblent contenir une beauté dont nous pouvons faire l'expérience.

Se demander si l'expérience de la beauté passe nécessairement par l'art revient donc à se demander si toute beauté est artistique ou spirituelle, ou bien encore s'il existe des beautés qui ne sont aucunement le produit d'une activité artistique. On pourra penser à des beautés naturelles par exemple.

« Tirer de cette analyse l'idée qui s'en dégage et s'interroger .

L'expérience de la beauté suppose un certain regard, une certaine sensibilité : désintéressée et nourrie d'idées ou d'idéaux.

Une telle sensibilité est-elle vraimentspontanée, directe, naturelle ? Ce qui revient à poser la question : la beauté est-elle naturellement dans la chose,alors il suffirait de l'enregistrer par la perception, ou bien est-elle dans notre manière de voir la chose ? Cesquestions nous amènent à envisager la critique argumentée de l'opinion commune. La sensibilité à la beauté des choses est éduquée.

Deux arguments peuvent être ici utilisés.

D'abord, ledésintéressement n'est pas naturel ; il suppose un détachement par rapport à l'aspect utile des choses et une"distraction" vis-à-vis des besoins.

Seul l'artiste a une âme détachée. Lire : Bergson, Le Rire, chapitre 3. Par ailleurs les idées qui alimentent notre sensibilité relèvent d'une culture et sont donc relatives aux cultures et auxépoques. Donner des exemples . Revenir au sujet.

Cette éducation de la sensibilité ne se fait-elle pas par le contact avec l'oeuvre d'art ? L'artisten'a-t-il pas une fonction spécifique dans cette éducation ? Quelle est cette fonction ? Deux idées peuvent alimenter une réponse.

D'une part, l'artiste, parce qu'il sait percer ce qui est original et singulierdans une chose et ce qui anime la profondeur de notre intériorité, nous révèle à travers son oeuvre la nature etnotre propre nature, et ainsi nous apprend à la voir et contempler. D'autre part, l'artiste incarne une idée dans une matière artificielle et nous permet de la contempler dans la matièrenaturelle.

Ainsi il impose des références qui deviennent critères du beau. Lire : Hegel, Introduction à l'Esthétique. On comprend ainsi cette citation de Klee : "L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible." L'artiste n'est pas une sorte de copiste du réel, se contentant de représenter le monde.

De ce point de vue, nouspouvons jouer sur le verbe " représenter " qui signifie littéralement " présenter deux fois ".

Il ne s'agit pas en effetde se limiter à une imitation du monde.

Si l'art n'était qu'imitation de la nature, il serait alors une activité oiseuse etsuperflue comme le dit Hegel dans l'Esthétique (il ajoute d'ailleurs que l'imitation parfaite de la nature est impossible; l'artiste étant alors semblable à un " ver faisant des efforts pour égaler un éléphant ").

Quelle est alors la valeur dutravail de l'artiste ? C'est une sorte de révélation de ce que nos yeux ne voient pas, ne veulent pas voir ou nevoient plus.

C'est un rapport au réel différent mais peut-être plus authentique et plus parlant.

C'est ce que veut dire" rendre visible " ou " créer le visible ".

Ainsi, l'art fait que nous ne sommes plus dans un rapport utilitaire au mondeet aux choses.

Un rapport utilitaire aux choses qui nous entourent nous conduit à ne saisir le monde que sous uncertain aspect.

L'art nous révèle le monde autrement, nous le dévoile autrement.

C'est dans une telle perspectiveque Heidegger, philosophe allemand du XXème siècle, assimilera l'art à la vérité.

Il ne faut pas alors entendre lanotion de vérité dans son sens logico-mathématique, le terme de vérité renvoie à son sens premier de dévoilement,alèthéia en grec.

Ce n'est donc pas ainsi à partir de la question du beau que le problème de l'art peut être saisi :une œuvre d'art n'est pas nécessairement belle ; ce n'est pas non plus sa fidélité à ce qu'elle représente ou saperfection dans la représentation qui fait une œuvre d'art.

L'œuvre d'art serait ce qui dévoile, ce qui convertit ettransforme notre regard sur le monde en nous le donnant à voir autrement que dans notre rapport quotidien.

Quiprendrait le temps de regarder un fruit par exemple ? Notre préoccupation est de le manger et, comme tel, il estlittéralement invisible, il se dérobe à toute valeur esthétique.

Or, dans la nature morte, nous prenons le temps decontempler ces mêmes choses qui nous laissent indifférents hors de l'œuvre et l'invisible se fait visible, il donne àvoir ce que nos préoccupations immédiatement pratiques nous masquent. Mais cette éducation de la sensibilité se fait-elle consciemment ou inconsciemment ? Il semble plus exact, pour laplupart des cas, de penser qu'elle se fait inconsciemment, par imprégnation diffuse que l'on subit du fait même denotre appartenance à une culture.

Ce qui explique et démonte l'opinion selon laquelle le jugement de goût estspontané et naturel. • Ce qui était en jeu La sensibilité au beau est-elle spontanée ou cultivée ? Quelle est la fonction culturelle de l'artiste. »

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